Une chronique orpheline
Jalouse
Elle m'écrit : (...) parfois je suis jalouse de ta fragilité (...).
Elle ne sait pas ce qu'il faut d'épreuves, de volonté, de labeur et de peines. Surtout de peines, pour porter ce lourd fardeau de la fragilité. Et d'autres peines encore pour accepter - de bon cœur - d'être si vulnérable, c'est-à-dire si blessé... Et sans jamais être sûr de quoi que ce soit. A part que, à devoir absolument choisir, il vaut toujours mieux être perdant que gagnant...
Encore faut-il sans cesse tenter, sans jamais vraiment y arriver, de sentir en quoi, quelque part dans la clairière du mot perdre, il y a peut-être - peut-être seulement - une porte dérobée vers la poésie, et plus généralement vers l'art...
Je lui ai juste répondu qu'aujourd'hui je me sentais tout perdu... tout perdu...
J'aurais dû ajouter qu'heureusement le grand poète Leopardi, me prenant en peine, a accepté de m'envoyer cette semaine des lettres sur l'art d'être fragile, aux bons soins de ce facteur attentif: Alessandro D'Avenia
Ou alors que j'écouterai en boucle cette très très vieille chanson arabe, qui sait me dire, mieux que tout, que ma peine a partout chez les humains des sœurs qu'on dirait des âmes-sœurs, des sœurs de peine...
https://youtu.be/qNJ7nLhONYc

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