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Billet de blog 8 mai 2009

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NS Le Président, short and dirty

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jamais trop tard ! En cette veille du 8 mai, je lis "Sarkosy m'a tuer", l'article du 28 février dans Le Monde, de Barbara Cassin (philologue et philosophe, directrice de recherches au CNRS et du Centre Léon-Robin sur la pensée antique).

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article1999

Je l'écoute dans le débat sur @si (arrêtsurimage.net) du 27 mars (accès libre) :

http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1810

Tant de diplômes ou tant de qualités pour dire si bien, enfin, ce que je ressens à entendre NS Le Président, à écouter la langue si personnelle, si curieuse, si incorrecte, d'un président de la république authentiquement élu. Un président qui parle short and dirty, qui va au plus court, au plus direct, et salement. <!--break-->Un président contre qui l'on a envie de sortir sa culture. De faire vivre la culture qu'il a "tuer".

NS Le Président, que tout le monde comprend sans qu'il soit clair, nous parle-t-il à nous tous ? NS Le Président ne respecte pas notre langue, NS Le Président ne respecte pas ma langue. Il fait simple, très simple : "Faut parler simple, mais parler juste", dit-il. Il mime la langue de ceux qui ne savent pas. "Je" parle comme "eux", j’écris aussi mal qu’eux : ils croiront que je pense comme eux, ils penseront comme moi." (Barbara Cassin)

Au temps où j'étais ouvrier, nous entendions François Mitterrand ; nous nous sentions concernés par son impeccable langue. François Mitterrand nous parlait, François Mitterrand me parlait. Nous nous sentions respectés par ce langage. NS Le Président ne me respecte pas. NS Le Président ne me parle pas à moi.

Pas plus que Barbara Cassin, "je n’ai […] eu l’agrégation, pas plus que notre président n’a eu son diplôme de l’Institut d’études politiques." Que tous les "nègres" de l'Elysée reproduisent cette langue sans désemparer, fautes comprises, atteste qu'il s'agit bien d'une persévérance obstinée, obligée, à la parler ainsi, méprisant l'orthographe et la syntaxe du français ; méprisant ceux qui l'entendent. Une volonté politique délibérée.

Contre quoi je sors ma resserre à citations :

"… le bon sens. C’est à dire une vérité qui s’arrête sur l’arbitraire de celui qui la parle." (Roland Barthes)

«… il ne peut y avoir de politique si l'on n'est pas attentif aux possibilités du langage.» (Philippe Beck, "Chants populaires", Flammarion «Poésie», 230 pp., 18 €) (j'indique ici son prix ; que ne l'ai-je encore acheté ni lu, ce livre que je recommande à tou-te-s mes ami-e-s, sur ma seule foi en quelques mots)

Quand je lis La Princesse de Clèves, je plonge dans un siècle où la Loi religieuse qui règle les corps et les coeurs, elle oppresse, elle écrase, elle est omniprésente, on la croit naturelle. La Loi de NS Le Président, que sa parole agit par son imperfection même, elle voudrait s'imposer avec le même naturel, celui de l'oppression méprisante.

NB : autres mots en quoi j'ai foi, de Philippe Beck aussi, qui écrit (mais ça a-t-il à voir ?) : «C'est parce qu'il y a des possibilités inaccomplies dans le passé que le présent peut recevoir un sens. Arendt le dit : il ne faut pas confondre tradition et passé. On doit visiter le passé. Il y a "re" dans révolution. Ce n'est pas la répétition ni la réforme simple. C'est la réassomption de possibilités qui n'ont jamais été réalisées. Qui sont disponibles dans le passé commun.» À écouter NS Le Président, avons-nous un passé commun ?

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