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Billet de blog 25 juillet 2014

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suite à Khuzaa

Je continue de relayer les informations sur Khuzaa.

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Je continue de relayer les informations sur Khuzaa.

Hier mon ami de la famille Najjar m'apprenait que les forces d'occupation israéliennes avait fait prisonnier des gens y compris des blessés (cf. http://english.wafa.ps/index.php?action=detail&id=26006). Aujourd'hui il m'informe que cette nuit une vingtaine de jeunes et personnes âgées ont été relâchés dans le village. A peine libérés ils se sont faits tirés dessus. Il y a 3 blessés. Ils ne peuvent pas partir de Khuzaa.

Il y a donc un appel à ce nous appelions la Croix Rouge Internationale à Genève (coordonnées ci dessous) pour leur demander de mettre la pression sur l'Etat d'Israël afin que les ambulances puissent aller récupérer les blessés. 

Si nous commençons à être habitués au refus systématique de l'Etat d'Israël de laisser les ambulances accéder aux blesséEs et à son habitude de leur tirer dessus, interpeller la Croix Rouge permet tout de même, comme nous l'avons remarqué hier, de la mettre face à l'impossibilité de remplir ses missions et à l'évidence du non respect des Conventions de Genève par Israël. Ce qui est important pour de futures procédures et plaidoyers.

Comité international de la Croix-Rouge, 19 Avenue de la paix CH 1202 Genève

Tel: +41 22 734 60 01    Fax: +41 22 733 20 57

Bureau à Jérusalem : 00972-25828845

Ces informations m'onr été transmise par un ami proche, qui m'a fait parvenir aussi ce texte, qui revient sur les derniers événements et donne un apperçu d'une situation terrifiante...

Massacre de la famille Najjar à Khuzaa[1] (Bande de Gaza

Jeudi 24 juillet 2014. 18h heure française. Mon ami[2] de la famille Najjar m’annonce avec certitude au téléphone au moins 6 morts dans sa famille dont 2 corps seulement ont été récupérés. Le temps de savoir combien en tout sont morts dans sa famille viendra plus tard, l’imagination laissant prévoir le pire quand il m’annonce qu’un des immeubles de sa famille où se sont réfugiées environ 170 personnes, a été bombardé. Pour tous les autres de Khuzaa il parle de dizaines de corps[3] sous les ruines des maisons du village. Il ajoute que maintenant appeler la Croix Rouge Internationale ce ne sera plus que pour pouvoir récupérer les corps sous les décombres et pouvoir les enterrer : à cette heure, des blesséEs il n’y en a plus…

J’ai connu mon ami de la famille Najjar à Khuzaa il y a plus de 10 ans alors qu’en tant qu’animateur socioculturel, je développais un projet éducatif dans la bande de Gaza, auquel il a pris pleinement part. Depuis nous n’avons pas perdu le contact.

La tragédie mortelle qui a frappé sa famille dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 juillet a commencé avec les bombardements israéliens qui résonnaient au loin de chez lui alors que l’actuel déchainement israélien de fer et de feu n’était pas encore officiellement commencé, mais que la population civile palestinienne tombait déjà. Encore.

Début de la peur de ses enfants, dont la plus petite a 7 ans.

Puis les bombardements se sont rapprochés pour faire des dégâts matériels qui, ne l’oublions pas souligne mon ami, ont leur part dans la stratégie de l’Etat d’Israël : après, cela veut dire vivre au quotidien dans une précarité matérielle et sanitaire.

Comme le souligne la logique du blocus. Faire mourir à petit feu après avoir fait bouillonner le chaudron.

Sous la pression, sa plus petite s’est mise à avoir de la fièvre et à vomir.

