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Billet de blog 15 décembre 2018

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Enfumage lexical - Terme 1 : augmentation du pouvoir d'achat

On entend partout des contre-vérités ou des explications partielles. C'est pourquoi j'ai créé quelques fiches pratiques. Chacune traite d'un seul sujet et l'explique de façon très synthétique et claire.

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Augmenter le pouvoir d'achat en baissant les cotisations sociales (et les impôts) n'est pas une augmentation mais une régression. Voici pourquoi.

Avant tout, il faut savoir à quoi servent les cotisations sociales et les impôts. Ils permettent de mutualiser les moyens afin de rendre des services publics à l'ensemble de la population. Le même service pour tous à des tarifs bas ou gratuits ainsi que des prestations diverses (santé, éducation, électricité-gaz, transports, eau, retraite, chômage, allocations familiales, police, justice...). Tous les mois, sur nos bulletins de salaire, on constate qu'une partie de notre paye est consacrée à ces services-là. Par conséquent, les cotisations sociales sont aussi notre salaire. Elles sont la partie socialisée de notre salaire.

Normalement, quand le salaire net augmente, les cotisations sociales augmentent automatiquement puisqu'elles représentent une part de notre salaire. C'est simple à comprendre : si je gagne 1000 avec un taux de cotisation à 20% par exemple, le montant des cotisations se montera à 200. Si je gagne 2000, les 20%  de cotisation représenteront 400. Implacable logique mathématique.

Mais ce que font nos dirigeants depuis plusieurs décennies quand ils augmentent le salaire net, ils en profitent pour baisser la part des cotisations.

Pour reprendre notre exemple mathématique précédent, si je gagne 1000 avec un taux de cotisations à 20%, le montant des cotisations se monte à 200. Mais si je gagne 1200 et que le taux de cotisation passe à 10%, le montant alloué aux cotisations passe à 120. Autrement dit, la soi-disant augmentation de notre salaire net est en grande partie financée par notre salaire socialisé. En clair, on se finance nous-mêmes une pseudo-augmentation. Déjà on voit bien l'arnaque mais ça va encore plus loin.

La baisse des cotisations signifie que des services rendus jusqu'ici par la puissance publique le seront désormais par le privé. Or le privé coûtera toujours plus cher que le public à cause du profit qu'il doit dégager (voir sur ce blog la fiche pratique 2 : différences entre public et privé). Donc, si les cotisations baissent au même niveau que le net augmente, ce qu'il faudra dépenser par la suite pour compenser le passage du public au privé sera supérieur à cette augmentation.

Conclusion, si dans un premier temps on croit voir une augmentation du pouvoir d'achat, dans un second temps on constatera une diminution.

Enfin on constatera... le problème c'est justement que c'est tellement sournois que beaucoup ne s'en rendent pas compte ou du moins ne comprennent pas l'origine de leur baisse de pouvoir d'achat malgré la hausse de leur salaire net. Au lieu de demander des hausses de salaires (pour à la fois augmenter le pouvoir d'achat mais aussi le salaire socialisé), ils demandent une baisse des cotisations-impôts, faisant ainsi le jeu des riches qui n'en demandent pas tant. Le gouvernement va alors de nouveau diminuer les cotisations-impôts et la situation va encore et toujours s'aggraver.

Et pourtant la solution est tellement simple. Elle ne dépend que d'un choix politique. Ni plus ni moins.

En effet, au lieu de diminuer les cotisations pour augmenter le salaire net, il suffirait de prendre sur le capital et les profits (on pourrait commencer par récupérer les 40 milliards de CICE qui est sans aucun doute une des plus grosses arnaques de tous les temps).

La part des profits a progressé de 10% en 20 ans alors qu'on voit une baisse du niveau de vie pour 90% de la  population, ce qui est normal puisque le profit va directement dans la poche des propriétaires lucratifs avant de partir grâce à l'évasion fiscale vers les paradis fiscaux. Ce n’est donc pas une bonne solution. Mais en déplaçant ces profits vers la cotisation sociale, cette énorme masse d'argent profiterait à tous. Mais, pour le président des riches et toute l'oligarchie qui l'entoure, cette solution est impensable.

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