La polémique de rentrée sur un sein de la République me fait repenser à une Marianne. Samira Bellil qui avait subi «l’enfer des tournantes». L'horreur du viol. Une femme détruite mais restée insoumise. Une combattante.«Pour moi, Marianne, c’est une insoumise ouvrant le chemin. C’est quelqu’un qui n’a pas peur de s’exprimer, même dans le danger. C’est ce côté rebelle qui m’attire chez elle.». Pas le genre de femme à s’écraser devant des financiers carnivores ou des religieux intégristes, être une commerciale des marchands d'armes, offrir des légions d'honneur à des lapideurs royaux, démagogiser pour gagner des élections... Ni à critiquer des citoyens sans costard. Ce ministre anti-T Shirt qui n’hésite pas à tomber la veste pour poser en torse une de Paris Match. Que cherchent donc ces retourneurs de vestes? La question peut se poser en regardant ces girouettes médiatiques changeant d'avis au gré du Buzz. Préfèrent-ils une Marianne guidant le people ?
Meurtrie dans sa chair, cette femme n’a pas pour autant sombré dans la haine et l’amalgame. «La cité, c’est plein de gens formidables qui essaient de s’en sortir courageusement. Car tous les petits gars de chez nous ne sont pas des violeurs, loin de là.». Une leçon à nombre de nos politiques, prêts à dégainer l’amalgame pour racoler les électeurs. Cette Marianne ( peut-être contre le port du voile ?) me semble plus incarner les valeurs de la République que ceux traquant le burkini sur les plages. Passant leurs détecteurs de gains électoraux sur le sable et les galets. Au lieu de traquer la misère et la connerie qui séparent de plus en plus au bas de l’échelle. Brandir un sein ou mettre à l’index un bout de tissu ne changera rien à la vie quotidienne de millions de précaires ou en voie de précarisation. Macron, Valls, Sarkozy, Hollande, Lemaire, Le Pen, sont dans un bateau. L’un d'entre eux tombe à l’eau. Les autres restent sur le yacht.
Combien de Marianne, Samira, Julie, etc, sur le pont du matin au soir ? Pour nettoyer les bureaux des ministres, accueillir des bébés en crèches, enseigner à des élèves dans les collèges et lycées, opérer à cœur ouvert, faire de la politique, diriger des entreprises, peindre, écrire, danser, rêver, traverser l’océan en solitaire…. Certaines sont voilées, d’autres à visage découvert. Quelques-unes préfèrent le burkini, allongées sur le sable près de femmes en bikini ou monokini. Les vagues se foutent complètement de cette polémique. Mais on a tout fait le droit de critiquer le voile des villes et des plages. Sans pour autant être taxé d'islamophobie.
En tant qu’athée, je pense qu’il est un signe ostentatoire de prise de pouvoir de la religion et des hommes sur le corps des femmes. Mais c’est exactement pareil pour les bonnes sœurs ou les femmes juives portant des perruques et contraintes de se couvrir des pieds à la tête. Mon athéisme ne doit pas pour autant devenir un nouveau stalinisme ou une fatwa laïque. Si ces femmes, en conscience et libres de leur choix, veulent se voiler et se plonger dans la religion; c’est leur problème. Même si je trouve que c’est dommage. Toutefois pas une raison pour jouer le flic de garde robes.
La beauté de certains corps, d’hommes et de femmes, fait vibrer le regard. Parfois autant qu’un magnifique coucher de soleil ou une mer déchaînée. Poser ses yeux sur un beau cul ou une belle paire de seins, sans lourdeur ni langue pendante jusqu’au sol, n’a jamais tué personne. Au mateur et à la mateuse d’être le plus subtils possible. Se tenir à la hauteur de la beauté croisée. Eduquer le regard plus productif que de voiler des milliards de femmes ? Une éducation des yeux des hommes au lieu d’éclipser le corps de la moitié de la planète. Ou au contraire de se servir d’un sein pour diviser encore plus les citoyennes et les citoyens de ce pays. Montrer ce sein qui cache la forêt de problèmes non réglés. Caresser une poitrine dénudée dans le sens des urnes.
Vaut mieux s’adresser à Marianne qu’a son sein.