Avant de continuer à dérouler l'histoire de ma famille, qui m'a conduite
à apprendre l'arabe, j'aimerai vous montrer ce qui m'a amenée à apprendre
à lire et à écrire en arabe.
Je vis à Haifa en Israël. Cette ville est considérée comme une municipalité
tolérante, où juifs et musulmans vivent en harmonie.
Quand je suis venue en Israël, cela m'a fait bizarre de voir tout
écrit en hébreu.
Au fil des mois, j'ai remarqué l'alphabet arabe ici et là.
Je l'ai trouvé fascinant. Ces rondeurs, ces dessins, ces
lettres esseulées m'ont interpellée.
Mais bon, je me suis mise d'abord à l'hébreu.
Avec succès.
C'était un rêve pour moi de pouvoir
lire des romans, dans une langue étrangère,
sans m'aider d'un dico.
Il est très bizarre de constater
que mon hébreu a dépassé mon anglais.
Cela m'a vexée.
Du coup, je me suis remise à cette langue.
J'ai remarqué qu'ici, on n'écrivait pas
la même chose sur les murs , par exemple, d'un abribus
ou aubette.
A Haifa, si vous êtes arabophone, vous aurez la surprise
de constater qu'une partie du panneau, avec les détails
sur les lignes d'autobus, n'est pas en arabe.
La plupart, oui, donc ou l'auteur n'a pas su tout
écrire en arabe ou ...je vous laisse juge d'émettre
un jugement.
Mais vous pouvez avoir la même surprise, à la
devanture d'un magasin russe: Les horaires ne sont
pas les mêmes en hébreu et en russe. Le magasin est
ouvert le samedi, je vous laisse deviner dans quelle
langue c'est indiqué. Et bien sûr, on a oublié l'arabe!
Et quelques fois, on peut se demander quelles sont les
langues officielles d'Israël.
L'affichage dans l'autobus est surtout en hébreu et en
anglais. Mais dès qu'il s'agit d'un avertissement, c'est
écrit aussi en arabe.
J'ai aussi vu un autocollant sur lequel on pouvait lire
en hébreu, en russe et en arabe, les consignes pour jouer
en toute sécurité dans un jardin public. Pourquoi ne pas
écrire aussi en russe....mais dans ce cas, elle devrait être
en troisième position.
Je précise qu'Israël a juste deux langues officielles.
J'ai pu constater, tristement, que l'arabe n'était pas
une langue bienvenue dans ma ville.
D'ailleurs, certains souhaitent qu'on la gomme.
Toutes ces constatations m'ont amenée à vouloir
apprendre à lire, puis à écrire en arabe.
Après une opération, j'ai eu beaucoup de
temps libre, ce qui m'a conduite à apprendre
l'alphabet. Puis naturellement j'ai commencé à lire.
Un jour j'ai découvert que l'Institut du Monde Arabe
publie un magazine.
Ce dernier propose des articles avec des lexiques,
un supplément littéraire...Une partie est en français
et les textes ont trois niveaux différents.
Un petit bijou! De plus les numéros anciens me
coûtent moins.
Du coup, j'ai commencé à lire et à découvrir des auteurs
arabes comme Mohamed Choukri, Ben Salem Himmich
(magazine 64 de 2008), Amara Lakhous, qui écrit
en italien! (magazine 74 de 2012),
ou encore Elias Khoury.
Pour l'instant je les lis en hébreu, en français ou en
anglais.
Un jour, j'espère en arabe.