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Billet de blog 12 janv. 2022

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Présidentielle : les doutes du premier cercle d’Emmanuel Macron

En baisse dans les sondages, lâché par son soutien historique Alain Minc qui lui préfère désormais Valérie Pécresse, Emmanuel Macron doit désormais faire face aux doutes venus de son propre camp. Le Président presque-candidat pourra-t-il retarder son annonce d’entrée en campagne au risque de voir s’amenuiser ses chances de victoire ?

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En baisse dans les sondages, lâché par son soutien historique Alain Minc qui lui préfère désormais Valérie Pécresse, Emmanuel Macron doit désormais faire face aux doutes venus de son propre camp. Le Président presque-candidat pourra-t-il retarder son annonce d’entrée en campagne au risque de voir s’amenuiser ses chances de victoire ?

C’est un sondage choc qui devrait faire l’effet d’un coup de tonnerre dans les rangs de la majorité. Selon une nouvelle enquête menée par Elabe pour BFMTV, le Président sortant voit son score du premier tour fortement baisser et ses chances de victoire au second tour se réduire nettement. En dépit de l’omniprésence du chef de l’Etat dans les médias au cours des dernières semaines à l’occasion de son allocution de décembre, de ses vœux aux Françaises et de ses prises de parole répétées liées à la situation sanitaire et à la présidence française de l’Union européenne, la posture du Président presque-candidat ne fait plus recette dans l’opinion.

Des législatives perdues d’avance ?

Du côté de La République en Marche, les doutes se concentraient jusqu’ici sur la capacité du parti présidentiel à remporter les législatives. Alors que le parti dirigé par Stanislas Guerini n’a jamais réussi à se structurer et à se professionnaliser, devant même faire face à de multiples crises de management en interne, celui-ci n’a pas non plus brillé lors des multiples élections intermédiaires durant le quinquennat.

Dans le même temps, les rangs de la majorité à l’Assemblée nationale se sont lentement clairsemés depuis 2017. Avec plus d’une trentaine de départs sur 314 députés à l’origine, le groupe n’a pas seulement vu ses effectifs fondre de 10%, mais il a également perdu sa majorité absolue au Palais Bourbon. Durant 5 ans, le spectacle de députés amateurs n’ont pas arrangé l’image d’un Parlement réduit au rang de chambre d’enregistrement, incapable de gérer le pays y compris en période de crise. Le départ de certains d’entre eux dans le privé en cours de mandat a jeté une lumière crue sur la conception que nombre de ces primo-élus se font de leur fonction, et des chances qu’ils perçoivent dans leur réélection. C’est notamment le cas de Brune Poirson, qui a démissionné en avril 2021 de son mandat pour devenir directrice du développement durable du groupe Accor, mais également de Mickaël Nogal, député LREM de Haute-Garonne qui a déjà annoncé sa nomination comme directeur général du puissant lobby agroalimentaire l’ANIA – et ce alors que la législature en cours n’est pas encore finie.

« Avec Valérie Pécresse, la main ne tremblera pas » (Alain Minc)

Les doutes concernant la capacité d’Emmanuel Macron à exercer un deuxième mandat contaminent désormais jusqu’au premier cercle élyséen. Alain Minc, soutien historique du Président, à l’origine de son recrutement chez Rothschild, ne croit plus dans les chances du Président sortant de diriger le pays. Dans une interview au Point, l’économiste assène « ne pas croire une seconde qu’Emmanuel Macron puisse avoir une majorité législative avec son parti très gazeux ». Selon Alain Minc, le Président de la République, s’il était réélu, serait forcément contraint à une cohabitation qui l’empêcherait de réformer le pays. Une situation critique alors que la France, endettée à hauteur de 115% du PIB et aux prises avec un contexte géopolitique de plus en plus compétitif et instable, ne peut s’offrir le luxe de cinq années d’immobilisme pour conserver son rang dans le monde.

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Soutien historique d’Emmanuel Macron, Alain Minc ne croit plus dans ses chances de gagner les élections législatives et soutient Valérie Pécresse

C’est donc sur Valérie Pécresse, candidate des Républicains et rivale la plus crédible d’Emmanuel Macron (les sondages la donnent à égalité avec le Président sortant au second tour), qu’Alain Minc a choisi de reporter son vote. Un revers symbolique particulièrement douloureux pour le chef de l’Etat, qui subit par ailleurs de plein fouet le début de la campagne électorale.

Emmanuel Macron sera-t-il contraint d’accélérer son calendrier ?

Si le Président de la République a décidé jusqu’ici de jouer la montre en retardant le plus possible l’annonce de son entrée en campagne, celui-ci pourrait être contraint d’accélérer le tempo pour faire taire les critiques et les doutes qui se font jour dans son propre camp. En déplacement à Nice le 9 juin, Emmanuel Macron a enfilé pendant quelques heures son costume de candidat en multipliant les annonces sur la sécurité – un sujet sur lequel le Président sortant se trouve particulièrement mis en difficulté par ses rivaux à droite du fait d’un bilan peu reluisant.

Annoncer clairement sa volonté de se représenter constitue donc pour lui une étape de plus en plus pressante. Mais celle-ci sera-t-elle suffisante pour convaincre les Français de revoter à nouveau pour lui ? En septembre 2021, près de 60% d’entre eux ne souhaitaient pas que celui-ci se représente. Sur le front sanitaire, la situation apparaît de plus en plus dégradée, et obère les chances pour le Président sortant de se prévaloir d’une gestion de crise sanitaire réussie. Et pourrait même le desservir en cas de recrudescence de la pandémie, conduisant à la prise de nouvelles mesures impopulaires.

Une situation qu’avait d’ailleurs prévue le chef de l’Etat en annonçant à Brut en décembre 2020 que certaines décisions qu’il pourrait être amené à prendre dans les derniers mois « rendront impossible le fait d’être candidat ». A moins de cent jours du premier tour, cette dynamique délétère pourrait être fatale aux chances de réélection d’Emmanuel Macron.

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