Nabile Farès

psychanalyste, écrivain, publications, ed du Seuil, Maspéro-la découverte, Harmattan, Actes-sud, Gallimard, Achab, ed du Crépuscule, psychanalyse actuelle

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Billet de blog 19 avril 2016

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Solidarités et déshumanisations : passes et impasses d’hier et d’aujourd’hui

Pourrions-nous vraiment tirer profit d’un certain d’impasses, d’évènements et de pensées qui ont déjà coûter si cher à ce qu’il est convenu d’appeler l’humanité que nous sommes et serions, dont, en tant qu’êtres humains, nous sommes partie ?

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Pourrions-nous vraiment tirer profit d’un certain d’impasses, d’évènements et de pensées qui ont déjà coûter si cher à ce qu’il est convenu d’appeler l’humanité que nous sommes et serions, dont, en tant qu’êtres humains, nous sommes partie.

L’évolution du droit positif, au-delà de la hiérarchie des normes de Hans Kelsen (anti-esclavagiste, anti-inquisitorial, anti- colonial, antisémite, anti-torture et anti-génocide, anti-extermination ; les notions de «  Crimes contre l’humanité », «  crimes de guerres », « droits fondamentaux » ont éclairé, même si ces crimes continuent d’exister, notre modernité) a permis que soit marquer une limite juridique et existentielle, éthique et historique entre ce qui relève de l’humanité comme valeur positive, et l’inhumanité comme valeur ( eh oui !) négative destructrice de soi et de l’autre humain en son humanité, toujours à combattre et destituer.

Le langage nous invite bien souvent à déceler ce qui demeure à comprendre, percevoir, et, surtout, à éviter, de ces «  impasses » que nous avons nommées entre parenthèses : esclavagismes – enfants, femmes, hommes, - colonialismes, inquisitions, arbitraires, antisémitismes, shoah, pratiques génocidaires, tentatives d’exterminations culturelles, corporelles, individuelles et collectives, tortures et mille autres inventions déshumanisantes.

Prenons, par exemple, l’expression « Un passé qui ne passe pas » qui, aujourd’hui, peut, sans défaut ni restriction, qualifier chacun de ces évènements en impasses de l’humain, des droits fondamentaux revendiqués, reconnus, de l’humain, radicalement mis en question, niés, outragés, moqués, bafoués, déniés,  hiérarchisés, déshumanisés jusque dans leur existence langagière comme dans cette expression dégradante de

«droits de l’hommiste ».

Si l’humanité, ainsi que chaque espèce, minérale, végétale, animale, etc… est semblable dans ses constituants chimiques, moléculaires… elle demeure diverse dans ses réalisations et actualisations sociales, coutumières, imaginatives, intellectuelles, scientifiques, philosophiques, littéraires, linguistiques, politiques, qui, elles, concernent les moments éthiques de l’humanisation et de la déshumanisation, et, il s’agirait alors, de saisir, à chaque moment d’histoire locale et universelle, le moment critique de cette limite  - humanisation/ déshumanisation – Ainsi, si l’on prend « l’évènement Daech » comme évènement et acte en impasse, on reconnaitra aisément que cet évènement  - car cela fait évènement – se passe à la surface de l’histoire et de la culture arabe et plus généralement de l’islam, ceci localement, et, dans le même temps, la même contemporanéité disparate, dans l’histoire universelle, et fragmentée qui, elle, intéresse chacune et chacun de nous, aujourd’hui.

Cet évènement, et ces évènements déjà cités en impasse, ne manqueront pas d’intéresser et de solliciter l’attention des générations actuelles et futures, et, comme tels, c’est-à-dire à cause de leurs situations d’impasses vis-à-vis de l’humain, d’être dans une position de rendre nécessaire leurs dépassements.

De l’expression « un passé qui ne passe pas », il faudrait saisir ce que celle-ci veut bien lisser entendre du franchissement de cette limite entre humanisation et déshumanisation, nous faisant savoir que, selon les circonstances, les conjonctures évènementielles et politiques, les qualités, valeurs, droits fondamentaux individuelles et collectifs de l’humanité, peuvent être niés, bafoués, récusées, caricaturés, moqués, perversement et jouissivement, combattus, exangues, momentanément détruits ; et, ce qui ne passerait pas de « ce passé qui ne passe pas » serait ce moment où, dans l’humanité,  été, aura été, provoqué une crise qui aura mis, mettrait, en péril les valeurs de solidarités,  de reconnaissances, d’égalités, d’espoir, et de persévérance, attachement de l’humain à l’humain.

Ce passé qui ne passe pas est la marque traumatique, traumatisante de ce qui a failli dans le lieu de l’altérité et de responsabilité qui lie les femmes et les hommes, les générations entre elles : ce qui fait de chacune et chacun de nous des êtres responsables autant du passé, du présent, que du futur.

Une autre expression  pourrait aussi marquer de moment, qui dirait l’inverse de celle du « passé qui ne passe pas » serait celle-ci « Après tout, après moi, le déluge… » ; eh bien, justement même en suspend, la question de « l’après » l’emporte.

Sisyphe, ainsi que Jonas, seraient peut-être aujourd’hui heureux d’apprendre que même si nous vivons encore  dans un monde exclusif, excluant, nous sommes dans un monde devenu solidaire, étroitement lié humainement et universellement, et à nous, femmes et hommes, de le rendre plus hospitalité, plus heureux, si possible…

Nabile Farès, écrivain, psychanalyste.

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