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Mouloud Akkouche

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Billet de blog 1 juin 2016

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Sans abri à Paris

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Illustration 1
Rue de Paris, jour de pluie © Gustave Caillebotte

Sous la flotte depuis plusieurs jours. Je suis pas le seul à être trempé. Des dizaines d'autres sont dans le même cas. On commence tous à vraiment craquer. Chaque fois qu'il flotte, c'est toujours la même chose. Plusieurs fois que ça arrive, ici. Quand vont-ils s'occuper concrètement de ce problème ? A croire qu'ils s'en foutent complètement. Un vrai scandale de laisser tant de gens dans une telle situation. Ce pays va crever de l'incompétence de nos élites. Vraiment ras le bol de tous ces gens hors-sol. Incapables de résoudre les problèmes. Pas sorcier quand même d'anticiper ce genre de situation et de faire les travaux nécessaires. Simplement trouver une solution pour nous mettre à l'abri en cas de forte pluie. La maire de cette ville est une incapable.

Bien sûr qu'il y a des gens plus dans la merde que nous. Télés et radios nous le rabâchent à longueur de journée. Comme un horoscope permanent de la misère dans le pays et le monde. C'est vrai qu'il y a des horreurs sur toute la planète Pas une raison non plus pour se la fermer. Dès que tu l'ouvres maintenant, on te sort les roms, les migrants, et tous les autres damnés de la terre. Le truc imparable pour que tu baisses d'un ton, presque à t'excuser de penser que ta situation pourrait être meilleure. Ça marche plus avec moi. Comme quand on dit de pas voter c'est faire le jeu du FN. Aux élections, ils dégainent ce truc pour nous foutre la trouille. C'est le marronnier de chaque présidentielle. À croire qu'ils prennent les électeurs pour des glands. C'est bel et bien fini de se laisser culpabiliser. Électeur échaudé craint les urnes et les promesses.

Si longtemps qu'ils nous prennent pour des cons. Comme l'autre avec son histoire de costard. Paraît qu'il faut travailler pour se payer un costard. Merci de l'info cher Ministre, on le savait pas. Qui peut se payer un costard sans travailler ? Les voleurs, les actionnaires, les fraudeurs fiscaux.... Comme si, nous les roturiers, on ne savait pas qu'il fallait bosser pour s'acheter un costard. Des gosses à qui il faut tout apprendre. « On ne tutoie pas un ministre. » Et un plombier, on peut le tutoyer ? Un garagiste, une infirmière, un prof... C'est vrai que les sans culottes et les sans dents ont cette fâcheuse manie de tutoyer. En plus, ils reçoivent le «Roi de Bercy » en Tee-shirt. Ces bouseux savent décidément pas se tenir. Même avec un costard de marque ISF, certains ne pourront atteindre la classe de nombreux citoyennes et citoyens. Des femmes et des hommes qui, malgré les duretés de la vie, restent propres sur eux et à l'intérieur. En plus avec une bonne part d'humour. Chez ces gens là, Monsieur le ministre, on chiale avec le rire aux lèvres et le poing tendu. La véritable élégance ne peut-être vendue. Contrairement au mépris sans classe. Et retournements de veste.

A part ça, on vit vraiment dans un pays super. Surtout si t'as un super matelas financier pour toi et les tiens. Sinon, sous ou à ras de l'échelle sociale, même aux petits ou moyens échelons, il va falloir que tu rames; juste pour flotter. Voyage immobile au milieu des fins de mois sans fin. Plus que les très grands riches qui s'en sortent. En plus, ils passent les bonnes places à leurs gosses. Les nôtres ne pouvant prétendre qu'aux miettes de l'égalité scolaire. C'est pareil à droite et à gauche. Ils font juste semblant de pas être d'accord pour le spectacle. Comme les catcheurs que mon vieux m'emmenait voir quand j'étais gosse. Ça le faisait marrer car mon regard naïf d'enfant croyait que c'était pour de vrai. Aujourd'hui, les catcheurs font des grandes écoles ; leur ring c'est l'Assemblée nationale. Quoi que maintenant les rings les plus rentables, avec plus de public à anesthésier, sont les studios de télé ou de radio. Nettement plus d'impact chez Ruquier que sur les bancs de la représentation nationale. Ça me fait toujours rire ces deux mots côte à côte. Qui représentent-ils encore ? Une minorité d'électeurs. La majorité est ailleurs. Une majorité qu'ils croient connaître. Celle sans costard, ni conseiller fiscal.

