Là, je me suis énervée. Je n’aurais pas dû ce n’est pas de sa faute. On était au téléphone… mon ami Jean se disait être rassuré par les déclarations qu’il entendait venant de Olmert. Il paraît que cela avait même fait la une des journaux en France… Olmert disant qu’il faut se retirer des territoires.
Mais mon pauvre ami.. plus personne n’écoute Olmert. Plus personne. Il peut dire ce qu’il veut, tout le monde sait qu’il ne vaut plus rien, que tous les acteurs politiques d’Israël et de Palestine sont suspendus aux élections prochaines. Et qu’en attendant, Olmert peut faire plaisir à sa femme et à ses enfants (connus pour leurs positions de gauche) avec des grands ou des petits discours plein de bonnes intentions… tout le monde s’en fout.
Alors, bon. Olmert vient de libérer plus de 200 prisonniers Palestiniens, dans un geste très démonstrativement pour Abbas, puisque seul 18 d’entre eux rentrent à Gaza.
C’est une nouvelle merveilleuse pour les familles de ces hommes et je suis ravie de la décision de Olmert.
Mais pourquoi avoir attendu autant ?
Je ne dis même pas : pourquoi avoir attendu ce moment précis, je dis juste pourquoi autant de temps ?
La question des échanges de prisonniers est très actuelle. Gilad Shalit est aujourd’hui captif depuis 904 jours. Lors d’une conférence il y a quelques jours de cela, Tzipi Livni, qui me surprend régulièrement par son refus de la langue de bois au milieu d’une faune de langues fourchues, a dit qu’en temps que ministre des Affaires Etrangères, elle faisait avec son gouvernement tout ce qui était en son pouvoir pour ramener le soldat Shalit à la maison. Mais, a-t-elle dit : on ne peut pas ramener tous nos soldats.
Ceci dans un pays où l’armée est l’armée du peuple est une déclaration pour le moins explosive. Livni a ensuite rappelé que son fils était parachutiste. Et que oui, elle espère qu’il ira bien, mais, a-t-elle dit, c’est un soldat et un soldat qui doit faire son travail…
Elle m’impressionne parfois, Livni…
Nadav m’annonce qu’elle a invité Nethanyahu et Barack a un débat triangulaire… On dirait qu’elle ne veut pas se ranger aux prévisions des sondages qui donne Bibi gagnant à tous les coups.
Malgré son camp politique (Kadima, la poubelle du milieu et la dernière mauvaise idée de Sharon avant de sombrer dans son coma), je ne suis pas tout à fait hostile à Livni. Si seulement elle arrêtait de menacer à tout bout de champ de bombarder Gaza, je pourrais dire cela en le pensant tout à fait.
Oui, je suis contre un bombardement de Gaza, oui et encore oui. Le blocus n’a servi à rien, rien du tout. Et un bombardement tout aussi inefficace et encore plus meurtrier. La journaliste Amira Hass a réussi à s’infiltrer à Gaza, hors limites depuis un moment pour la presse israélienne… Le supplémentaire du week-end de Haaretz publiait un long article fleuve et des photos d’enfants si tristes, si tristes… Je ne comprends pas qu’on puisse encore se dire que bombarder ce coin de terre serait une solution pour quoi que ce soit.
Il paraît qu’un grand nombre d’habitants de Gaza se droguent aux painkillers « tueurs de douleurs », en Français des aspirines, qu’on peut trouver pour quelques shekels dans les rues les plus peuplées du monde…
La bonne vieille interrogation de la poule ou l’œuf et de qui a commencé prend en Israël Palestine une dimension tragique constamment renouvelée… est-ce les extrémistes qui créent la situation ou la situation qui créent les extrémistes ?
La situation actuelle sur la bande de Gaza, est-elle le fait du Hamas ou une fabrication du gouvernement de Sharon ?
Le fait est que tandis que les gouvernements en Israël ont successivement refusé de dialoguer avec l’OLP et le Fatah parce qu’ « on ne parle pas avec Arafat et les terroristes », ils étaient bien obligés de prendre en compte les actes de terreurs des extrémistes qui faisaient beaucoup de bruit auprès du public, des votants. Alors, quand Sharon a jeté comme un os à un chien la bande de Gaza à son homologue palestinien, quand il n’a fait aucun geste pour témoigner de l’avancée du dialogue entre eux (je parle ici de gestes diplomatiques et politiques, comme ces libérations de prisonniers), alors oui, il a suffit que le Hamas jette quelques uns de ses missiles Quassams pour faire croire à la population de Gaza que le retrait israélien était sa victoire à lui, pas celle de Abbas… de là à la victoire aux élections, il n’y avait qu’un pas…
Nadav souligne que ce déroulement est similaire à celui qui s’est passé avec le retrait empressé et unilatéral du Liban… Après des pertes du côté israélien et sous la pression populaire, Israël s’est précipité vers la sortie… sans s’assurer du futur du pays que ses soldats quittaient.
C’est la phrase de Barak qui me revient en mémoire : il n’y a pas de partenaire de l’autre côté.
Bref, aujourd’hui les seuls avec qui parler seraient ces fous extrémistes qui, soit dit en passant, se sont tout de même fait élire démocratiquement… ces fous qui ont fait une parade militaire avec son habituel lot d’enfant en uniforme, de soldats prêts au combat et de cris de haine envers Israël. Avec en invité surprise un comédien en uniforme de soldat israélien, déguisé en Gilad Shalit suppliant Israël céder aux demandes du Hamas.
C’est Buddah qui l’a dit : si la haine répond à la haine, où la haine finira-t-elle ? Il n’avait pas prévu la ténacité de ceux qui gouvernent cette partie du monde et leur détermination à ignorer l’urgence dans laquelle on plonge tous les jours un peu plus.