Pour une Kabylie r-attachée à l’Algérie.
Qui est ce « peuple kabyle » auquel le MAK fait référence ? Quelle réalité recouvre ce terme ? Combien de Kabyles adhèrent réellement à ce projet séparatiste ?
Et surtout, qu'adviendra-t-il en Kabylie de toutes celles et de tous ceux — Kabyles ou non Kabyles — qui ne se reconnaissent pas dans cette perspective d'indépendance ?
Que se passera-t-il ?
Faudra-t-il diviser la Kabylie ?
Faudra-t-il forcer des femmes et des hommes à quitter leurs terres, leurs montagnes, leurs morts, leurs racines ?
Faudra-t-il leur imposer de rompre avec leur alma mater pour qu'ils deviennent des exilé·e·s dans leur propre pays ?
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Je ne peux concevoir une Kabylie fracturée, pas plus qu’une Algérie amputée de l’une de ses régions les plus vivantes, qui a tant donné pour son indépendance et son développement. Mon lien avec la Kabylie est profond : c'est ma terre natale, le lieu de mes commencements, la mémoire de mon père, son legs le plus précieux. Mon attachement est viscéral et nul n’a le droit de m’en déposséder.
Une indépendance à géométrie variable ?
Le deuxième point concerne la question de l'indépendance de la Palestine et du Sahara occidental.
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Commençons par la Palestine.
Comment le MAK, qui prétend représenter un « peuple » et se dit démocratique, attaché à la liberté et à la justice, peut-il être indifférent voire opposé à la lutte du peuple palestinien, colonisé depuis 1948, et revendiquer le droit à l’autodétermination, principe cardinal du droit international public, ainsi que la préservation de son identité linguistique et culturelle ?
Comment ce mouvement peut-il renier la logique même de la solidarité avec un peuple dominé, alors que lui-même tire sa légitimité du soutien et de la solidarité de certains pays ? Comment peut-il qualifier les résistants palestiniens de « terroristes » tout en affichant une « solidarité totale » de la Kabylie avec Israël, un État qui, dans une impunité totale, poursuit son entreprise coloniale en Palestine et le génocide du peuple de Gaza ?
Le Sahara occidental
Ce positionnement profondément contradictoire s'applique également au Sahara occidental, un autre territoire colonisé dont 80 % de la superficie est contrôlée par le Maroc, et dont le peuple revendique pacifiquement son droit à l'autodétermination. Comment le MAK, qui prétend défendre la liberté, peut-il nier la légitimité de la lutte sahraouie ? Là encore, on observe la même incohérence : on réclame pour soi un droit fondamental tout en le refusant à d'autres.
Où est la cohérence dans une telle posture ? Quelle logique politique ou éthique peut justifier une position qui revendique pour soi la liberté et la dignité tout en la refusant à autrui ?
Il y a là une contradiction flagrante, à la fois éthique et politique.
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De quelle Kabylie parle-t-on alors ?
Ou de celle, minoritaire et repliée sur elle-même, qui s’enferme dans une logique d’exclusion et d’isolement ? Ou de celle, plus vaste et solidaire, qui se tient aux côtés des peuples opprimés, comme les Palestiniennes et les Palestiniens, ces femmes, ces hommes et ces enfants vaillants et résilients qui, au quotidien, continuent de braver l’apartheid israélien au nom de leur liberté et de leur terre ?
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