On ne peut rien, de rien
L’arme est braquée, toujours
Chargée
Bourrée de mort
Toujours prête
Rien, on n’y peut rien
Ce regard de néant vous tient
Ce plomb pèse
Vous cerne, vous encercle
Écrase tout
Et vous ne le voyez plus
Vous ne savez que ce poids
Cette chape
Cette pesanteur à laquelle on ne peut échapper
Ce grand œil noir
L’oiseau invisible plane
Les nuages passent, le soleil revient
L’oiseau de prunelle sombre vous fixe
Invisible
Sa serre vide vous tient déjà
Chaque instant est sa proie
Chaque corps déjà tombe
La dernière pelletée jaillit
Sa courbe parcourt le temps
Le temps d’une vie
Désignée
Réduite à rien
Écrasée sous le regard de l’arme
La douleur est la même
Si forte et constante qu’on ne la sait plus
Braquée, l’arme menace et se tait
Qu’importent soleil ou lune,
Sommeil ou veille,
En silence la charge attend
Le chien sait qu’il mordra