Les secteurs d’activité d’importance vitale
Il existe douze secteurs d’activité d’importance vitale : alimentation, gestion de l’eau, santé, activités civiles de l’État, activités judiciaires, activités militaires, énergie, finances, transports, communications électroniques, audiovisuel et information, industrie, espace et recherche.
Une fois la liste faite, je peux me dire que toutes les personnes (nombreuses) que je vois aujourd’hui passer en voiture devant chez moi en font partie. Ou qu’elles ne peuvent pas pratiquer le télétravail. Néanmoins, j’ai aussi des connaissances qui ne répondent absolument pas à ces critères d’importance vitale ou d’impossibilité de dématérialisation de leur activité et qui sont toutefois sur le pont.
L’occasion de redéfinir la notion de travail ?
La société dans laquelle nous évoluons a chevillé au corps de la valeur travail (ici, il est question du travail au service du capital, de la surproduction, de la prédation des matières premières, de la compétition, du luxe) deux notions essentielles pour l’être humain : la sécurité et le sens.
La sécurité, réduite à la notion d’argent et tenue en état de stress permanent par le brasier de la dette. Sans ce travail, la promesse, c’est la précarité. Et c’est le cas dans ce système qui n’a aucune capacité réelle de solidarité et de soutien, qui est capable, en sous-discours à peine voilé, de transformer la pauvreté en péché laïc. Si nous persistons à croire collectivement à ce récit effroyable et réducteur issu de la langue de l’esclavagisme, la crise sanitaire que nous traversons va s’amplifier de façon tragique. Il est d’ailleurs à noter que pour continuer à nourrir ce récit, la principale partie du discours d’Emmanuel Macron a été économique…
Le sens, claquemuré dans des activités réduites au minimum, sans lien avec l’ensemble de l’activité du groupe et des secteurs d’activité qui sont également rarement mis en lien avec les autres. Un sens qui se réduit, année après année, comme peau de chagrin, pour parfois littéralement disparaître (les phénomènes de bore out sont à ce titre très explicites).
Ce virus pose très clairement la question : mon activité professionnelle est-elle réellement indispensable ? Qu’est-ce qui a vraiment du sens dans ma vie ? Plus nous nous agiterons à l’extérieur de nos maisons pour éviter d’avoir à y répondre, plus il deviendra pourtant crucial d’y apporter une réponse. Chaque heure passée à tenter d’éviter ce questionnement entraînera la mort de dizaines et de dizaines de personnes.
Retrouver de nouveaux champs de contribution
Le besoin de sens chez l’être humain est intimement lié à celui de la contribution. Quand je contribue à quelque chose et que cela a du sens, je suis pleinement en vie, active et en lien avec l’abondance de mon être. Je nourris mon estime de moi, je deviens plus forte, plus libre, plus créative. Et le sens et la contribution peuvent se nicher partout, absolument partout. Pas seulement (et si rarement) dans l’une des activités qui irriguent notre société actuelle. Dans un repas fait pour les êtres que l’on aime, dans les courses que l’on va faire pour une voisine âgée et seule, dans le temps passé à écouter, regarder, observer. Ce temps suspendu nous invite à remettre à zéro l’échelle du sens et à refaire un bilan personnel et intérieur de nos capacités à contribuer.
Et vous, est-ce que ce que vous faites est indispensable ?