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Billet de blog 19 février 2009

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ce qui reste

Si j’étais le père de Gilad Shalit, je ne sais pas ce que je ferais, me dit Nadav par-dessus le journal.

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Si j’étais le père de Gilad Shalit, je ne sais pas ce que je ferais, me dit Nadav par-dessus le journal. Ce sont les gros titres ce matin : ce qui se passe avec le soldat Shalit, kidnappé depuis plus de neuf cent jours (sur haaretz.com on peut même voir les minutes et les secondes défiler en temps réel) ou plutôt, les titres assènent la question que tout le monde se pose : qu’est ce qui se passe avec Shalit ? Et force est de constater que personne ne sait. La libération de Shalit a été présentée comme l’une des raisons de la guerre.

Notre voisin n’est pas le seul qui a mis un énorme drapeau israélien sur son balcon pendant l’attaque sur Gaza puis a décidé de le laisser en place « jusqu’à ce que Gilad rentre à la maison ». Les soldats, au sortir de Gaza, demandaient aux journalistes pourquoi ils quittaient le terrain alors qu’il n’y avait pas de nouvelles de la situation de Gilad. Juste avant les élections, il semblait que Kadima faisait son possible pour ramener le soldat à la maison. Le jour même, à l’entrée des bureaux de votes, à côté des banderoles horizontales des partis politiques, on voyait la banderole blanche et bleue de l’organisation pour la libération du soldat ; certains des votants arboraient un brassard avec la désormais célèbre photo du jeune homme qui regarde l’objectif sans sourire, ado imberbe qu’on sent un peu gauche, un peu gêné de l’attention qu’on lui porte.

Je me demande à quoi il ressemble maintenant.

C’est Israël qui fait ça maintenant, les théories du complot j’en vois partout. Alors je dis à Nadav : à mon avis, Olmert veut la libération de Shalit pour redonner un peu de sens à son très peu glorieux mandat, jalonné d’affaires de corruption, de guerres sans victoires, de compromis médiocres. Mais aussi, je dis : peut-être que Nethanyahu voudrait avoir dès ses premiers jours en tant que Premier Ministre une photo avec le soldat symbole du fossé qui se creuse entre le public israélien et ses gouvernants, en forme de réconciliation rassurante.

Nadav pilonne mes théories : personne ne comprend ce qui se passe, c’est d’ailleurs ce que disent tous les journalistes… le mystère Shalit persiste de tous les côtés… Hamas inclus. Quelles sont les demandes ? Quelle est la ligne israélienne ? Quelle est la liste de prisonniers demandée par le Hamas ? Un journaliste écrit que justement, Nethanyahu ne veut pas toucher l’affaire Shalit de près ou de loin puisqu’il sera impossible de ne pas essuyer des critiques de l’opinion publique quand il s’agira de libérer des prisonniers requis par le Hamas.

Ah, oui, pour ceux qui n’auraient pas suivi : tout semble indiquer que Bibi est le Premier Ministre. C’est le président Peres qui doit l’annoncer dans les jours qui viennent, mais tout semble indiquer que le coude à coude Kadima Likud penche en faveur de Nethanyahu…

Ah, les cons. On les avait prévenus : tous les votes de la peur « contre Liberman et Nethanyahu » qui sont allés à Livni et à son mollasson de parti centriste Kadima sont en fait allés renflouer (la métaphore bling est voulue) les caisses de la droite dure proposée par Lieberman, courtisée par Bibi… et légitimée par Kadima. La maligne Livni insiste que son parti sera à la tête du pays (argument : on a un siège en plus à la Knesset même si on n’arrive pas à former un gouvernement) ou boudera le gouvernement en restant à l’opposition. Maligne ? Ben oui… Maintenant qu’il s’agit de former THE gouvernement de rêve (celui des promesses électorales clinquantes et tape-à-l’oeil), le gouvernement à droite toute, le gouvernement sans compromis, le gouvernement qui sait parler Arabe, qui ne faiblira pas contre le Hamas, qui bombardera l’Iran jusqu’à l’âge de pierre… tout d’un coup Bibi se sent un peu pas tout à fait au point… et lorgne sérieusement du côté du centre pour essayer de gouverner avec un peu plus de retenue. C’est qu’il n’aime pas décevoir… et que ça va être chaud pour expliquer à Obama son programme de campagne, Lieberman le raciste, un disciple de Kahana (Ben Ari du parti de l’Union Nationale…) et au cœur même de son parti plus d’un trublion extrémiste (à commencé par Beny Begin, fils de) Nadav était enthousiaste : allez ! qu’il nous montre de quoi il est capable… qu’il se vautre dans les mauvais sondages, qu’il se souvienne ce que c’est que les mesures impopulaires, que tous ses ardents défenseurs soient témoins de la coquille vide Nethanyahu, incapable de mener sa barque… « ils » voulaient un gouvernement extrême, laissons-les voir ce que ça donne en pratique, qu’on arrête de nous faire croire que ça pourrait être mieux si on avait un gouvernement avec des couilles (ce n’est pas de moi).

Je crains la politique du pire, je dis mes réserves… et après, je me ravise : en effet, allons-y ! Voyons ce que c’est, un vrai gouvernement de droite puisque de toute façon les garde-fous centristes et ceux qui devraient être la gauche se font paillassons, se dissolvent, disparaissent à force de vouloir "gouverner", ne pas "rester dans une inutile opposition", "participer" à tout prix à tout et surtout à n'importe quoi... Bas les masques !

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