Avec le début officiel, dans la nuit du 7 au 8 juillet 2014, du déferlement militaire aérien israélien, les bombardements sont devenus plus intensifs et plus proches. Pour ensuite se faire avec du gaz[4] - ce qui semble nouveau (nouveau test d’armes dans ce laboratoire à ciel ouvert ?[5]) - et des bombes à fléchettes[6] – ce qui a déjà eu lieu - dans la nuit du 17 au 18 juillet. Après des heures d’attente, les ambulances ne pouvant approcher à cause des bombardements, mon ami et sa famille se retrouvèrent alors évacuéEs vers un hôpital pour être mis sous oxygène. Ses filles et sa femme devront y retourner plusieurs fois. Mon ami, les yeux et la gorge encore pris sous les effets des gaz, me montre par skype une des fléchettes meurtrières qu’il a récupérée. Le 18 juillet, il prend, comme une grande partie de la population de la bande de Gaza, la difficile décision de quitter sa maison face à la pression des annonces israéliennes qui maintenant leur intiment de partir jusqu’à nouvel ordre.

Maintenant sa fille n’arrive plus à avaler à cause de ses amygdales gonflées. Effet de le peur constaté chez plusieurs enfants, nous dit mon ami.

Jour après jour ils sont de plus en plus nombreux de sa famille là où ils se sont réfugiéEs, jusqu’à la nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet : toutes et tous la passent dehors, la crainte que les bombardements arrivent jusque là se faisant de plus en plus forte. Ils sont environ 70 dans cette peur et précarité.

Puis vient cette nuit. Celle du mercredi 23 au jeudi 24 juillet.

Je ne découvre son texto envoyé à 01h08 du matin, heure de Palestine, qu’en partant au travail :

«  On bombarde les maisons où les familles se sont réfugiées et rassemblées. Il y a risque de grand massacre chez la famille Najjar à Khuzaa. Si tu peux appeler des organisations internationales ou le bureau de la Croix Rouge. C’est un appel des gens encerclés dans la région. »

Vers 07h, heure française, nous l’appelons au téléphone. Il nous dit que les bulldozers israéliens sont en train de faire tomber les maisons sur les femmes.

Chaos. Peur. Confusions.

Commence alors une course contre la montre pour informer le plus grand nombre. NombreuxSES sont celles et ceux qui sont réactifsVES : la Croix Rouge à Genève et à New York fait savoir à une amie qu’elle reçoit beaucoup d’appel. Cette amie apprend ainsi qu’il peut aussi être intéressant d’interpeller le bureau de la Croix Rouge à Jérusalem[7]. Sans aucun doute les médias palestiniens participent pleinement à cette mobilisation puisque l’appel à solliciter la Croix Rouge est relayé dans un article d’al-Quds[8].

Les choses commenceront à s’éclaircir un peu avec l’échange téléphonique de 18h. Ni ambulances, ni personne n’a pu accéder à l’entièreté du village maintenant vidé de sa population qui l’a fuit par millier et plein de morts et de leur gardien en uniforme.

Pour cette nuit, mon ami et sa famille ne sont plus dans la rue. Mais toujours pas de retour chez eux à Khuzaa où sa maison vide a aussi été bombardée. Ils se sont réfugiéEs sous un autre toit. Mais la peur que la prochaine bombe leur tombe dessus est toujours là.


[1] Village du gouvernorat de Khan Younes, au Sud de la bande de Gaza, en bordure du no man’s land créé par les forces d’occupation israéliennes entre l’Est de la bande de Gaza et la Palestine de 48/Israël.

[2] A la demande de la personne, son prénom et le nom des lieux où sa famille est réfugiée ne sont pas donnés.

[3] Voir par exemple http://www.aljazeera.com/video/middleeast/2014/07/red-cross-recover-bodies-from-gaza-khuzaa-201472400147295.html ou toute autre source journalistique en faisant une recherche internet avec « Khuzaa » en mot clef

[4] En anglais : http://www.politicsweb.co.za/politicsweb/view/politicsweb/en/page71654?oid=651805&sn=Detail&pid=71616 - En arabe : http://maannews.net/arb/ViewDetails.aspx?ID=714126

[5] http://www.youtube.com/watch?v=vn08sgzLN9g

[6] http://observers.france24.com/fr/content/20140722-bombes-flechettes-retour-gaza-israel

[7] http://blogs.mediapart.fr/blog/naruna-kaplan-de-macedo/240714/la-famille-najjar

[8] http://en.alquds.com/en/stories/1450

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