Les lumières noyées

         Une à une.

       Des lumières se noient. Sans grand bruit. Avalées par les flots sombres du siècle.

       Certaines lumières résistent. Refusant de sombrer. Elles veulent continuer de briller ? Pas du tout  Elles ont plus d’ambition. Quel est leur objectif ?

    Continuer d’éclairer.

     Qui ?

     Vous.

      Nous.

      D’ici et d’ailleurs.

      Éclairer le monde entier.

       Soudées les unes aux autres. Des digues lumineuses. Elle sont positionnées face à la nuit. Celles sans étoiles. Ni désir d'aube. La nuit carnassière.

       Ses crocs aiguisés depuis des millénaires. Une nuit qui passe et repasse sans cesse sur la planète. Bouffant ici et là des humains. Pas n’importe lesquels.

        Des humains néantisés.

        Plus de nom. Encore moins de surnom donné par une mère ou d’autres proches. Pas de défauts et de qualités. Juste des statistiques sur écrans. Les comptabiliser. Les visages dépouillés de leur histoire unique.

       Certains les nomment vagues. D’autres grands remplacement. Et il y a celles et ceux qui disent nègres ou bougnoules. Bêtise ? Ignorance? Calcul ?

      Les mots sont différents.

        Pas la haine.

      La nuit affiche un large sourire. Ses crocs se réjouissent. Elle sait que l’époque lui est favorable. Des lumières se noient. De plus en plus. Elles abandonnent le terrain à l’ombre. Laissant nombre de cœur et de cerveaux en berne.

      Contrairement aux bannières de l’obscurité. Elles flottent, conquérantes. De plus en plus présentes et bruyantes. Elles flottent sur l’Europe et les États-Unis.

       Mêmes bannières sur toute la planète.

       Les lumières résistantes savent que cette nuit tueuse revient toujours. Ici ou là. Un retour avec de nouveaux masques de haine. Le savoir et détourner la tête ? Elles ne le peuvent pas. La résistance dans l’ADN de ces lumières.

       Contre la nuit rouge de sang humain.

      Les lumières noyées le savent aussi. La plupart ont résisté. Jusqu’à leur dernière lueur. Avant de se laisser submerger. Noyées par la folie humaine. Des lumières usées.

      Plus la force d’éclairer

       Leurs collègues continuent de résister. Des lumières du jeune siècle. En France et partout sur la planète.

      Pourquoi s’entêter à éclairer ?

      Sans doute une question après chaque journée épuisante. À reconquérir les espaces envahis par l’ombre et le néant. Un bref répit avant de reprendre les armes.

      Des poches lumineuses de résistance.

      Continuer la guerre des lumières. Un combat au quotidien. Pour repousser la nuit.

      Et nous sauver de la noyade planétaire.