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Billet de blog 29 juin 2018

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Pourquoi j'apprends l'arabe IV

Je n'écris pas cet article pour vous convaincre d'apprendre l'arabe. En fait, l'idée m'est venue, en entendant les gens dire, que cette langue était très éloignée de moi. Vraiment? (suite)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après avoir vécus quelques temps en appartement, mes parents

qui ne souhaitaient pas acheter un bien, y ont été contraints.

L'appartement qu'ils occupaient à Lille était un logement social,

et donc ils devaient payer le maximum, car leurs revenus étaient

plus élevés que ceux de leurs voisins.

Ils ont donc acheté une maison avec jardin, où tout était à

refaire. Nous sommes passés d'une grand ville à une commune.

J'avais déjà 7 ans et étais très observatrice.

Il était clair que mon père était différent des autres paternels.

Son chapeau, son teint, mais aussi son envie d'être le

Père Noël de sa banque, au sens propre.

Chaque année, sa banque organisait une fête de Noël,

et il avait obtenu le droit de revêtir la tenue rouge 

et blanche.

Quand j'ai entendu dire que Mazarine, enfant, avait dit

que son père était le Président de la France, à ses

camarades d'école, en montrant sa photo, 

je me suis souvenue, qu'enfant je racontais que

mon père était le Père Noël.

Et c'était tout aussi vrai!

Qu'elle était loin l'enfance de mon père!

Je viens de lire "Les trois exils: juifs

d'Algérie" de Benjamin Stora.

Toute cette violence, tout ce déracinement,

mais aussi la sidération et la fuite en avant.

Mon père a choisi de vivre à fond, faisant

fi de son coeur défaillant.

Il s'est donc investi dans la vie sociale

de sa petite commune et de son travail.

Je ne pouvais pas m'imaginer la vie

antérieure de mon père. C'était comme un

rideau, un voile.

Un jour avant de mourir, il l'a déchiré 

devant la fille de ses amis.

C'était le Jour de l'An, et il devait avoir

un peu trop bu. 

A cette jeune femme de vingt ans,

il a dit: "Tu sais, j'ai une fille de ton âge".

Elle a éclaté de rire. 

Ma soeur et moi étions encore mineures.

C'est la seule fois, connue de moi, qu'il se soit

laissé à faire ce genre de confidences.

En fait, mon géniteur ne me parlait jamais

du passé. Mais il était clair que son rapport

à nous, ses enfants, n'était pas normal.

Ma soeur et moi n'avons pas appris à 

rouler à vélo avec nos parents.

C'était un peu comme si nous étions cachées

par un mort et une absente.

Mon père a emprunté un vélo, a essayé

d'apprendre à rouler à ma soeur.

Elle n'a pas réussi!!

Il a rendu le vélo.

C'était une leçon express!

Cette scène s'est reproduite plusieurs

fois, dans d'autres domaines.

Comme si mon paternel avait renoncé

à nous élever. Comme s'il regardait

constamment dans le passé, dans sa

vie antérieure, dans ce trou noir.

Du coup, en grandissant, j'ai regardé

moi aussi en arrière, pour comprendre.

Et maintenant, je me demande avec qui 

vais-je pouvoir communiquer en arabe.

La nouvelle loi montre qu'il y a beaucoup de

racistes en Israël.Mais il y a aussi beaucoup 

d' israëliens arabes qui se résignent.

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