Mon nouveau groupe préféré s’appelle Habilluim.
Ils se sont nommés d’après les premiers pionniers sionistes venus de Russie à la fin du 19siècle, qui s’habillaient comme les Arabes et prônaient la liberté sexuelle.
Traduction libre de Nifla Po, un de leurs nombreux hits, que les jeunes Israéliens hurlent en sautillant à chacun de leurs concerts :
« C’est chouette ici
Comme c’est chouette ici
Venez !
Tous les jours, le soleil se lève sur ce pays
C’est chouette ici, c’est chouette ici
Venez !
Les Arabes de Shmariau ne sont même plus fâchés
Les Arabes de Schmariau sont devenus des Russes !
A la Bourse ils paraît que tous sont enchantés
L’âne et le cheval de concert hennissent…
Venez !
C’est chouette ici, c’est chouette ici, comme c’est chouette
Venez !
Les otages du Liban sont encore en vie
La mer morte est remplie de poissons
Les femmes sont belles et tous les hommes amis
Venez !
C’est chouette ici, c’est chouette ici !
Venez, venez
Mais venez vite !
Oui, venez vite… »
Parmi les chansons prisées à leurs concerts il y a aussi : « Shaul Mofaz », le portrait satirique d’un ancien dirigeant de l’armée devenu ainsi une pop star des nuits de Tel-Aviv ; « Tourne le béton, Ahmed » qui passe en revue les heures mornes d’un ouvrier arabe ; ou encore un hymne aux défilé militaires et leurs grosses machines à tuer ; une ballade sur un couple d’ouvriers étrangers…
Pour les voir et les entendre :
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=138434280
Leur chanteur, Noam Inbar, a un autre groupe : Oy division, avec lequel il reprend les tubes des années en Diaspora, en Yiddish ou en Russe.
C’est très à la mode, le retour aux racines européennes.
Dans pas mal de cas, ce retour n’est pas très clair. Parce que forcément, parler de« racines » dans ce cas c’est mettre de côté les juifs de l’Afrique du Nord, sans parler des Juifs Ethiopiens ou Yéménites, ou Chinois…
En gros, un vrai juif serait un juif blanc, de culture européenne. Les autres n’ont qu’à suivre le mouvement.
Quelque chose que je n’imaginais pas, naïve que j’étais : forcément le racisme existe aussi au pays des juifs.
Toujours est-il que Oy division fait un tabac. Et les jeunes de Tel-Aviv dansent comme leurs arrière-grands-parents, sur des « oy » et des « mame », sur des violons grinçants et des accordéons. Et des jeunes de Tel-Aviv qui n’ont pas de grands-parents qui disaient « oy » dansent aussi.
Pour les voir et les entendre :
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=129985165
Le père de Noam Inbar, un sculpteur connu et reconnu en Israël était membre d’un groupe intellectuel anti-sioniste, les Cnaanim. Ils prônaient un retour au pays de Canaan, donc, mais de concert avec tous les anciens habitants de cette terre, sans distinction religieuse. L’idée politique finale était une sorte d’union des pays du Moyen-Orient, où les Hébreux (et non les Juifs) auraient un rôle à jouer.
Il y a des allers-retours constants entre les manières d’être Juif, d’être Israélien, d’être en Israël Palestine. D’une génération à l’autre, mais aussi à l’intérieur même d’une génération.