Ils ne m'ont pas connu Dans les ombres qui absorbent mon teint sur le passeport. Ils exposaient ma déchirure aux touristes, collectionneurs de cartes postales. Ils ne m'ont pas connu. Ne laisse donc pas ma paume sans soleil, Car les arbres me connaissent Toutes les chansons de la pluie me connaissent. Ne me laisse pas aussi pâle que la lune. Tous les oiseaux qui ont poursuivi ma paume A l'entrée de l'aéroport, Tous les champs de blé Toutes les prisons Toutes les tombes blanches Toutes les frontières, Toutes les mains qui s'agitèrent pour l'adieu, Tous les yeux m'accompagnaient Mais ils les ont retirés de mon passeport. Peuvent-ils me dépouiller du nom, de l'appartenance, Dans une glèbe que j'ai élevée de mes propres mains? Jonas a rempli aujourd'hui le ciel de son cri: Ne faites pas encore de moi un exemple! Messieurs, messieurs les prophètes, Ne demandez pas leur nom aux arbres, Ne demandez pas aux vallées leur génitrice! Le glaive de lumière se détache de mon front Et de mes mains jaillit l'eau du fleuve. Tous les cœurs d'hommes sont ma nationalité. Voilà, je vous laisse mon passeport !