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Billet de blog 14 août 2019

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Les solutions - Partie 2

On entend partout des contre-vérités ou des explications partielles. C'est pourquoi j'ai créé quelques fiches pratiques. Chacune traite d'un seul sujet et l'explique de façon très synthétique et claire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

RAPPEL : les fiches solutions ont pour but de donner des pistes pour mettre en place un projet de société alternatif au capitalisme. Les propos tenus ici étant à l'opposé des discours politiques et médiatiques ambiants, il est indispensable d'infléchir son mode de pensée pour pouvoir se les approprier. Je ne saurais trop recommander de ne lire ces fiches solutions qu'après avoir lu les fiches précédentes figurant sur ce blog, ou au minimum la Fiche pratique 17 : bilan non exhaustif .

OBJECTIF: il est important de rappeler que les solutions représentent un projet de société complet. Chaque solution seule ne suffit pas à résoudre le problème. Elles s'imbriquent, se complètent et sont par conséquent toutes indispensables.

SOLUTION 2 : vivre pour travailler et pas travailler pour vivre

Aujourd'hui il faut "gagner sa vie". Mais n'avons-nous pas déjà gagné notre vie en naissant ? De quel droit certains pourraient décider si on mérite de vivre ou pas ? C'est pourtant le pouvoir incroyable qu'on a laissé aux employeurs. 50 candidats pour un poste, un va pouvoir survivre et les 49 autres vont mourir s'ils ne trouvent pas un autre boulot. Est-il normal qu'un poignée d'êtres humains aient le pouvoir de vie et de mort sur l'écrasante majorité de leurs congénères ?

Avant de passer à la suite, je fais juste un petit crochet au sujet de la monnaie. Un petit crochet alors que ce sujet mériterait un vrai article mais ce n'est pas l'objet du présent billet. Je veux juste dire comment il faudrait considérer la monnaie pour qu'elle ne soit plus le déclencheur d'aliénations absolument terribles qu'elle est devenue aujourd'hui. Tout simplement, la monnaie doit redevenir un bien public, redevenir une vraie valeur d'échange et ne plus être une raison de spéculer. La création monétaire ne doit plus être dans les mains des banques privées mais doit être considérée comme un service public. Quant au salaire, il ne doit pas être le fruit de la force du travail vendue aux propriétaires lucratifs, mais il doit être une reconnaissance de production. En clair, on touche un salaire parce qu'on est reconnu comme étant producteur.

De ce fait, si on considère qu'il est nécessaire d'avoir une période d'apprentissage avant de pouvoir prétendre à produire, on devrait attribuer un salaire à chaque individu majeur, et cela à vie et sans conditions. A partir de 18 ans (ou 16 ou 20 c'est à débattre), chaque individu toucherait le salaire correspondant à son niveau de qualification, salaire qui lui serait versé à vie, sans condition, et sans possibilité de baisser. En revanche, ce salaire ne serait pas cumulable avec d'autres revenus. Cet aspect est absolument essentiel. Chacun devrait vivre avec son salaire et uniquement son salaire. Cela implique bien sûr que ce salaire devra être suffisant pour vivre dans de bonnes conditions. Nous reviendrons sur les prochaines fiches solutions sur le terme "niveau de qualification" car salaire à vie ne signifie pas forcément que chacun toucherait la même somme.

En clair, le salaire doit être une reconnaissance et pas une récompense. Ça n'a l'air de rien comme ça mais ce paradigme change tout.

Les conséquences d'un tel salaire seraient nombreuses. Déjà on éliminerait le chômage. On éliminerait aussi les liens de subordination avec des patrons tyranniques. Je travaille dans une entreprise, mon patron ne me convient pas, je peux démissionner et chercher ailleurs puisque de toute façon je toucherai mon salaire. Une autre conséquence serait l'émancipation générale : plus de femmes avec des salaires inférieurs aux hommes pour un même travail, plus de discrimination "raciale", plus besoin de s'abaisser à demander des aides lorsqu'on est handicapé ou victime d'un arrêt de travail temporaire. Il n'y aura aussi plus de nécessité pour certains de détruire la planète en déboisant, en fabriquant des pesticides, ou encore en fabriquant des objets à obsolescence programmée ou des objets complètement inutiles uniquement pour pouvoir toucher un salaire. Car aujourd'hui, ceux qui sont traités de salauds sont malheureusement contraints d'agir ainsi sinon ils sont sans aucune ressource.

Quant à l'oisiveté, qui est le contre-argument majeur du salaire à vie, voilà encore un sentiment négatif qui ne prend pas en compte ce qui est dit dans la fiche solution 1, à savoir que l'être humain a un besoin vital des faire des choses avec ses congénères et qu'il les fera d'autant mieux qu'il aura confiance tant en son avenir qu'en ses collègues.

Des conséquences il y en a d'autres. A vous de les trouver. Nous verrons sur la prochaine fiche qu'il est tout à fait possible de mettre en place un système qui permette de financer ce salaire à vie. Mais avant de terminer, je sais que beaucoup de lecteurs trouvent l'idée intéressante mais utopique. Je les renvoie à la fiche pratique 17 dont le lien est dans l'introduction. Je termine même par un extrait de cette fiche :

"Cela ne dépend que de quelques décisions politiques. Alors la plupart des gens disent que ce n'est pas possible, que c'est utopique. Le croyez-vous vraiment ?

Prenons l'exemple du CICE. Le CICE c'est 20 milliards que Hollande a d'abord trouvés puis ensuite distribués sans conditions aux entreprises. Macron arrive et il double cette somme. En 2019 ce sont 40 milliards qui s'envoleront vers les paradis fiscaux. Là, comme c'est étrange, l'utopie n'existe pas. Pourtant ces 40 milliards ils les ont bien trouvés. Mais si leur choix politique avait été de les distribuer non pas aux actionnaires (puisqu'il s'avère que finalement c'est à peu près ce qui est arrivé) mais qu'ils en avaient consacrés la moitié, disons... à la santé par exemple, le fameux trou de la sécu qui se monte à moins de 10 milliards serait largement résorbé et nos hôpitaux auraient de quoi nous soigner dans de bonnes conditions, tant pour les malades que pour le personnel. Oui si ces 40 milliards annuels étaient utilisés dans le sens de l'intérêt général, ils auraient commencé à changer le monde."

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