Le haut commandant de la Marine, Eliezer Marom a été pris en flag dans un strip-club il y a quelques jours de cela.
Il s’est défendu du mieux qu’il pouvait : c’est sa première fois… il était là pour un anniversaire… il n’y a passé que 10 petites minutes…
Ce n’est pas la première des affaires de ce type qui agitent le pays. Et comme dans les précédents cas, le dîner de famille s’est transformé en un pugilat en règle, les hommes d’un côté les femmes de l’autre… Il y a des comptes ouverts entre les hommes et les femmes ici. Des contentieux qui datent d’il y a des années et des années, encore à vifs.
Cette fois-ci, je me retrouve du mauvais côté… non pas à défendre cet idiot de Marom, n’exagérons rien, mais à lui trouver des circonstances atténuantes… après tout, il était en civil. Et puis s’adonner au malin plaisir de le traiter de pervers huileux (insulte au demeurant assez bien trouvée) ne fera pas avancer la cause des femmes. Si ?
Toi, tu ne peux pas comprendre.
Ah bon…
Oui, tu n’as pas fait l’armée.
Mais encore ?
Toi tu ne sais pas ce que c’est d’être la secrétaire d’un de ces connards à moustache aux mains baladeuses… Toi, tu n’as pas eu à « faire la psy » des petits gars de retour du front parce que soit disant tu es maternante et si tu ne l’es pas c’est que tu as un problème. Et puis toi, tu ne sais pas ce que c’est que d’être la mère d’une gamine de dix-huit ans à peine formée qui part pour trois semaine sans rentrer à la maison… tu ne sais pas ce que c’est de mourir de trouille qu’elle soit jolie et qu’elle plaise trop… tu ne sais pas ce que c’est que de guetter un quelconque changement dans ses yeux quand elle vient en perm’, pour voir si elle te cache quelque chose en espérant si c’est le cas que ce n’est qu’une jolie histoire d’amour et rien d’autre.
Tu ne sais pas ce que c’est que d’être une soldate… la mère d’un soldat ou la mère d’une soldate… tu ne sais même pas encore vraiment ce que c’est qu’être la femme d’un soldat…
Tu ne sais pas ce que c’est que c’est que les silences qui vont avec.
Ben non je ne sais pas.
Tu verras…
Ah, non !
Si, si… tu verras.
S’en est suivi un débat abscons sur si oui ou non les femmes doivent se battrent pour obtenir des postes combatifs à l’armée. Chacune des minorités du pays ayant donné de son sang pour mériter sa promotion du rang de minorité ignoré au statut de minorité inclue, il est tragi-comique que les femmes s’attachent elle aussi à gagner des galons sociaux par le prix du sang.
Je repense à ce que nous criions (hommes et femmes ensemble) lors des manifs contre la guerre : JE NE TIRE PAS JE N’ENFANTE PAS JE TRAHIS MON PEUPLE
Quand je dis que je ne m'identifie pas avec la cause des femmes parce que c'est la cause des femmes mais parce que je pense que c'est la cause de l'humanité qui est en jeu, Anat me prévient: ici, tu verras que tu vas vite choisir ton camp...
Un camp?
Tu es avec nous, non?...
Lu dans le Comment Faire, dernier texte de Tiqqun 2, organe de liaison au sein du Parti Imaginaire, un rappel de la proposition de "grève du ventre" des féministes italiennes dans les années soixante-dix:
"Plus de mères, de femmes et de filles, détruisons les familles!"
Ah, ils seraient bien emmerdés...
Comme c'est souligné, une telle remise en cause se voyait comme le début d'un vrai rêve subversif, une manière de libérer les "possibles comprimés" en portant atteinte "aux commerces affectifs foireux, à la prostitution ordinaire"...
Marom va rester en poste.
Passons sur l’essentiel, c’est à dire sur le fait que ce n’est pas cet incident qui mériterait excuses et actes de contrition mais plutôt ce pour quoi il est monté en grade au fil des ans, les faits d’armes pour lesquels il est régulièrement applaudi par le même public qui le conspue aujourd’hui. Passons, donc.
De quoi est-il accusé ? De rien. Il n’est plus accusé. Le commandant en chef a rassuré le public en annoçant que Marom lui avait garanti n’avoir plus de « cadavres dans son placard » (en Hébreu on dit shladim, squelettes).
Une manière élégante de dire que Marom n' a aucun autre cas d'harcèlement sexuel, ni civil ni militaire qui risque de faire surface à la suite de cette affaire.