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Billet de blog 1 juin 2010

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depuis Paris

Vous savez ces mauvais films qui n’en finissent pas d’en finir ? La fille quitte le gars… bon, là, c’est la fin. Non, ça continue. La fille tue sa rivale… bon, ça se termine. Le gars revient après une longue disparition et ils se retrouvent… allez, clap de fin. Non, encore… Israël c’est comme ça : le pire film du monde, avec des rebondissements infinis, interminables, minables, grossiers, insensés.

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Vous savez ces mauvais films qui n’en finissent pas d’en finir ? La fille quitte le gars… bon, là, c’est la fin. Non, ça continue. La fille tue sa rivale… bon, ça se termine. Le gars revient après une longue disparition et ils se retrouvent… allez, clap de fin. Non, encore…

Israël c’est comme ça : le pire film du monde, avec des rebondissements infinis, interminables, minables, grossiers, insensés.

A chaque fois que, depuis Paris, je me rends compte que cela fait deux ou trois ou quelques jours que je ne regarde plus la une de haaretz.com au réveil, un nouvel épisode vient me rappeler à la surveillance maniaque de « ce qui se passe ». Il y a toujours quelque chose qui « se passe », comme dans un grand magasin de l’horreur.

Au téléphone hier avec les ami-e-s, force est de constater que l’amertume prévaut. Les qualificatifs d’effarement s’enchaînent et puis un haussement d’épaule : tu sais, dans une semaine on n’en parlera plus.

Quand Anat me dit ça, je suis furieuse, je l’engueule : tu n’as pas le droit de dire ça, pas le droit de désespérer, c’est dégoûtant,le désespoir, ça sert à rien, ça enfonce, c’est tout.

Et puis, je me rends compte au fil de la journée qu’ils ensont tous là, les amis israéliens. A Paris, à Tel-Aviv, à Jérusalem.

Après tout, Gaza c’était le comble de l’horreur, le plus-jamais-ça, le point de non retour, ce qui allait faire changer les choses. Ça devait être ça, au moins ça.

Et puis non. Ça continue. Encore. Plus loin dans la démence.

Yaëlle me dit qu’elle n’arrive pas à se lever de son canapé, qu’elle regarde la télé en boucle : je fous rien, je n’arrive pas à sortir les yeux de l’écran, je sais pas quoi faire.

Malgré ma détermination à ne pas me laisser envahir par le vide, mon volontarisme rageur à penser ce qui vraiment « se passe »s’émousse aussi. Penser quoi ?

Je le dis à Michal : je suis triste et ça sert à rien.

Alors, oui, on s’organise. On va manifester, on va aux« protests », mot anglais qui contient mieux que les autres l’ambiguïté un peu creuse de l’acte de marcher « contre ».

Et le mauvais film continue.

Yair m’a recommandé ce blog (en anglais) qui compile déclarations et articles/ vidéos au fil des heures: promisedlandblog.com

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