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Billet de blog 29 novembre 2024

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En marche arrière

Commencer chaque histoire par sa fin. Qu’elle soit d’amour ou d’amitié. Faire marche arrière pour tenter de recoller. Ce qui a été brisé par soi ou l’autre. Cassure par colère, jalousie, vengeance, orgueil...Profiter peut-être de la marche arrière pour murmurer une excuse, tenter une explication...Trop tard. Pas de copier-coller pour les relations humaines. La fin déjà écrite sur du papier-chair

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Marianne A

                Commencer chaque histoire par sa fin. Qu’elle soit d’amour ou d’amitié. Ou d'autres sortes d'histoires. Faire marche arrière pour tenter de recoller. Ce qui a été brisé par soi ou l’autre. Cassure par colère, jalousie, vengeance, orgueil... Profiter peut-être de la marche arrière pour murmurer une excuse, tenter une explication...Trop tard. Pas de copier-coller pour les relations humaines. La fin déjà écrite sur du papier-chair. Mais  si on jouait quand même au jeu de la marche arrière. Commencer par quelle fin ?

                   Celle par exemple de ce blog. Quelle sera sa fin ? Bonne ou mauvaise ? La fin des digressions à rallonges. Toujours eu beaucoup de mal à penser droit. Sans doute pour ça que je n’ai jamais été encarté ni joué l’homme-sandwich pour telle ou telle idéologie. Pas non plus un batteur de pavé au rythme de slogans - même légitimes. À chacun et chacune son truc pour exprimer son empathie avec certaines causes, laisser sortir sa colère, douter, se contredire… Continuer de s’interroger et de questionner son époque. En ne pensant surtout pas détenir la seule vérité. Et le plus souvent possible repasser par la case doute. Même en digressant. Comme sur ce blog.

            Une fenêtre qui a bientôt 10 ans. Elle a été ouverte deux jours après l’attentat contre Charlie. La bande de Charb manque pour nous secouer les neurones et les zygomatiques. Un blog qui a eu trois interruptions. Et plusieurs fois l’envie de tout plaquer. Pour aller cultiver mon jardin et n’y planter que des fictions. Mais chaque fois, le désir d’essayer de « dire aujourd’hui » revient. Même si les billets sont inégaux. Certains sans aucun intérêt. Comme telle ou telle conversation sur un comptoir, sous son toit, dans une conférence littéraire, à un micro, sur un divan équipé d’oreilles… Dans tous les cas, aucun de mes billets ne changera quoi que ce soit de la lourdeur destructrice de notre espèce dite humaine. Un poids dont je suis aussi porteur. Avec quelques traces sur certains billets. Et si ce « p'tit blog » venait à disparaître ? 

          Sans doute pas une grande perte. La toile regorge de blogs. Avec les nouvelles technologies, chacun peut avoir sa fenêtre. Et pouvoir s’adresser aux autres. Parmi ces blogs, sûrement beaucoup avec plus de sens et de profondeur que des billets d'humeur passagère. Néanmoins mon « p’tit Arbre à gammes «  me manquerait ». Comme un vieux pote (ma part de vieux monde ? ) avec qui on aime parler et boire des bières sur un bord de comptoir. Parfois pour ne rien dire. Ou raconter des conneries. Et à d’autres moments ramassant dans nos filets de parole de belles prises de réflexion et beauté. Sans négliger les nécessaires engueulades. Faut de tout pour faire une conversation. Et digresser pour rester au monde. Les mains dans le cambouis et la poésie de notre jeune siècle. Comme une petite manifestation d’interrogations sur clavier. Juste battre le pavé numérique.

            Avec bien sûr certaines phrases de guingois. Et des mots sans la tenue correcte exigée. Voire grossiers. Parfois des pensées dérangeantes et à rebrousse air du temps. Remettant même en cause ma radio préférée, mes sources d’informations, mes proches… Et mes certitudes. Avec bien sûr ici et là des zestes de mauvaise foi. Sans oublier toutes les inexactitudes. En bref, pas mal d’imperfections et d'excès de non-modération. Mais pas de boss regardant par-dessus mon épaule pour corriger la trajectoire d’un verbe. Ni de ligne éditoriale à respecter. Libre de ne pas rendre de « compte de mots ». Si ce n’est au pire des observateurs. Lequel ? Le regard impitoyable de mon miroir. D’ailleurs, pourquoi a-t-il l’air si en colère ? Ah, j’ai compris. Une invite à couper le courant aux digressions. Et m’effacer. Pour ne pas embouteiller le silence. 

       Commencer chaque billet par sa fin ?

NB : Merci à Michel Audiard de m'avoir permis de détourner une de ces phrases devenues culte. Stop, mon gars. Je ne t'ai rien permis du tout.  Tu t'es servi dans ma prose pour essayer de faire briller la tienne. Désolé. Comment alors me faire pardonner ? Pas de pardon, mon gars. Mais une tournée générale. Pour qui ? Tournée générale pour les « Tontons flingués ». Sans oublier Lulu la Nantaise et la Polonaise. Plus tous les autres piliers du « Bar de l'au-delà ».

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