Jacques Simon est articulteur. Autrement dit, artiste, paysagiste, urbaniste, dessinateur, photographe, poète. Il travaille dans la nature et en ville, avec des branches de châtaignier, des baguettes de saule, de la neige, de l’herbe ou des matériaux inhabituels comme le film plastique. Ce grand jeune homme de près de 80 ans se joue de l’éphémère et du durable, conjugue avec bonheur beauté et question sociale, noircit et colore ses carnets de croquis et pages de notes. Fort discrètement, il fait rhyzome.
Isabelle Gautray, son éditrice (Passage Piétons) a eu la bonne idée de rééditer en fac simile remis en page les textes et dessins de son ouvrage Arbres, paru en 1965 aux éditions Hachette et devenu introuvable. Et voilà un bonheur de petit livre à toujours emporter sur soi pour aller se promener, d’autant que ses quatre cents pages sur papier bible sont remarquables de légèreté. Plus de cent cinquante arbres y sont présentés : croquis sur la page de droite, description en vis-à-vis, mais aussi dessins de bourgeons, feuilles, fruits, complétés en fin de volume par des photographies d’écorces. Un livre utile, donc, en toutes saisons !
La précision et la justesse du vocabulaire de Jacques Simon placent ce livre à la frontière de la poésie. L’extrait suivant permettra d’en juger : « Les bourgeons contiennent les ébauches des jeunes feuilles et des futurs rameaux. Ils sont nus, velus ou pubescents, secs, mous, résineux, écailleux, de coloris divers et de formes variables : coniques, ovoïdes, ronds, fusiformes, suivant les espèces et les organes qu’ils produisent. On distingue les formes suivantes : terminaux, situés à l’extrémité des rameaux ; axillaires d’où naissent les pousses latérales ; ces deux sortes de bourgeons sont dits normaux par opposition aux bourgeons dits préventifs ou dormants, qui restent dans les tissus dont ils suivent la croissance jusqu’à ce qu’une raison fortuite (apport d’engrais, trouées de lumière dues à la coupe d’arbres voisins) les fasse se développer avec parfois une très grande vitalité ; adventifs ou cicatriciels, encore appelés prompts bourgeons qui naissent sur une coupe d’abattage ou d’élagage en un point quelconque du végétal. Ce sont eux qui permettent la régénération de la forêt, en fournissant les drageons qui se développent sur les racines des espèces traçantes (chez les feuillus seulement) et qui fournissent les rejets de souche chez le Sequoia sempervirens (seul conifère rejettant de souche) et chez beaucoup de feuillus. »
On peut actuellement rencontrer Isabelle Gautray sur le stand Ile-de-France au Salon du livre de Paris.
Jacques Simon et Isabelle Gautray ont, durant tout ce printemps 2009, des rendez-vous avec la population du quartier de Beaubreuil, à la périphérie de Limoges, à l’occasion d’un projet « Jardins métissés, jardins partagés » initié par les bibliothécaires de la bibliothèque francophone multimédia (annexe de Beaubreuil) en partenariat avec le service parcs et jardins de la ville et les acteurs de la vie locale. Renseignements au 05.55.35.00.60.
Arbres (dessins, textes et incursions improvisées en extérieur, Jacques Simon). Passage Piétons, 2008
Le site de la Bfm (bibliothèque francophone multimédia de Limoges)