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Billet de blog 1 avril 2009

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à la lutte, comme à la guerre

Tous les médias d’Israël sont occupés à décrier ou justifier le nouveau gouvernement de Bibi Nethanyahu (plus de trente ministres dont plusieurs sans portefeuille, des magouilles et des tractations politiques rocambolesques, un nouveau Premier Ministre qui transpire sans cesse, l’air visiblement au supplice…)

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Tous les médias d’Israël sont occupés à décrier ou justifier le nouveau gouvernement de Bibi Nethanyahu (plus de trente ministres dont plusieurs sans portefeuille, des magouilles et des tractations politiques rocambolesques, un nouveau Premier Ministre qui transpire sans cesse, l’air visiblement au supplice…)

Dans la presse et à la télévision, chacun y va de son commentaire, relayant les informations, les insultes, les critiques. Tous les yeux sont rivés sur la mise en place du plus coûteux des gouvernements d’Israël.

Tous ?

Presque. Pour ceux qui seraient déjà désintéressés des promesses politiques économiques et conciliatrices des nouvelles têtes de l’Etat, les dieux de la Télévision avaient tout prévu… Ironie poétique ou décision consciente, à l’heure de l’intronisation des nouveaux ministres se terminait le Big Brother Celebrités (émission de télé-réalité où plusieurs gens connus ont vécu sous les yeux des caméras jour et nuit pendant des mois… celle où Gidéon Levy devait participer avant de s’abstenir).

Cela fait plusieurs semaines que tout le monde ne parle que de ça.

Qui ? Qui ? va gagner ce jeu inepte ?

Or, voilà… Depuis plusieurs mois déjà, l’« Organisation des Créateurs » de programmes de télévision et de cinéma est en lutte.

La deuxième chaîne, pour recevoir de l’argent d’état, doit remplir un certain nombre d’obligation… Elle doit, par exemple, participer financièrement à la production d’un certain nombre de documentaires, de séries dramatiques et de films de fiction israéliens par an. Depuis plusieurs mois (la crise, la crise, toujours la crise) la deuxième chaîne a entériné ce qui était sa politique depuis longtemps : elle a arrêté en pleine production plusieurs films et programmes qu’elle jugeait peu rentables, et ne fait plus de création qui ne soit pas de la télé-réalité…

L’organisation des créateurs dénonce cet abus de pouvoir, d’autant que la deuxième chaîne, tout en employant de moins en moins de main d’œuvre continue d’empocher les mêmes sommes de l’état. De plus, le groupe responsable de la chaîne (qui est censé ne plus avoir un rond pour payer les salaires dus à ses employés) a fait l’acquisition d’une nouvelle chaîne « musicale » pour promouvoir les produits dérivés des émissions reality (la nouvelle chanteuse de la starac’ locale en boucle, par exemple).

Quelques actions ont déjà eu lieu, sit-in, manifestations, déboulement en plein réunion du comité d’attribution des fonds… Nadav participe à chacune.

Puisqu’il s’agit d’une dispute avec les instances télévisuelles du pays, très peu d’informations sont diffusées dans les médias… quelques articles de journaux tout au plus. Jamais cette histoire n’est arrivée à la télévision.

Avant hier, Nadav a reçu un appel, d’un numéro caché : Nous cherchons à regrouper quelques personnes de l’organisation en bonne forme physique, j’ai pensé à toi… tu es prêt pour une opération commando ? mardi après-midi, seize heures… ne parle à personne de ce coup de fil, surtout n’invite personne d’autre à t’accompagner, on est surveillé et il y a des mouchards partout.

Autant pour moi, je reste à la maison.

Nadav s’habille en couleurs sombres et disparaît.

Pas de nouvelles pendant plusieurs heures…

Je vais à la gym.

Les écrans télé sont divisés : moitié sur Bibi et le nouveau gouvernement, l’autre moitié sur la finale Big Brother.

Ah, ben non… y’a pas de diffusion sur la finale…

bloquée, la diffusion… !

L’opération est un succès.

La vingtaine des membres du commando de l’organisation s’est rendue au studio où devait avoir lieu la transmission « live » de la journée de festivité pour la fin de l’émission. Une partie d’entre eux a fait diversion (c’est à dire à fait semblant de vouloir entrer dans les studios et s’est fait malmener jusqu’à se faire immobiliser au sol par les garde de sécurité… Nadav en était, je comprends maintenant ce que ça veut dire « bonne forme physique ») tandis que les autres sont montés sur le toit du studio sur lesquelles TOUTES les caméras de captation continues étaient braquées…

Ils ont remplacé les affiches des sponsors par leurs affiches demandant des comptes à la deuxième chaîne et on réussi à bloquer l’antenne pendant presque une heure, causant un bordel monstre. Youpi !

En plus, comme dirait l’autre, ça force le débat… Tout d’un coup, des questions se posent : un documentaire, qu’est ce que c’est ? une émission de télé-réalité, est-ce que c’est un documentaire (argument de la deuxième chaîne…) ?

En attendant que les autres questions viennent : comment se fait-il que l’état envoie sa police pour protéger des voleurs ?

Bref.

Je suis TRES impressionnée de la façon dont s’est déroulée l’action.

Précis. Simple. Efficace.

Militaire, j’ai envie de dire. (Quelques images sur You tube).

Une phase de préparation/ conception (on filme, on se renseigne, on balise le terrain, on vérifie ses aspérités, on étudie) suivie d’une phase d’action (une action toute entière tendue vers la victoire).

Je regrette soudain de ne pas avoir fait mon service militaire, moi.

Enfin, pas LE service militaire mais UN service militaire, « mon » service militaire, quoi…

Après tout, plus ça va plus j’ai l’impression que la VRAIE guerre est ailleurs.

Et puisque tout le pays d’Israël sait se battre et qu’il va bien falloir en venir aux mains, j’aimerais bien être prête.

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