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Billet de blog 26 janvier 2009

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Si Dieu existe...

… qu’il s’excuse et qu’il crève (air connu). Une enquête du journal Haaretz à partir de révélations provenant de l’association Breaking the Silence/Briser le Silence révèle que les rabbins de Tsahal ont fréquemment lors de l’opération sur Gaza, encouragé les soldats à la violence.

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… qu’il s’excuse et qu’il crève (air connu). Une enquête du journal Haaretz à partir de révélations provenant de l’association Breaking the Silence/Briser le Silence révèle que les rabbins de Tsahal ont fréquemment lors de l’opération sur Gaza, encouragé les soldats à la violence.

« Il y a une interdiction biblique d’abandonner un millimètre (de la terre d’Israël) aux goyim… nous ne la laisseront pas à une autre nation, pas un pouce, un ongle… » Ceci est extrait de Etudes Journalières de la Torah pour le soldat et le commandant de l’opération Plomb Durci publiée par le rabbinat de Tshahal.

Sur les comportement des soldats pendant la bataille :

« L’indulgence envers ses ennemis est en fait une cruauté envers les soldats honnêtes et purs, ce qui est terriblement immoral… il ne s’agit pas ici d’un jeu mais d’une guerre contre des assassins »

Pour ce qui est des motifs :

« Est-il possible de comparer les Palestiniens d’aujourd’hui au Phillistins du passé ? et si oui, est-il possible d’appliquer aujourd’hui les leçons des tactiques militaires de Samson et David ? »

(pour ceux qui ne savent pas, Samson a demandé à Dieu de venger « un seul de ses deux yeux » crevés par ses ennemis, et dans un ultime effort a brisé les colonnes du stade où il était prisonnier, tuant avec lui beaucoup de Phillistins… Avi Mograbi a fait à ce sujet un film magnifique.)

et la réponse :

« Une comparaison est possible parce que les Phillistins du passé avaient envahi une terre étrangère… Les Palestiniens disent qu’ils méritent un pays alors qu’il n’y avait jamais un état Palestinien ou Arabe sur dans les frontières de notre pays ».

Outre ces citations « officielles », il y a eu divers pamphlets de groupuscules religieux extrémistes trouvés à l’intérieur des bases militaires et qui en appelaient à l’application de la règle « tue celui qui vient te tuer ».

Une requête officielle de renvoi du rabbin Rontzi, rabbin en chef de Tsahal, a été déposée.

Pour ceux qui, comme moi, auront du mal à croire ce qu’ils lisent, le lien ci-joint les guidera vers un article de Haaretz (en anglais) duquel je n’ai fait que traduire quelques citations : http://www.haaretz.com/hasen/spages/1058758.html

Ce pays va mal mal mal.

Aux élections des lycéens c’est l’utra-extrême droite qui a gagné : Lieberman.

Le programme de son parti IsraelBaitenu (Israël notre maison) prône une expulsion des Arabes-Israéliens hors des frontières… son slogan de campagne c’est : Lieberman, le seul candidat qui sait parler Arabe.

Ce pays va mal mal mal.

Mais dire cela ne dit pas grand chose. Ou plutôt, ce n’est pas parce qu’Israël devient un pays de plus en plus insupportable que je vais lui tourner le dos. Il y a une maxime brésilienne : on peut tout pardonner à ses ennemis, mais à ses amis : rien ! Je me sens étrangement liée à cet endroit, je ne le laisserait pas me décevoir.

Les élections s’approchent et on intensifie la distribution de tracs. Il faut s’accrocher parce que une fois sur deux les passants qui recueillent les papiers rouges et verts qu’on leur tend nous les rendent, avec plus ou moins de rage.

Hadash ? Jamais !

J’avais treize ans (je m’en souviens très bien parce qu’on venait de me retirer mes bagues et je souriais tout le temps à tout le monde pour montrer mes nouvelles dents très droites), nous étions allés avec mes parents passer des vacances en Italie. Mon père s’était lancé dans une grande conversation avec le gardien de nuit de l’hôtel où l’on séjournait. Je baragouine un peu l’Italien, mais pas assez pour suivre la conversation. Je vois que mon père ne dit plus rien depuis un long moment, écoute d’un air tout à fait effaré l’homme en costume qui monologue avec ferveur et qui, d’un coup, lève le bras comme le Dr. Folamour et dit en passant, comme pour s’expliquer : sono fascista… et qui continue.

Pour moi le salut et le mot « fasciste » m’ont fait l’effet d’un électrochoc. Comment quelqu’un pouvait dire ça ? Je suis un fasciste ! Mais les fascistes c’est les méchants, il devait bien le savoir, le portier de nuit. On ne peut pas dire ça. On ne doit pas dire ça. Il faut l’arrêter, faire quelque chose. Et bien personne ne l’a arrêté, il a continué mais moi j’ai fondu en larmes devant la catastrophe. On m’a expliqué qu’il y avait toute une partie du monde qui ne pensait pas comme moi, ni comme mes parents. Et que pour cette partie du monde, les méchants c’était nous.

Je suis toujours aussi bêtement horrifiée quand je rencontre une quelconque opposition à ce qui me semble évident.

Quand, goguenard, un type me dit : j’aime pas les Arabes, moi… et me fait un clin d’œil comme si c’était une obscénité qu’on pouvait partager ensemble.

Quand une très jolie jeune femme en tailleur me dit : tu devrais avoir honte ! ta mère sait que t’es ici ?

Je perds tous mes moyens.

Un homme religieux a pris le temps de lire TOUTE la documentation que je lui avais donné. Ensuite, il est venu vers moi, m’a longuement regardé et m’a demandé : tu es ici depuis combien de temps ?

Sentant le truc venir, j’ai menti et j’ai dit trois ans.

Tu penses qu’en trois ans tu peux vraiment comprendre ce qui se passe ici ? il m’a demandé…

Il a hoché la tête.

Et le pire, le PIRE c’est qu’il n’a même pas attendu ma réponse, le vache.

Il est parti et je suis resté avec tout ce que je voulais lui dire en travers de la gorge.

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