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Enseignant, syndicaliste FSU, professeur de l’enseignement professionnel (PLP).

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Billet de blog 25 mars 2022

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Apprentissage, insertion des jeunes et manipulation des chiffres !

Apprentissage et insertion des jeunes, le président-candidat affiche un bilan mirifique ! Bilan qui se limite pourtant à afficher un nombre croissant de contrats d’apprentissage en s’appuyant sur un dopage financier sans précédent. Christian Sauce et Nasr Lakhsassi

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L’élection présidentielle approche et la politique en faveur des riches n’amène pas le ruissellement escompté. Leurs profits ne cessent de croître et en bas de l’échelle personne n’en profite, bien au contraire. Mais cela n’empêche pas l’exécutif d’afficher un bilan mirifique de son action, en particulier dans le domaine de l’insertion et du chômage des jeunes.

Au conseil des ministres du 2 mars 2022, la ministre du travail a d’abord déclaré que le « plan 1jeune1solution » avait porté ses fruits grâce au développement « inédit de l’apprentissage ».  Puis le 17 mars, lors de la conférence de presse pour présenter son programme, le président-candidat Macron a affirmé que le taux de chômage des jeunes avait « atteint son plus bas niveau depuis quarante ans à 15,3 % » !

Pour une fois, les mises au point dans les médias ne se sont pas fait attendre. Pour TF1,« si les chiffres du chômage sont bons, ils s'accompagnent d'une plus grande précarité de l'emploi. Ainsi, en regardant les catégories A, B, C - qui concernent donc les demandeurs exerçant une activité réduite- il y a actuellement plus de personnes inscrites à Pôle emploi. Toutes catégories confondues, le pays a 5.368.200 chercheurs d'emploi. Fin 2013, ce chiffre était en deçà de 5 millions (4,9). »  Pour Le Monde du 18 mars, le président-candidat ne s’est pas appuyé sur « une moyenne annuelle du chômage des plus jeunes, mais sur une moyenne trimestrielle.» Ce qui a pour effet de comparer ce qui n’est pas comparable, en mélangeant calculs sur des années et calcul sur le premier trimestre 2022. Fin 2021, le taux de chômage des jeunes était à 15, 9 % et ce n’est donc qu’à la fin de l’année qu’on pourra faire un point beaucoup plus significatif.

Mais au-delà de cette manipulation politicienne, il est essentiel de signaler que la baisse du chômage des jeunes est en grande partie dû au dopage financier de l’apprentissage par l’état, c’est-à-dire les fameuses primes « exceptionnelles » de 5000 et 8000 € qui ne cessent d’être prolongées de 6 mois en 6 mois. D’ailleurs plus personne ne s’y trompe : « L’essor de l’apprentissage explique une grande part de la baisse du chômage en France… Étant donné le montant des primes à l’embauche, soit une quasi-gratuité la première année pour l’employeur, il est probable qu’elles soient allées de pair avec un fort effet de substitution ou d’aubaine, au détriment de CDI et de CDD classiques. » Les Échos (23/03) Rien que ça !

En un mot, Macron utilise l’argent de l’état pour arroser les employeurs privés en leur payant une main d’œuvre précaire et corvéable à merci ! Sans aucune contrepartie ! Juste pour arriver au mois d’avril ! Et après…

Pour conclure, écoutons le directeur de l’Observatoire Français de Conjoncture Économique (OFCE) : « Il faut être un peu prudent sur l’apprentissage. La vraie question, c’est de savoir ce qui va se passer quand ces jeunes vont sortir de l’apprentissage, parce que ce n’est pas un état permanent. S’ils sortent de l’apprentissage en trouvant plus facilement un emploi que les générations qui n’étaient pas passées par l’apprentissage, alors on aura un effet positif. Mais si l’apprentissage, imaginons le pire des cas, n’a aucun effet sur leur probabilité de trouver un emploi, alors on aura seulement sorti ces jeunes du marché du travail pendant un ou deux ans. On les aura mis dans une case particulière. » Tout est dit !

Christian Sauce et Nasr Lakhsassi        

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