Son mal-être lui interdit les jardins de la gaieté
Tapie dans ses hier elle ne survit qu’en aparté
La nuit, elle s’endort sur des bouts de remords
Et le jour, elle rapièce ses petits avoir-été
Elle passe sa vie à sans cesse tout ressasser
À repriser ses souvenirs tout usés, tout rapiécés
À soigner ses si peu, mais ô combien douloureux
À recoller des bris de bout de ses vies ratées
Et s’il lui arrive de croiser ses rêves d’autrefois
Son âme s’en attriste, et son chant en perd la voix
Et elle pleure au souvenir de ce qu’elle avait été
De si petit peu, mais oh de grands pourquoi
Et alors, le moindre cheveu de peine la fragilise
Elle fait feu de peu de lutte, mais déjà elle s’y épuise
Et de plainte en complainte, elle trébuche, elle prend l’eau
Et le moindre frétillement de vie la terrorise
Et c’est ainsi qu’elle a perdu le goût de la fête
Et sombré dans l’enfer des errances sans quête
Il ne lui reste que des douleurs d’avoir perdu l’amour
Et des râles le soir venant qui s’en viennent hanter sa tête
Alors elle se plaint à sa vie qui se moque de sa colère
et implore des dieux qui ignorent ses prières
Le temps s’en va, c’est fini, elle le sent de toute son âme
Et la voilà qui trébuche et qui mord la poussière
Qu’en est-il de ces amours perdues par imprudence
Qu’en est-il de ces ailes frêles, brisées par impatience
Qu’en est-il du chant du cygne ? Qu’en est-il de sa vie vaine
Qu’en est-il de ses peines ? Qu’en est-il de ses espérances
Alors elle ne vit plus qu’une vie qui lui dit c’est trop tard
Dans ses nuits, les troubles grondent en hordes de cauchemars
Et ça l’agresse de vains pourquoi, et ça la cerne de pourquoi pas
Et quand à l’aube le jour s’annonce, il s’annonce avec retard
Parfois elle aurait aimé creuser un trou profond
si profond que personne n’en verrait jamais le fond
pour s’y blottir toute seule avec ses tourments et peines
et dans le noir total s’égarer à toute raison
Et, telle une fontaine tarie, ses amours sont décimés
Et elle n’a plus pour chandelle que de vieux rêves périmés
Et de savoir que l’amour plus jamais ne reviendra
Elle laisse saigner les blessures de son cœur abîmé
Et elle reste là à égrener le chapelet de sa vie
Et alors les jours bleus s’évanouissent dans l’oubli
Mais les jours noirs, eux, bien gravés dans sa mémoire
sont à sa conscience ce que le vers est au fruit
Mustapha Kharmoudi