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Jaloux de certains animateurs détestables. Ce n’est pas une blague. Parfois, je les envie. Comme en ce moment. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent vous parler. Leurs mots arrivent chaque jour dans le creux de vos oreilles. Cheminant jusqu'à votre cerveau et cœur. Contrairement à mes mots et ceux de nombreux autres voulant s'adresser à vous. Deux ou trois petites choses à vous dire. . Peut-être pas de grands mots. Mais sincères. Et aussi vous écouter. Parce que vos mots sont aussi importants que les nôtres. Pourquoi vous ne lirez pas cette lettre ? Parce que je n’ai pas la force de frappe de certains animateurs et animatrices télé. Ces voix qui arrivent à vous atteindre. Et vous toucher.
Des voix que vous écoutez. Et vous avez bien sûr tout à fait le droit. Chacun et chacune libre d’écouter la voix de son choix. Enfin, en théorie. Parce ce que peut-être vous n’avez pas accès à d’autres voix. À cause de quoi ? Ce sont des voix moins bruyantes et sans moyens d’être écoutée par le plus grand nombre. Mais le fond de l'air est urgence en France ; ne restons pas au stade du constat. Même si c’est une bouteille jetée à la toile, je vais m’adresser à vous ce dimanche. Certes, je vous écris de samedi. Nous sommes tant à être déjà à demain.
Pas n’importe quel jour. Celui attribué le plus souvent au repos. En tout cas une baisse de l’activité. Pas en ce dimanche. Le peuple français va s’activer. Avec sa tête et ses mains dans un isoloir. Belle activité en ce jour unique. Parce qu’il y aura un avant et après ce dimanche 30 juin 2024. Quelle place aura-t-il dans les futurs manuels d’histoire ? La question peut se poser. Car, comme tout le monde, vous le savez : notre pays vit un moment de bascule. Vers la lumière ? Du côté de l’ombre ? On le saura dès ce soir. Et de manière plus précise le soir de l’autre dimanche, autre jour unique. Ombre et lumière. Nuit et jour. Pas que des mots pour faire briller son vocabulaire.
Une réalité pour tout le pays. Quel que soit notre choix. Un pays basculant dans l’ombre ? On a déjà connu. Si nous avions pu parler ensemble, vous m’auriez dit : nous ne sommes pas sous la période nazie et mon vote n’est pas un vote facho. Et vous auriez doublement raison. Nous ne sommes pas au siècle dernier. Même s'il y a de nombreuses similitudes. Pur hasard ? Je ne crois pas. L’histoire ce n’est pas un jeu de hasard. Quant à votre vote, il est en effet pas facho. Plus complexe que ça. Bien trop facile d’enfermer une colère nous échappant dans un raccourci. Le déni de dizaines de millions de souffrances.
Dommage de ne pouvoir se rencontrer, car vous m’auriez sans doute éclairci sur votre choix, avec peut-être même « l’intime de votre colère ». Toutefois, j’aimerais vous dire que si votre vote n’est pas facho, nombre de cadres de l’extrême-droite le sont. Pour ne pas dire la majorité. Suffit de regarder les racines de leur partie et pensée. On peut changer et évoluer ? Bien entendu. Mais c’est un très gros boulot. Et visiblement, ce n’est pas du tout le cas. Les racines n’ont pas été coupées. Elles plongent dans les heures très sombres de la France et du monde. L’arbre brun d’aujourd’hui ne cachera pas la forêt de violences. Elles seront officielles. La France, redira-t-elle un jour « plus jamais ça » ?
Plus de colère que de haine. C’est ce que ressens de ce que vous dîtes en ce moment dans les urnes. Pour la majorité d’entre vous, le désir de détruire l’autre n’est pas chevillée à votre corps. Même si vous détestez untel ou unetelle. Rien de plus naturel. Je peux aussi détester certains d’entre vous. Aimer l’autre n’est pas une obligation. Le haïr non plus. Encore moins le blesser ou le tuer. Quelle est donc votre colère. On sent une demande de respect. Et de dignité. D’avoir accès réellement à trois mots. Liberté Égalité Fraternité. Un trio de mots au fronton de votre école maternelle. Vous aimeriez qu'ils continuent de vous accompagner. Pour la faire courte : vivre libre et égaux.
La liberté, c’est plus ou moins acquis. Il y a bien pire qu’en France. Même si notre pays est perfectible. Cela dit, certains s’inquiètent pour les libertés individuelles, et à raison. Suffit de voir comment a été accueillie « la colère jaune ». Des mains et des yeux à jamais perdus. Ne nous égarons pas et revenons à ce qu'est votre désir profond. La même vie pour vous, vos enfants si vous en avez, que les « vus à la télé ». Rien de plus, rien de moins.Parmi ces enviés, nombre d’artistes. Souvent s’exprimant dans des médias dits de gauche.
