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Billet de blog 30 décembre 2009

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Griffe

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Quelque chose de toi s’est perdu

Qui mange mon sommeil

Un soleil ?

Une main en allée

tend l’écuelle

Où le loup lape

Le loup ne dort pas

Le loup trotte en dormant

Dans les bois

Humant les herbes

les feuilles

L’éclair et le vent

La main

tend l’écuelle

La main d’homme

La main de caresses

La main de messe

Il boit

La main sans fin

Dans sa nuit

se pose

Elle tient

Sur la course du loup

À ce qu’ils soient rêvés

Les cimetières où il dort

Trottant, humant, hurlant

Comme un sacre infirme

Une aiguille épointée

Une fumée froide

Quelque chose de perdu

Trotte avec le loup

Sans fin

Lape l’écuelle vide

De nuit

Souffle au ras du sol

Quelque chose se perd

Bouscule l’ombre

Sursaute au vol de coton bleu

d’un hibou

Sombre dans le sombre

Parmi les tombes

Ombre filant

Vent de fourrure grise

Douleur exquise

Silence feutré de griffes

émoussées

Au sable des allées

Marquant sa trace

Le beau loup gris

L’enfant de nuit

Le trotteur infini

parle et crie

Griffu

Le loup dit

J’entends

Sourd

Il inscrit

Ce qu’il ne peut savoir

Il ignore dire

Je suis

J’écris

Il a hurlé

Une écuelle moussue

Bosselée

Gît sur un marbre terne

Le ciel s’en va

Perdu

Aux mousses dérangées

Au sable mouillé qu’il effleure

Sa trace

* * *

Quelque chose en toi se perd

Qui mange mon sommeil

Tu dors

Dans le chagrin du vent

Crissant

Courant le temps

L’œil se ferme

Aux chemins d’eau

Calme

Posée

La tête sous la lame

Une lune faseille

Sous la surface

Voilée

Je suis la roue qui crie

Et monte l’eau du puits

Tu ne l’entends plus

Qui boit ?

* * *

Courir

La main l’a dit

Elle tend la course du loup

Truffe pointée au sol

La main se tait

Il court

Entre les marbres des tombes

Il dort

Au long des allées

Le gravier dérangé

Retient d’un souffle sa voix tue

La désunion s’inscrit

La main qui donne

à boire

La main en allée

La main chaude de chair

écuelle vide

La main sait qu’il boit

Fugace

Il a passé

Tout revient à une paume

Tendue

Posée

Mieux qu’un croc perce la chair

Le gravier sait le vrai

Le juste

Le nécessaire

L’impossible qui va

Inscrit

* * *

Quelque chose est perdu

Qui mange le sommeil

Ce qu’il fuit c’est cela

dans ce remugle ancien

au mur aboli des tombes

L’odeur de Louve

Toute main l’abreuve

Tendre défaite

Impossible nid

Chaleur inouïe

Des larmes complices

Des sourires satisfaits

Un sang versé pour lui

Les marbres accumulent

Ce qui ne peut figer

Quand il passe en trottant

Léger, continu, porté

Poursuivi, abreuvé

Empli de sa terreur

Et parcourant les spasmes

Sa griffe marque au sol

L’impossible oubli

Sa course trace l’épure

Salie de signes

Du tendre qui tue

* * *

Le loup neige

Son silence sourd

Sa silhouette

Furtive

Décidée

Continue

File sur le sable

Allées Cyprès noirs Lune

Le loup neige son silence

Entre les tombes

Si la lune se cache

Plus rien ne détache

D’entre les marbres gris

Ce cri qui se tait

Le loup recouvre de sa course

Le silence étendu là

Il est l’ombre du silence

La griffe noire qui se marque

Ce qui ne fait que passer

La main s’oublie

Suspendue

La main qu’il dépose

Infiniment pressé

Au bord de la mort

Au bord des morts de glace

Et que l’oubli protège

Cette conservation

Ombres sous dalles

Cette odeur que nul ne sait

Qu’il poursuit

Fumet de vie

Il la parcourt et se tait

Il file entre les tombes

Flèche grise

Tremblement de nuit

Flocons tranquilles

Que chaque pas dépose

Rideaux à peine écartés

Voile sans vent

Mer à l’étale

C’est sa sombre voie lactée

Le chemin de sa ronde

Sa veille d’ossements

D’assèchements pérennes

Le loup neige sans retard

Comme un fruit sec

Son pied d’éclair

Il n’est que pour passer

Il est pierre tombée

Caillou qui se pousse

Tout ce don de passage

Que consacre l’oubli

* * *

La main qui se lève

Rien qu’un rêve

Rien qu’une trêve

La main en allée

Retombe

S’enlève

Le veilleur disparaît

Son domaine évanoui

Le loup trotte

passe la limite

Mufle haut

Truffe chaude

Il poursuit sa route

ses ombres

ses rêves

La main sans fin

La main de messe

En allée

Elle seule sait

Qu’ils sont rêves de loup

Les cimetières où dormir

Trottant, humant, hurlant

* * *

Quelque chose en moi perdu

A mangé mon sommeil

À peine filtrent

Sous les cils gris

La flamme sombre

Double

Aveugle

Voyante

La flamme sombre qu’on n’a pas vue

Tant feule dans la gueule fétide

Un cri qu’étouffe le souffle

Tout ce qu’expire en courant

L’animal du rêve

Le dangereux canidé

Qui va sans fin

Que va manger la ville

Et son goudron sec

Où sonnent les griffes usées

Il a retrouvé

Ce qu’être féroce

Est.

Prenez garde au loup.

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