Ma fille me traite de râleur. Une fois, très en colère, elle a rajouté «beauf réac». Sans doute qu'elle a pas entièrement tort. Mais on s'entend bien tous les deux. Sauf depuis quelque temps où elle m'en veut un peu. A cause de son p'tit copain. J'ai pas supporté qu'il me traite de poujadiste. Tout ça parce que j'avais dit que beaucoup de journalistes, de gens du show-business, des politiques, des industriels, bouffaient dans la même gamelle. Pas vraiment un hasard si notre Président est avec une chanteuse. Celui en poste est passée d'une journaliste à une actrice. Nombre de ministres femmes et hommes sont dans le même cas. Rien de plus normal puisqu'ils fréquentent les mêmes cantines. Qui se ressemble s'assemble, dans toutes les couches sociales. Dès que tu critiques un politique, un journaliste, ont te balance poujadiste à la face. En plus aujourd'hui, tu as la variante conspirationniste si tu émets le moindre doute sur l'info qu'on te donne. Ce con de gendre s'est levé et s'est barré. Ma fille m'a fusillé du regard et l'a suivi. Comment j'aurais pu savoir qu'il rêvait de devenir journaliste ? J'ai terminé l'apéro tout seul.

Bien le droit de dire que sept milliardaires détiennent la majorité des journaux. Tout le monde le sait en plus. Et faudrait faire comme si ça n'existait pas. Moi, je suis toujours à fond contre la CGT mais, pour une fois, j'étais d'accord avec eux. On a l'info sponsorisée par des milliardaires 365 jours par an. Me dites pas que ces mecs font des chèques juste pour la beauté de la liberté de la presse. Tout va bien si leurs «employés aux écritures de l'actu» ne leur chient pas dans les bottes ( voir côté Obs en ce moment ) ou sur leurs comptes en France ou au paradis fiscal. Certes la laisse qui tient la plume du journaliste est plus ou moins longue et souple. Ceux qui bossent dans ces canards le savent et, pour gravir les échelons, certains emploient parfois les mêmes méthodes dénoncées dès lors qu'ils en sont les victimes; on va pas chialer sur leur sort. Un article de la CGT ça change un peu de la voix de son maître qui paye le loyer et les salaires du petit personnel. De toute façon, plus personne lit les journaux. Pourtant faut reconnaître qu'ils sont plutôt forte les chiens de berger de l'info qui ramènent les moutons aux urnes ou au supermarché. Mais le vent tourne; on est nombreux à ne plus croire aux commerciaux de l'actu qui nous mènent par le bout de leur info. Pas que les arracheurs de dent qui mentent.

Ça sert à rien de me prendre la tête. Rien ne changera. On connaît la chanson. Pas l'autre, sa fille et sa petite-fille, qui vont changer quoi que ce soit. Pareil que leurs alter ego en politique à planquer leur fric en Suisse ou au Panama. Plus rien à tirer de tous ces gens là. Moi, je vote plus pour personne. Un crève-cœur pour un fils et petit-fils d'instite qui juraient que par le droit de vote et la République. Moi aussi, j'y ai cru. Plus maintenant. Même si je reste de gauche. Par fidélité aux anciens et à ceux qui y croient encore. Les vrais ennemis de la finance et amis de Jaurès. Pas des escrocialistes.

Super facile de critiquer mais je propose rien. Que faire ? J'en sais rien. Même ceux qu'on élit n'en savent que dalle. Pas moi donc qui peut faire quelque chose pour changer tout ce bordel. Juste un lampiste sans aucun pouvoir. On est vraiment dans une sacrée merde. En plus un mois de mai pourri. Tous coincés sous ce putain de ciel qui arrête pas de pisser. Rester ou me barrer ? Vraiment des nuls de pas le faire. Pourtant simple de tout couvrir. Au moins un truc amovible qui nous protégerait de la flotte. Ras le bol de ces incapables. Ils prennent notre fric et assurent pas le service.

Je foutrai plus les pieds à Roland Garros.

NB) Une fiction inspirée d'un échange tweet (pas retrouvé)sur le Net. L'un demandait quand Roland Garros serait couvert. L'autre a répondu quand les SDF auront un toit. Qui gagnera le match?

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