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Billet de blog 31 décembre 2023

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Et Satan dit : on t'a menti ! - 7 - A propos de quelques prophètes

Conte de Noêl 2023 : Je publie ce conte en hommage à Zhor, une amie de jeunesse. Zhor, qui est fort souffrante, m'a rappelé par l'intermédiaire de sa fille que je lui aurais promis de lui écrire, un jour, un conte à la manière du LIvre de Job. C'était sur les plages désertes de Casablanca, en 1971, l'année du bac... https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/et-satan-dit-on-t-a-menti

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A propos de Jésus et de Mahomet

Et tu vois, quand plus tard, bien plus tard, Dieu avait décidé de faire venir au monde terrestre d’autres hommes parfaits qu’il chérirait plus que tout, la même question revenait sur le tapis. 
La voici : que faut-il faire pour qu’un homme, à l’âme pure et parfaite, sache guider ses semblables vers une vie juste, C’est-à-dire vers une vie où tous les hommes n’adoreraient que Dieu, à l’exclusion de toutes autres divinités ?  
Et alors, quand c’était mon tour de donner mon avis à Dieu, je m’étais contenté de ceci : - Pour qu’un homme soit parfaitement juste, il lui faut lui faire éprouver, sur lui-même, toutes les injustices et les afflictions qui touchent tous les hommes, quels qu’ils soient…
Et crois-moi, je m’en mordrai les doigts plus tard, quand Dieu suivra à la lettre cette recommandation…
Je t’en parlerai une autre fois. 

Je te raconterai l’histoire de cet homme étrange que Dieu avait élu grâce aux recommandations de Gabriel. 
Je le connaissais très bien pour ma part, je l’avais suivi de guerre en guerre, de massacre en massacre. Les siens étaient toujours en guerre et il était leur chef. Je te raconterai les maisons brûlées, les hommes trucidées, les femmes violées avant d’être décapitées, les enfants tués sans la moindre pitié, vu que le risque est grand qu’ils reviennent un jour, quand ils seront grands, venger les leurs. 
Je te raconterai aussi cette anecdote très prisée à l’époque : ramener à ses enfants des oreilles et des doigts de l’ennemi en tant que jouets.
Bref, cet homme d’extrême violence avaient été malade, et comme on avait cru que c’était contagieux, sa famille l’avait isolé à l’écart de leur tribu. On lui donnait à boire et manger par une petite lucarne.
Et c’était pendant cette retraite involontaire qu’il s’était mis à méditer et à s’interroger sur la finalité macabre de ces guerres. 
Et c’est là que l’ange Gabriel l’avait remarqué, et s’était aussitôt lié d’amitié avec lui. 
Et à sa guérison, il ne voulait plus retourner à la guerre, et les siens allaient l’carter pour en faire la risée de tous.
Et tu vois, quand Gabriel en avait parlé à Dieu, j’avais dû raconter sa légendaire cruauté. Et à m’entendre parler ainsi, Dieu s’était mis en colère, une colère noire, comme j’en avais jamais vue sur lui. Il disait qu’Il était déçu de voir son image ainsi souillée. 
Il nous avait convoqué d’urgence pour nous tenir au courant de son plan : éradiquer tout ce monde, afin de pouvoir recommencer ailleurs une nouvelle aventure avec les hommes qu’Il espérait la bonne, la dernière. 
Tu sais comme moi qu’il n’en sera rien, mais pour l’heure, écoute la suite : Dieu a tout noyé dans un déluge indescriptible. 
Tout avait disparu, à part cet homme-là, celui dont je te parle. A lui, Gabriel lui avait dit par avance de vite construire une arche pour se sauver du pire à venir. Et sauver les siens, qui seront désormais les seuls humains sur terre. Mais aussi sauver une paire de chaque espèce.
Bref, tous les autres avaient péri dans les pires terreurs. Y compris les enfants innocents, y compris les bébés, y compris les bêtes, etc.
C’est là que tu vois que la colère des hommes, images de Dieu, a de qui tenir...

