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Cette semaine, not’ souverain poncif (bah oui, il sort que des poncifs) a choisi le bon timing: faire le ménage en outre mer et ressortir les bonnes vieilles politiques d’outre merde… Avec sa loi d’immigration, déjà abolie avant même d’être proposée à l’Assemblée.. Ça ne prend plus trop, cette fois, va falloir trouver plus consistant, fichtre! Alors, à l'occasion de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage il rendit hommage à Toussaint Louverture, grand artisan de l’abolition en terres ultra-marines. Le hasard du calendrier a voulu que l'hommage ait lieu la même semaine que la décision de rendre le RSA conditionnel à des heures de travail obligatoires et non rémunérées. Travailler gratuitement (pour “se former à un métier”). Ce que Toussaint Louverture aurait nommé… de l’esclavage. Honorer l’abolition de l’esclavage dans un pays ultra-libéral, où les travailleurs indépendants n’ont aucun statut, où les petits emplois précaires pullulent (3 millions de travailleurs minimum), et où les RSIStes vont devoir bosser gratis (bénévolat salarié, c’est beau comme du Orwell)… Ça ne manque pas de sel. Manu qui rend hommage à un abolitionniste, c’est comme Gérard Larcher qui rendrait hommage aux diététiciens, Poutine à Mandela, ou Marlène Schiappa aux philosophes des Lumières. Et pourtant, c’est ce qu’il fit cette semaine, le bougre. Et il a même osé profaner sa tombe: “Toussaint Louverture avait compris que la seule insoumission était vaine" (vous comprendrez la référence, subtil tacle aux seuls opposants qu'il se soit trouvé à l'Assemblée…)... "C’est pourquoi, poursuit-il, contre les autres chefs de la révolte des esclaves, il prit le parti de la révolution, plutôt que l’insurrection, la liberté plutôt que la destruction, l’ordre au-dessus du chaos”. C’est une tendance, l'imposture historique, mais là on est dans un véritable cas pathologique, schizophrénie politique qu’on retrouve chez le RN, parti co-créé par un membre de la Wafen SS et qui invoque tous les 2 du mois, le général de Gaulle (la seule raison pour laquelle ils existent c’est justement parce que de Gaulle n’a pas nettoyé en profondeur la France de ses anciens collabos, dans un souci… d’apaisement, oui à cette époque aussi on prônait l’apaisement)... Et bien en Macronie c’est pareil: on célèbre la révolution contre l’insurrection, on prône la liberté entre deux 49.3, et on fait l’éloge d’un esclave révolté qu'on aurait sûrement maté à coups de Tonfa avant de le rendre à ses propriétaires, avec les excuses de la maison… Macron est un esclavagiste qui se prend pour un esclave. Quand il parle aux artistes, il vient mal coiffé, quand il va voir Zelensky il se laisse pousser une barbe de deux jours avec un vieux t shirt vert dégueulasse, pour Toussaint Louverture j’mattendais à le voir débouler en black face…
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En écrivant ces lignes m'est revenu en mémoire, à propos d’esclavage, cette image, en 2019, d’une élue faisant un discours, le jour de l’abolition de l’esclavage; et à ses côtés, un enfant noir, tenant un parasol au-dessus de sa tronche. On se serait cru dans Tintin au Congo, mais à Noisy le Sec. L’image a fait le tour du monde, et même si la mairie s’est défendue de tout racisme (on apprend dans “check news” de Libé que l’enfant s’est porté volontaire spontanément… LOL, aussi spontanément que l’allocataire au RSA, qui devra spontanément aller bosser pour ne pas perdre son alloc? hum, l’enquête ne le dit pas), le pouvoir de l’image a détruit toute présomption d’innocence.
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L’esclavage touche dans le monde 50 millions de personnes, faut le savoir. A différentes échelles. Dans le monde libéral occidental, évidemment l’esclavage existe peu, du moins pas sous cette forme… Mais c’est un rêve que couvent les grandes firmes. Qui préfèrent l’exploitation par procuration… Un haut lieu où l’esclavage profite à nos vies occidentales, c’est l’Afrique, le continent le plus riche au monde… Oui, en minéraux. Et le plus misérable. Mais ça demeure un rêve à domicile. Celui des patrons de la tech. Jeff Bezos, patron d’Amazon, est la plus parfaite illustration de cet esclavage 2.0, où l’esclave se croit libre d’avoir un salaire tout en se faisant exploiter, dans certaines usines chinoises, certains employés disposent d’une bouteille, oui pour faire pipi tout en continuant à travailler… C’est beau l’abolition de l’esclavage, hein? Autre exemple, aux USA, dans le secteur volailler, (article de 2016), les employés se voient obligés de porter.. une couche! Et oui les amis, vous êtes salariés, vous avez une sécu, une mutuelle (que vous devez d’ailleurs payer), une maison, une voiture (que vous devez payer pour aller au boulot et que vous êtes obligés de rembourser en gardant votre boulot) et en arrivant, vous mettez votre couche et au boulot. C’est beau le salariat, l’esclavage moderne; et finalement c’est une invention très intelligente. L’esclavage a échoué au 18e siècle, mais le capitalisme apprend de ses erreurs. Désormais, le tripalium (en latin: torture) est le lot quotidien des travailleurs, mais c’est pour leur émancipation, dit-on. Le travaille libère. C’est Manu qu’a dit ça; le travail, c’est la santé, dira-ton lundi, jour de la “fête du travail”, autre fête spoliée et dépossédée de son premier sens: puisque la fête du travail a été nommée ainsi sous… Pétain. Avant c’était la fête des travailleurs. Et oui. Tout comme le muguet qui fleurit sur les marchés… Lequel a remplacé, sous la demande du Maréchal l’églantier, fleur rouge qui symbolisait un peu trop, à son goût, le communisme et ses vélléités prolétariennes. Et oui, un peu comme la journée de la femme; ou la fête des pères… Et c’est précisément une tendance des réactionnaires à galvauder/ profaner et se réapproprier des mots et concepts: révolution, écologie, liberté, résilience, ou la valeur travail… Et je terminerai cette chronique en vous lisant ces extraits bien curieusement d’actualité, et qui pourtant datent de la fin du 19ème.
“On ne laisse tomber un instrument de servitude que lorsqu'un autre fait déjà son oeuvre. Or on ne manque jamais de ces redoutables machines. L'une ou l'autre, ou plusieurs mêmes à la fois, sauront bien réduire le peuple à l'obéissance passive et permettre à quelques hommes qui ne sont qu'une infime minorité de disposer librement du travail et de la vie d'ouvriers beaucoup plus nombreux. Cet asservissement des masses à un groupe privilégié est la principale cause de la malheureuse situation du peuple. Et c'est pourquoi, si nous voulons vraiment améliorer le sort des ouvriers, nous devons tout d'abord reconnaître que l'esclavage existe toujours, en donnant à ce mot, non pas un sens métaphorique, mais son sens propre, en entendant par conséquent qu'il existe toujours une organisation soumettant la majorité des hommes au bon plaisir d'un petit nombre; nous devons, en second lieu, rechercher les causes de cet état de choses et enfin, ces causes une fois découvertes, les détruire."
Cet extrait provient d'un livre de Tolstoï, L'esclavage moderne, datant de 1901.