Nadia AGSOUS (avatar)

Nadia AGSOUS

Journaliste/ Ecrivaine / conceptrice et animatrice de rencontres-débats et d'émissions sur les réseaux sociaux : "AlternaCultures" et "l'Interview". En charge du Prix littéraire AFA

Abonné·e de Mediapart

103 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 mars 2020

Nadia AGSOUS (avatar)

Nadia AGSOUS

Journaliste/ Ecrivaine / conceptrice et animatrice de rencontres-débats et d'émissions sur les réseaux sociaux : "AlternaCultures" et "l'Interview". En charge du Prix littéraire AFA

Abonné·e de Mediapart

#La vie en mode confinement : Des répercussions profondes et durables

#Semaine 1 à la maison : Automne vit à Paris avec sa famille. Comme les Parisiennes et les Parisiens, il est confiné chez lui depuis mardi dernier avec sa compagne et ses deux enfants. Comment vit-il cette situation qui prend l'allure d'une crise inédite ? Que pense-il de ce confinement ? Comment sa famille s'organise-t-elle au quotidien ? Il témoigne.

Nadia AGSOUS (avatar)

Nadia AGSOUS

Journaliste/ Ecrivaine / conceptrice et animatrice de rencontres-débats et d'émissions sur les réseaux sociaux : "AlternaCultures" et "l'Interview". En charge du Prix littéraire AFA

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Energie blanche © Nadia AGSOUS

Comment vis-tu ce confinement ?

Il y a autant de manières de vivre une telle expérience, sans précédent, que de personnes : pour ma part, je prends cette expérience avec philosophie, c’est une occasion pour chacun de s’interroger sur son rôle au sein de la société, de faire le tri entre ce qui est vital ou essentiel et ce qui ne l’est pas ou plus. Le confinement, certes de façon contrainte, permet de passer plus de temps avec sa famille, d’observer les enfants et de s’investir davantage dans leur développement; il conduit aussi à redécouvrir son intérieur, ses voisins, son environnement immédiat auquel nous ne sommes pas toujours assez attentifs, faute de temps.

Comment passes-tu tes journées avec tes enfants  ?

C’est le temps qui passe, et trop vite ! En semaine, il faut reproduire tant bien que mal l’école à la maison : l’essentiel du travail le matin, en suivant les plans élaborés par les enseignants (merci à eux !), les corrections et travaux non terminés l’après-midi, une journée d’école est longue mais passe très vite, et demande beaucoup d’énergie, de persuasion et d’imagination, notamment pour faire progresser les plus petits (mes enfants sont en CE1 et en Moyenne section). Le week-end, c’est un peu plus « cool », car les travaux scolaires s’effacent, mais il faut s’occuper et occuper tout le monde à la maison, sans trop se disputer.

Il faut faire preuve de souplesse, mais pas trop, en autorisant par exemple les enfants à passer un peu plus de temps devant les écrans et notamment devant des dessins animés – bien sélectionnés si possible - que d’habitude (mais pourquoi pas en anglais ou dans une autre langue, même si les jeunes spectateurs n’apprécient pas toujours, du moins les premières fois), et de créativité (re-découvrir des jeux ou des pratiques un peu délaissés : échecs, bricolage, musique, histoires …).

Les repas sont encore plus que d’habitude les principaux points d’orgue de la vie de famille, mais des points d’orgue fort contraignants, car il faut cuisiner beaucoup, sans faire les courses trop souvent pour respecter les consignes de distanciation sociale et mangeant varié et sain pour ne pas grossir, mais aussi pour préserver les défenses immunitaires : pas trop de pâtes blanches !

Autres temps – très – forts :

- Les applaudissements aussi tonitruants que chaleureux de 20 h pour remercier les soignants, bravo à eux mais aussi à ceux qui ont eu l’idée de cet hommage gratuit qui n’a pas de prix, mais aussi à tous ceux qui le font vivre et évoluer, avec chants, bruits, musique ou chiens !

- Les annonces régulières sur la progression de l’épidémie et les mesures pour la juguler, terribles mais désormais incontournables : l’Etat, alors que chacun doit se replier au maximum dans son espace privé – quand il en a un et qu’il est assez confortable (pensées pour ceux qui, seuls, non ou mal logés, ont des conditions de confinement difficiles) -, l’Etat ponctue et régule plus que jamais nos vies et la vie sociale.

Un clin d’œil : les vidéos, images ou photographies tordantes des plus imaginatifs des confinés, notamment en Espagne et en Italie, nos grands et proches voisins durement éprouvés.

De ton point de vue, quelles répercussions ce confinement aura-t-il sur nos modes de vie futurs ?

Même si c’est trop tôt pour le dire, je pense que ces répercussions seront tout à fait considérables, profondes et durables. Il faudra penser à l’essentiel et lui donner de la place : la capacité de chaque société à soigner et sauver des vies en premier lieu ; en France, pas assez de masques, de lits de réanimation, de personnels soignants, de médicaments, scandale(s) absolus et prévisibles, inexcusable pour un pays qui se aimerait se voir comme puissant (mais la France l’est-elle encore réellement ?…) La France notamment doit pouvoir se réorganiser entièrement sur ce plan. L’économie va souffrir, beaucoup, il faut s’y préparer et l’Etat ne pourra pas tout.

Individuellement, quelle vie voulons-nous ? Quelle place accordons-nous à la vie sociale et aux autres ? seront et sont déjà des questions à se poser. Il y aura des choix différents, des débats de société, des reconversions individuelles ou collectifs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.