On l’appelait le Petit-Paul
C’était surtout un grand monsieur
Il tenait tête à tous ses chefs
Et n’avait jamais froid aux yeux
On l’appelait le séducteur
C’était aussi un grand amant
Quand y s’en v’nait bras d’ssus bras d’ssous
Avec sa Germaine de Lure-les-champs
On l’appelait l'agitateur
C’était surtout un batailleur
Il défendait ses camarades
Face aux p’tits chefs et leur brimade
On l’appelait le Petit-Paul
C’était aussi un bon vivant
Fallait le voir danser l’tango
Avec sa Germaine de Lure-le-haut
On l’appelait le prolétaire
Et le dimanche place du marché
Il rameutait ses travailleurs
Il est temps de se révolter
On l’appelait le Petit-Paul
C’était aussi une voix d’ténor
Quand il scandait vive la Commune
Et vive Germaine de Lure-le-Fort
On l’appelait le Petit-Paul
C’était surtout un généreux
Il embrassait toutes les causes
Et sa Germaine de Lure-les-roses
Puis au bal du samedi soir
Belle chemise belle chevalière
il chantait du Sinatra
Et il dansait comme Fred Astaire
Et sa Germaine de Lure-la-belle
Avec ses seins et ses rondeurs
Nous envoûtait nous enivrait
A chaque valse à chaque liqueur
Et la moustache du Petit-Paul
Et les petits yeux de l’amoureux
Et sa Germaine dans ses p’tits bras
Et son chant brave et rocailleux
Voici venu l’temps des cerises
Voici le chant du grand Bruant
Mais la Germaine à not’grand dam
N’avait d’yeux que pour son amant
Et le P’tit-Paul qui s’emportait
Fallait le voir monter au front
Et un baiser pour la Germaine
Et mort aux vaches et aux patrons
C'était tout ça le Petit-Paul
Et pour nous il est encor là
y a qu’à voir au premier mai
On croit toujours entend’sa voix
Mustapha Kharmoudi
Agrandissement : Illustration 1