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Comme se déroule la 2ème semaine de confinement ?
Cette 2ème semaine nécessite une vraie discipline pour ne pas s'enfoncer totalement dans la dilution du temps et dans l'illusion du loisir. Car je suis en télétravail ! Le challenge : définir une programmation des activités et tâches à accomplir, se fixer des horaires de travail et s'y tenir, s'habiller convenablement... Ma table de chevet supporte plusieurs livres que je n'ai pas encore lus, horizon accessible désormais.
Comment vis-tu cette situation ?
Vivre en famille allège tout de même le sentiment d'isolement, qui plus est lorsque les outils technologiques et numériques permettent de cultiver les liens avec un nombre très important de parents et d'amis. Je pense à toutes celles et à tous ceux qui sont moins bien lotis que moi, les personnes sans abri, les personnes isolées, les personnes vulnérables, les personnes malades... ; je pense à toutes ces personnes qui vivent dans des pays en guerre, qui y sont persécutées, condamnées à l'exode et à l'exil. Alors, me considérant comme un privilégié, il serait indécent que je me plaigne de ce confinement. J'aimerais juste me promener dans le jardin de la maison que nous avions dans l'Aisne jusqu'au printemps 2013, mes rosiers me manquent un peu.
Le confinement a induit d'autres modes de travail ?
Comme je le fais à mon bureau, je travaille essentiellement sur mon ordinateur personnel, ayant récupéré mes dossiers de bonne heure le mardi 17 mars. Je m'applique au rapport de situation comparée entre les femmes et les hommes en 2019 et je prépare les échéances à venir. Je contribue aussi à mon niveau à relayer les initiatives d'entraide et de solidarité, utilisant notamment les réseaux sociaux, en lien avec la collectivité et avec des habitants.
Cette crise sanitaire aura-t-elle un impact sur nos comportements et sur nos modes de vie ?
Elle l'occasion de réfléchir autrement notre rapport à nous-mêmes, aux autres, au monde. De nous départir, en tout cas de modifier des habitudes de consommation héritées de l'American Way of Life dont on voit aujourd'hui les conséquences écologiques sans nier que ce mode de vie m'a conduit au confort dont je jouis au moment où j'écris. Il serait bon aussi que nous cultivions le goût des autres et que la considération des autres devienne une préoccupation mieux partagée. Les mouvements de solidarité que nous saluons ne peuvent s'éteindre dès le confinement terminé. Et si seulement nous pouvions relativiser certains de nos maux en les jaugeant pour ce qu'ils sont réellement et en évitant de les classer systématiquement parmi les pires calamités pour lesquelles nous vitupérons, nous dramatisons, nous interpellons... Politiquement, j'espère que la crise que nous traversons conduira à changer les paradigmes qui prévalent aujourd'hui au sein de l'Union européenne, à faire de la solidarité, de l'éducation, de la culture les véritables enjeux du monde futur. Mais je crains que nous ne nous perdions dans la fête et le divertissement qui ont des séductions plus accortes.