mustapha kharmoudi (avatar)

mustapha kharmoudi

écrivain

Abonné·e de Mediapart

326 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 avril 2024

mustapha kharmoudi (avatar)

mustapha kharmoudi

écrivain

Abonné·e de Mediapart

Et dans Besançon, vieille ville de mon coeur

mustapha kharmoudi (avatar)

mustapha kharmoudi

écrivain

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est souvent que je me sens honoré par des artistes de toutes sortes, qui me font lire leurs poèmes, leurs textes et leurs manuscrits.
Mais il y a des moments, c’est d’une telle intensité que ça me blesse. Oui ça me blesse, ça me fait un bien fou autant que ça me fait un grand mal.
D’un côté je suis heureux que des gens m’offrent ce qu’il y a de plus cher en eux, Plus que si c’était un joyau ou une perle.
Mais de l’autre, j’ai mal au plus profond de moi, à l’idée de ce que cela leur coûte de faire un tel pas (pour toucher le public par mon intermédiaire).

Outre l’adorable harcèlement que me fait subir continuellement la petite demoiselle, j’ai fait deux rencontres des plus étonnantes :
1 – D’abord un SDF, que je ne connaissais pas, m’aborde brusquement dans la rue pour proposer son manuscrit en échange de quoi manger. Une œuvre bouleversante, dont je suis pas encore venu à bout (vous verrez).
2 – Et ensuite ces 4 jeunes lycéens de 15 ans.
Je vous raconte :
Il y a 15 jours, je souffrais à la Brasserie Granvelle face à ce texte qui m’aura esquinté. A quelques tables de moi, 4 jeunes qui s’exclamaient bruyamment. Et une fois n’est pas coutume, ça m’a plus, ça m’a distrait. Et on a échangé quelques mots, de loin.
Puis voilà : avant de partir ils sont venus vers moi, tous les 4, et l’un d’eux m’a demandé si j’étais écrivain. D’habitude, dans ce genre de situation, je réponds non, car le plus souvent ça en reste là. Mais là, des jeunes, si jeunes, je ne pouvais pas m’esquiver.
On échange un peu sur ce qu’ils font (lycéens de Seconde).
Et au moment de partir, je leur demande de payer le dérangement. Par un poème !
Et aussitôt l’un d’eux, Lyam, sort son portable et me lit un poème sur la France. De lui ! Oui, dxe lui. Il me l’enverra mais je n’ai pas eu le temps de le publier.
Et depuis, je ne les ai plus revus.
Or là, ce matin, ils ont rappliqué vers 10h. J’ai été si heureux de les revoir que j’ai joué à, l’idiot. J’ai appelé Sonia, mon ange-gardien à la Brasserie, pour lui dire qu’il y a quatre barbares qui envahissent ma table et m’empêchent de travailler. Sonia a répondu les jeunes ça ne rentre pas dans le contrat.
On a ri.
On a parlé.
Et puis je demande aux 3 autres s’ils ont pensé à m’apporter un poème. Et voici que l’un d’eux sort son portable et m’annonce qu’il va me lire un poème qu’ils ont écrit à 2.
Celui ci-bas
Je suis scotché. Vraiment. Je le leur dis et ça les réjouit comme si on leur avait donné un prix de poésie (j’imagine qu’ils ont dû demandé qui j’étais à Mister Google, mais on n’en parle pas.
Et avant de partir, je somme la jeune fille de me lire un poème. Elle sort son portable et c’est parti pour Rimbaud. Et Rimbaud est encore plus magique dans sa petite voix fluette et hésitante. Si hésitante qu’elle n’arrive pas à aller jusqu’au bout. D’émotion. De la sienne, mais aussi de la mienne, elle l’a vu sur moi.

MK, Besançon le 8 avril 2024

Illustration 1
Poème de Gabin et Ernest (lycéens de 15 ans)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.