Une publicité parfaitement putride pour la compagnie de téléphonie mobile Cellcom a créé une polémique en Israël.
Dans la pub, on voit une voiture militaire longeant le mur de séparation puis pilant brusquement quand un ballon de foot tombe sur son capot. Les soldats en sortent, aux aguets.
Ce n'est qu'un ballon de foot... "renvoie-le", dit l'un des soldats. Le soldat donne un coup de pied magistral à la balle qui repasse de l'autre côté du mur. La patrouille s'apprête à repartir quand le ballon leur revient. Ils se regardent, sourient: allez, les gars, yallah! Une partie de "foot" s'organise d'un côté à l'autre du mur, avec de la musique pop en fond sonore, des jolies filles qui viennent applaudire les magnifiques soldats musclés, souriants et bronzés qui renvoient la balle par dessus le mur et s'amusent comme des petits fous... on a sérieusement l'impression qu'ils "gagnent la partie", ils lèvent les bras en l'air avec fierté, ont l'air drôlement contents d'eux-même. On se demande bien pourquoi. De l'autre côté du mur... RIEN. On ne voit personne, et quand la caméra s'éloigne pour un plan d'ensemble qui révèle les lacets bétonnés du mur de séparation, l'autre côté de la "frontière" est totalement désertique.
Le slogan arrive en fin: au fond, qu'est ce que tout le monde veut ? s'éclater un peu, c'est tout! avec le nouveau portait cellcom multi-média, de la musique, internet et des films... viens! ce sera super chouette...
Lors des manifestations hebdomadaires à Bill'in, des Palestiniens ont essayé de suivre les instructions de la compagnie de téléphonie, histoire voir si la tactique marchait et si "pour de vrai", ce serait vraiment super chouette... Ils ont lancé un ballon de foot en direction des soldats de l'autre côté de la barrière de séparation. Non seulement les soldats ont confisqué leur ballon mais en plus, ils ont reçu des grenades lacrymo sur la gueule, comme en témoigne la deuxième partie de la vidéo.
Mon ami Sebastien est allé chez Cellcom pour résillier son abonnement à la suite de la diffusion de cette publicité.
L'ironie de ce pays étant sans bornes, la jeune femme qui s'est occupé de son dossier était une jeune Arabe-Israélienne.
Elle s'inquiète que Cellcom perde un client: si je peux me permettre, pourquoi voulez-vous nous quitter? le service ne vous satisfait pas? vos factures sont trop élevées?
Il lui explique. Elle s'excuse et va se conseiller auprès de son supérieur hiérarchique. Elle revient quelques instants plus tard, sourcils froncés: mais, enfin, monsieur! cette publicité prône justement l'amitié et la fraternité !
Sébastien a réussit à résilier son abonnement, pas à convaincre la jeune femme du bien fondé de sa démarche.
Sébastien lui trouve des justifications: qu'est ce qu'elle peut faire, elle? même si elle est d'accord avec moi elle doit avoir très peur de perdre son travail.
La seconde après avoir dit ça, Sébastien se demande s'il n'aurait pas dû renoncer à résillier son abonnement avec elle... et si elle perdait son travail à cause de moi, salaud d'Israélien qui vient me racheter une bonne conscience sur son dos ? En même temps, il se rassure: elle avait vraiment l'air convaincue que cette publicité hideuse était un ode à l'entente entre les peuples.
Sebastien fait une grimace: laquelle des deux hypothèses serait la pire?