Je te raconterai aussi l’histoire d’un homme dans lequel Dieu voulait absolument se refléter de toute sa divinité. Un désir di­vin de pouvoir regarder la vie des hommes à travers lui. C’est-à-dire autre­ment qu’à travers Gabriel et moi. Dieu pensait qu’ainsi Il saurait lui-même convaincre les hommes de le suivre sur le chemin de l’amour de Dieu. Et donc de l’amour des autres. 
Je te raconterai le fiasco qui mènera cet homme-là au pire. Lui qui était si jeune, si beau et si pacifique, dans un monde de violence permanente. Il connaîtra le pire des rejets des siens. Et en conséquence la pire des peines de mort : la crucifixion. Autrement dit la mort certes, mais une mort lente, et plus lente encore à cause des souffrances insupportables dues aux clous qui clouait l’homme à une croix. De surcroît en plein air, sur une colline. Autant dire une proie aux vautours et autres charognards. 


Et je te parlerai aussi d’un autre homme, pas mieux loti à vrai dire. Peut-être même pire. 
Cet homme-là, bien après celui dont je viens de te parler, Dieu l’avait chéri plus que tout autre. Plus que tout autre sur terre et plus que tout autre dans le ciel de Dieu. Y compris plus que nous-mêmes, anges de lu­mière de Dieu.  
Cet homme-là, Dieu l’affligera des pires afflictions, dans le seul but de lui faire connaître la vie des hommes. Et la vie des hommes, crois-moi, ce n’est que peine sur peine, à se demander à quoi bon vivre, à quoi bon exister. 
Je te raconterai cette histoire plus tard. 
Mais sache que Dieu lui avait d’emblée tué sa mère au moment-même de sa naissance. Inutile de te dire les dégâts sur un être humain d’avoir été privé de l’amour et de l’affection de sa mère depuis sa naissance. Et à cet homme-là, à l’âge de sept ans, Dieu récidivera en lui arrachant brutalement son père. Autant dire qu’il sera orphelin à vie, et n’aura jamais ni frère ni sœur. 
Et comme si n’était pas assez, Dieu allait pousser les siens à le bannir, pour toujours ou presque.
Mais le pire, le pire de tout dans la vie d’un homme, c’est de perdre un bébé. Et quant à lui, à l’homme le plus cher au cœur de Dieu, Dieu lui fera perdre cinq ou sept garçons en très bas âge, l’un après l’autre. Et vas-y que Dieu le comblait d’un garçon, et vas-y que Dieu le lui arrachait alors qu’il n’était en­core qu’un adorable bébé. Et vas-y que cela recommençait et recommençait. 
Et crois-moi, aussi bien Gabriel que moi-même, nous avions vu l’immense désarroi dans lequel il plongeait, à voir mourir ses enfants, bébé après bébé. Si bien que par moments il perdra confiance en Gabriel, et donc en Dieu. J’avais vaguement essayé de le consoler, mais Dieu préférait que ce soit Gabriel qui s’en charge, puisque c’était Gabriel qui le connaissait depuis qu’il l’avait rencontré dans une grotte. 
Et il avait fallu beaucoup de persévérance à Gabriel pour le ramener sur le chemin de Dieu.
En tout cas, ne survivra au final de la catacombe divine qu’une seule et unique fille. Ce qui était la plus haute des hontes dans un milieu hostile, où seuls les garçons étaient utiles pour le commerce, et pour la guerre. Et sur­tout pour la descendance, cela va de soi. 
Et ce homme-là finira par trouver quelques petites consolations quand sa fille unique lui donnera deux petits-enfants. Deux adorables garçons jumeaux, qu’il chérira comme les pru­nelles de ses yeux.
Mais bon, Dieu n’en finira pas avec lui. Car même après sa mort, et même pendant qu’il était assis à la droite de Dieu, Dieu continuait à éradiquer ce qui lui restait de descendance sur terre. Et par la main même de ceux-là que cet homme-là avait hissé plus haut que tout autre de leur époque.
Et en premier ils avaient assassiné les jumeaux. 
Et ensuite toute leur descendance, les uns après les autres, avec un infini acharnement à les poursuivre loin, très loin de leur contrée…

Tu vois, de tout cela, je t’entretiendrai plus longuement la prochaine fois. 

Mustapha Kharmoudi
Besançon le 31 décembre 2023

Illustration 1
Satan

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