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Billet de blog 9 juillet 2017

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Le macronisme tel qu'il se distille ...

La nouvelle présidence affiche ses muscles : communication, symboles, verbe et présence "maîtrisée". Certains s'émerveillent, j'aurais tendance à m' inquiéter.

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Curieux spécimen que ce Président. "Jupiter" , "maître des horloges" : l'heure est au contrôle après l' "amateurisme" hollandais.  A l'affichage de la maîtrise. La communication est verrouillée (même si le Canard arrive encore à remplir sa page 2), le Parlement aussi : on a placé les membres éminents de l'ost macronien aux places stratégiques. 

Je ne sais si les auteurs de "l'histoire mondiale de la France " ont l'intention d'en faire d'autres éditions et serais curieuse de voir quel évènement ils choisiraient pour 2017.

Pour l'heure, j'observe l'effet du storytelling qu'on nous assène depuis deux mois en direct dans le service où je travaille. Ceux qui n'avaient qu'invectives à propos de la loi El Khomri l'an dernier se sont singulièrement amollis. J'en cherche les raisons. La jeunesse et le verbe gourmé (même si parfois bien creux), peut-être ? Peut-être aussi  une sorte de narcissisme générationnel (ces collègues ont, pour la majorité d'entre eux, à peu près l'age de Jupiter junior).  C'est assez fascinant à observer : le verbe ne se discute plus, les nouvelles tables de la loi sont admirables.

Pour moi, j'ai l'impression d'être confrontée à la fois à un presque rien monté en mayonnaise (le discours de Versailles du 3 juillet dernier ) et à un presque tout que le candidat-avant-d'être-Président ne jugeait pas souhaitable, tout cela sur un fond d'indifférence citoyenne à peine ébranlée (pour l'instant) par le très ciblé activisme gouvernemental.

Le Code du travail, ce boulet. Les lois sociales, cette plaie.

"Il est  souhaitable qu’on évalue l’utilité des lois plus anciennes afin d’ouvrir la possibilité d’abroger des lois qui auraient par le passé été trop vite adoptées, mal construites ou dont l’existence aujourd’hui représenterait un frein à la bonne marche de la société française."`

Je ne sais pas où commence la notion de "passé" au sens macronien... Vise - t -il, par exemple, la loi Aubry-II du 19 janvier 2000 ? Mais celle-ci a été votée sans pécipitation et sans vote bloqué ( contrairement à certaine loi portant son nom) et tant de fois "amendée" qu'il ne reste plus grand chose de l'originale hormis, pour faire court, les 35 heures comme seuil de déclenchement des heures supplémentaires (une horreur) et les forfaits annuels, surtout en jours (une aubaine). On se perd en conjectures.

Pour ce qui est des lois récentes adoptées au pas de charge et qui n'ont pas eu le temps encore de produire quelque effet tangible, le constat est irréfutable, en revanche : on n'a pas été assez loin. Il est urgent de détricoter ce Code fait « (que) pour embêter 95 % des entreprises » (Muriel Pénicaud). A cette aune on comprendra que la protection des salariés  (ces "riens" ?) n'est plus un sujet.

Le cap fixé, le psittacisme révérend est de mise à tous les étages, y compris donc là où je travaille, c'est à dire une maison d'Edition juridique qui publie, entre autres, des périodiques et ouvrages en droit du travail.

Le gouvernement veut agir rapidement et par ordonnances, ce qui ne surprendra pas. Sachant que tant qu'elle n'a pas été ratifiée par une loi,  une ordonnance n'a qu'une valeur réglementaire et peut faire l'objet d'un vulgaire recours devant le juge administratif ( bien plus simple qu'un recours devant le Conseil constitutionnel ), on comprend la brièveté du délai prévu pour l'adopton de la loi de ratification de la "réforme du Code du travail".

Peu suspect d'indulgence, le Conseil d'Etat, dans son avis consultatif sur le projet de loi autorisant le Gouvernement à légiférer par ordonnances en matière sociale, lève quelques lièvres notamment celui-ci  : « Le Conseil d’État constate que ce projet de loi contient plusieurs habilitations visant, selon les cas, à confirmer, infirmer ou encadrer des jurisprudences récentes des juges judiciaire et administratif. Il appelle l'attention du gouvernement sur la circonstance que cette succession rapide de jurisprudences, de normes législatives elles-mêmes potentiellement suivies de nouvelles décisions de justice, qui correspond à une pratique de plus en plus fréquente, est un facteur d'inflation législative et d’instabilité du droit du travail auxquelles le projet a précisément pour ambition de remédier. » En d'autres termes, la réforme du Code du travail portée par le Gouvernement participe à ce qu’il dénonce  et affirme pourtant vouloir changer.

Dans tout ce flou béat il y aurait sans doute d'autres pépites à trouver.

"On a pas Marine, ni Méluche et c'est déjà ça" me dit celle-ci. "Pour moi je lui accorde le bénéfice du doute".

Singulière considération, quand on y songe de plus près....

Jusqu'à quand persistera-t-il ?

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