Des gens avec une « vie sympathique » parlant de vous. Le plus souvent avec bienveillance et sincère inquiétude de votre sort. Sans jamais votre présence en plateau. Que leur diriez-vous si vous étiez invités à prendre la parole ? Moi, ma famille, et mes proches ; on aimerait juste être en fait comme vous : vivre dans un appart ou une maison sympa dans un quartier cool, de bonnes écoles pour nos gosses, le temps de rêver, de penser, de ne rien faire, de profiter du silence ( le dernier grand luxe ?) dans une résidence secondaire cet été, parler poésie, écrire, lire, écouter de la musique, aller au festival d'Avignon et de Marciac, pouvoir être humaniste, accueillir des migrants sous notre toit, montrer le meilleur de nous... Ne plus être des sous-citoyens et citoyennes. Vous ne l’êtes pas, vous expliquera-t-on. S’empressant de vous lister les endroits de la planète où la vie des « petites gens » est pire que la vôtre. Et ils n’auront pas tort. Pour autant, ça ne change rien. Votre demande est beaucoup plus que légitime. Elle est urgente.
Bénéficier de la même citoyenneté que celles et ceux vous donnant la leçon (comme cette lettre). Ne manger que de la brioche? Non. Mais s’il y en a dans ce pays, vous en voulez aussi pour vous et votre famille. Une colère refusant désormais de se contenter des miettes. Et ne supportant plus que ceux, ayant les plus grosses parts du gâteau, vous demandent de vous serrer la ceinture. Pendant que certains l’ont de plus en plus détaché. Très à l’aise dans leurs vêtements de la République. Tandis que vous serrez, serrez... La ceinture truffée de trous arrachée soudain de votre pantalon. Prête à leur balancer dans la gueule.
Au début de ce courrier, j’ai fait une sorte de lapsus de clavier. Mon doigt à fourché. Évoquant les deux animateurs de télé, j’ai écrit « les jalousant de pouvoir vous éteindre ». Aussitôt rectifié. Mais je tenais à vous en parler. Parce que, en effet, vous subissez une forme de mépris – conscient ou inconscient – d’une certaine élite dite de gauche. Une espèce d’entre-soi dont je fais plus ou moins partie. Votre colère est en grande partie contre nous. Mais pas que certains nantis de gauche qui vous méprisent.
Nombre de celles et ceux qui vous atteignent, que vous écoutez, ont exactement la même posture avec vous. Leurs plateaux télé sont des espèces de dîners de cons. Ce fameux film qui nous a fait tant rire. Et en même temps détesté. On se marrait d'un homme humilié et méprisé. Rares celles et ceux n'ayant pas été cons dans leur existence. Mortel rime avec imparfait. Mais se moquer d'un être en pensant qu'on lui est supérieur est abjecte. Revenons à vous dans ces émissions. Même si vous êtes reçus avec des sourires et du brossage dans le sens de votre colère. Nous, on vous aime et on vous écoute. Une caresse intéressée pour mieux vous manipuler. Force est de reconnaître qu'ils sont très forts. Très bons tacticiens et stratèges. Avec du pognon de dingue et de bonnes équipes. Dommage que leur intelligence soit au service de la nuisance. Des gourous cathodiques extrêmement dangereux. Une dangerosité pour qui ? Tout le pays. Et pour vous.
Perte de mémoire dès le 8 juillet. Ils vous auront complètement oublié. Pourquoi vous me tutoyez ? Excusez-moi. J’ai du travail sérieux en cours. Euh… Je… On vous rappellera. Leurs objectifs atteints, ces animateurs, les politiques qui vous sourient en promettant une France « débougnoulisé, déLgbtisé, dégenrisé, etc » ; tous et toutes vous oublieront. Votre colère leur aura servi de marchepied pour arriver en haut de l’affiche. Vous ne supportiez plus l’injustice de vivre la République en sous-citoyens. Et vous avez plus que raison. Votre lucidité est le reflet de votre regard sur la société et de votre réflexion. Mais en les laissant occuper vos cerveaux, vous redeviendrez ce que vous avez détesté être : des citoyens et des citoyennes à nouveau floués. Avec le sentiment de s’être fait « niquer jusqu’à l’os républicain ». Encore les dindons de la farce politique.
Conclure en vous donnant un conseil de vote. Je vous respecte trop pour le faire. Vous n’êtes pas des gosses. Issu d’un milieu prolo, j’ai trop assisté à l’infantilisation de mes parents et de mes proches. Mépris et condescendance de la gauche et de la droite. Sous le regard d’un gosse qui fermait ses petits poings de gosse de pauvres. Impuissant face à l’humiliation. Celle de ses parents écrasés par des regards arrogants. Nulle intention d’adopter la même posture que ces arrogants avec vous. Juste envie de vous adresser une formule très à la mode. Surtout depuis le Covid. Prenez soin de vous et de vos proches.
Et de notre beau pays en souffrance.
PS: Je n’ai jamais été encarté. Avec toutefois des idéaux. Mais me méfiant des idéologies. Juste une solitude citoyenne. Un mec d’ici imparfait. Avec plus de questions que de réponses. Comme tant d’autres, je m’inquiète pour l’avenir de notre pays en très grande souffrance. Une inquiétude pour tous les citoyens et citoyennes. Restons le plus possible à la hauteur de ce pays. Et à la nôtre. Parce que nous valons très cher : France.