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Enseignant, syndicaliste FSU, professeur de l’enseignement professionnel (PLP).

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Billet de blog 11 novembre 2021

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La marginalisation de l’ Enseignement professionnel sous statut scolaire

Le projet de carte des formations des établissements de l’enseignement professionnel de l’académie de Bordeaux pour l’année 2022 est extrêmement révélateur de la politique éducative menée dans notre pays. Christian Sauce et Nasr Lakhsassi

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Plus que de longs discours, le projet de carte des formations des établissements de l’enseignement professionnel de l’académie de Bordeaux pour l’année 2022 est extrêmement révélateur de la politique éducative menée dans notre pays. Présenté au Comité Technique Académique du 13 octobre 2021, il comporte 12 ouvertures de sections, dont 10 dans les métiers des services, pour 9 fermetures, dont 3 dans le bâtiment et 5 dans le secteur industriel !!!

A l’heure où l’état mobilise 35 milliards d’€ dans l’industrie et 10 milliards pour soutenir l’activité du BTP dans le cadre du plan France Relance, force est de constater que l’état et la Région Aquitaine ne comptent absolument pas sur l’enseignement professionnel public sous statut scolaire pour relancer l’économie de la Région ! Dans une académie qui regroupe près d’une centaine de lycées professionnels et 5 établissements d’enseignement adapté (EREA), ces propositions insignifiantes sont un coup de poignard porté à ces établissements. C’est un abandon pur et simple au seul profit des formations patronales par l’apprentissage !

Excusez du peu : en 2020, au niveau cette fois-ci de la Nouvelle Aquitaine, la Région a subventionné 387 projets de soutien de l’offre de formations par apprentissage dont plus des trois quarts sont des CAP et des Bacs Professionnels, c’est-à-dire les formations types de nos LP et EREA ! Par ailleurs, 327 sites ont reçu un label « qualité » régional, créé en 2020, pour soutenir les CFA qui s’engagent dans des pratiques innovantes. Cet investissement très important est d’autant plus surprenant que l’apprentissage n’est plus une compétence…régionale ! Alors que les LP et EREA le sont !!!

Mais si la Région se détourne de plus en plus des établissements d’enseignement professionnel, l’état n’est pas en reste. Parmi les arguments de la Région et du Rectorat pour fermer le CAP serrurier au LP Léonard de Vinci de Blanquefort, il est écrit : « Ce CAP existe au CFA voisin. » ! Il est bien loin le temps ou rectorat et Région s’opposaient aux ouvertures de sections dans les CFA avoisinants, concurrentielles à celles des LP. Mais depuis 2018 et la loi Pénicaud « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », ce sont les branches professionnelles qui ont les clés du « marché » de la formation et l’enseignement professionnel se retrouve complètement marginalisé voire abandonné à son triste sort.

Cette situation est insupportable. Tout est fait pour détourner nos jeunes de l’enseignement professionnel d’autant plus que cette inflation de sections par apprentissage ne garantit en rien la qualité de la formation professionnelle délivrée, ni même de répondre aux besoins de l’économie régionale sur le moyen et long terme. Seule compte désormais l’employabilité immédiate ! Aux oubliettes la formation de l’Homme du travailleur et du citoyen pour des élèves avec l’enseignement professionnel sous statut scolaire. Notre pays a bien enclenché la marche arrière !

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