Mercredi 15 juillet 2009, centre de rétention du Mesnil-Amelot :
«Hier, j’avais un vol. C’est la quatrième fois qu’ils essaient de m’expulser. A chaque fois j’ai refusé. Hier ça s’est mal passé. Les policiers m’ont tapé, ils m’ont fait la misère. Ils m’ont insulté : "terroriste, sale islamiste, connard d’arabe".J’ai porté plainte. J’ai le témoignage des gendarmes. Quand je suis revenu au centre, les autres quand ils ont vue mon état ils ont décidé de faire une grève de la faim [hier soir].Moi aussi, je fais la grève. Demain, j’ai encore un vol programmé. J’ai toute ma famille en France, je ne veux pas retourner au Maroc, j’ai personne là-bas. Dans l’avion, j’avais cinq flics sur moi. Il y en a un qui a mis son genou sur mon ventre. Ils ont serré fort les menotté et les ont accrochées avec un crochet à mon pantalon. Ils m’ont scotché les chevilles et les poignets. Tout ça, ça s’est passé devant les passagers. Je ne sais pas trop si les passagers ont réagi, j’ai pas l’impression. J’étais choqué. J’ai essayé de me trancher la gorge avec une lame." M.K. a avalé des lames de rasoir ce matin pour empêcher son expulsion. il a été conduit à l’hôpital de Meaux. Les médecins ont déclaré n’avoir trouvé aucune lame. Il a été conduit à l’aéroport.
K a été présenté au vol de la Royal Air Maroc pour Casablanca à 14h10 à Orly : il était saucissonné, mains menottées dans le dos et accrochées au pantalon, les genoux repliés par une ceinture. Plusieurs personnes étaient présentes à l’aéroport pour prévenir les passagers de la présence d’un expulsé. K. a été monté dans l’avion et les passagers ont immédiatement protesté en le voyant ligoter et hurlant. Il a été redescendu après 10 minutes. Mais ce n’était pas encore fini ! Les flics ont décidé de le représenter au vol de la RAM de 16h50. Encore une fois, un petit groupe de personnes a réussi à alerter les passagers, qui ont manifesté leur opposition à l’expulsion. K. a été débarqué et amené au commissariat de la PAF à Orly où il a été placé en gav.
K. passera demain au tribunal de Créteil à 13h30 (Métro Créteil-Préfecture). Soyons nombreux pour le soutenir !
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MONTREUIL (et autres lieux)
Qu'est donc devenue la police ? A-t-elle le droit de mutiler ?
«Il n’y a pas eu d’affrontement, explique Stéphane Gatti [le père de l'homme dont un oeil a été détruit mercredi 8 juillet par un tir de flash-ball à la face. Il peut témoigner de la manifestation, où il était présent, même s'il n'a pas été le témoin direct du tir qui a touché son fils]. Cinq personnes ont été touchées par ces tirs de flash-ball, tous au-dessus de la taille. Il ne peut être question de bavures. Ils étaient une trentaine et n’étaient une menace pour personne.»
http://www.liberation.fr/societe/0101579396-un-tir-de-flash-ball-creve-l-il-d-un-manifestant-a-montreuil
Il faut le relire : Cinq personnes ont été touchées par ces tirs de flash-ball, tous au-dessus de la taille. Cinq (cinq !) tirs au-dessus de la taille, avec une arme réputée non létale, mais qui risque de l'être dans ces conditions de tir. Cela indique bien l'intention des policiers de répondre aux violences qu'ils subissent par des violences plus grandes encore.
On peut comprendre l'exaspération et la colère de ces policiers. Les policiers "de base" sont touchés, comme leurs supérieurs. En témoigne, ce lundi 13 juillet, le "directeur départemental de la sécurité publique qui, interpellé par des habitants, aurait rétorqué : «si vous n'êtes pas contents, il faut être conscient du fait qu'en Iran, on tire sur des gens»."
http://www.liberation.fr/societe/0101579654-affrontements-a-montreuil-lors-d-une-manifestation-contre-les-violences-policieres
Voici donc qu'un homme, qui a la responsabilité de diriger la police en action, prend argument que dans un autre pays, la police n'hésite pas à tuer. Où sommes-nous ? Quel Etat, dans quel état, pour ce que nous devons persister à conserver : notre démocratie ?
Que fait, ici, la police ? Elle est, depuis quelques années, entrée dans un cycle répressif où la seule augmentation de l'usage de la force tient lieu de réponse, partout où l'ordre est troublé. Elle en est venue à appliquer des méthodes systématiques de mise en danger de la vie des personnes. Quelles que soient la culpabilité présumée de ces personnes vis-à-vis de la loi, la règle n'est-elle pas le respect de la vie de tous ? Ou bien s'agit-il pour la police de répliquer, non pas "oeil pour oeil, dent pour dent" (ce qui dépasserait sa mission de rétablir le calme), mais "pour un oeil les deux yeux, pour une dent toute la gueule" ? (ce qui dépasse l'entendement, s'agissant d'une stratégie en vue de la paix - et pourtant n'est-ce pas ce qui arrive maintenant ?)
Nous, simples citoyens, nous savons que c'est avec mesure et en respectant la proportionalité de leur réplique aux coups qu'ils reçoivent, que ces représentants de la loi, dépositaires de la force publique (certains se nommaient autrefois "gardiens de la paix" !), ont pour mission d'appliquer cette force dont la loi, c'est-à-dire chacune et chacun d'entre nous, les a faits dépositaires. Au vu des blessures et des décès survenus récemment et depuis quelques années, il est clair qu'un régime de terreur s'est installé.
Nous conservons le droit de manifester… à nos risques et périls.
La mort de Monsieur Ali Ziri, entre autres décès récents, nous rappelle qu'un contrôle de police est devenu un risque mortel.
Il ne s'agit plus de se demander "vers où allons-nous ?", mais "où sommes-nous ?".
Plus qu'éborgnée, la démocratie est mise en péril par ses protecteurs armés. Pourquoi ? Dans quel but ?