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Billet de blog 31 mars 2017

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Manu a Manu : une (brève) aventure electauromachique

C'est une pochade (pas très relevée sans doute mais je ne puis) parce qu'il n'y a pas de quoi rire et les temps sont trop dévoyés pour oser comparer cette période électorale avec une aimable compétition de vachettes.

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Selon Madame Wikipedia, « dans le monde de la tauromachie un mano a mano est une compétition entre deux toreros qui affrontent en alternance les six taureaux d’une corrida.

Les mano a mano permettent de mettre en concurrence directe les deux protagonistes, souvent des vedettes, afin de créer des conditions propices à l’émulation et au surpassement de soi dans un contexte de rivalité. Ils supposent l’opposition de deux manières de toréer. »

Le dernier quinquennat puis la campagne présidentielle viennent de nous offrir deux versions d’une sorte d’avatar : le Manu a Manu.  Pour la clarté de l’exposé on leur donnera les apodos (1) suivants : Manu I (pour Emmanuel Macron) et Manu II (pour Manuel Valls).

Un caractère  rapproche les deux hommes : tous deux doivent leur ascension à un troisième contraint (surtout par Manu II) de couper sa coleta (2). Pour le reste, tout diffère : l’un est suave quand l’autre est rogue.

Le Manu a Manu date de la presque plus haute antiquité de ce dernier quinquennat. Sous sa forme originelle, c’est à dire gouvernementale, le Manu a Manu était proche du mano a mano : une concurrence directe et acerbe, Manu I venant clairement concurrencer Manu II sur ses terres de trublion, Manu II faisant manger sa  montera (3) à Manu I dès qu’il en avait l’occasion.

Le premier quitta la cuadrilla présidentielle avant le second, lequel dès son départ s’engagea dans la féria des primaires présidentielles à gauche persuadé que la lumière rémanente de son habit d’ex-alguazil (4) lui éviterait d’avoir à véritablement combattre. Las, un jeune novillero, Benito I, qui l’avait déjà défié dans d’autres arènes, remporta le combat avec les deux oreilles.

Manu II, humillié, ayant enfin réalisé que Manu I avait entretemps passé son alternative de matador de dogmatismes haut la main grâce à un habile muletazo (5) nommé « ni-ni » s’est résolu, mettant fin à un suspense qui n’en était pas un, à jouer la présidentielle « alimón » (6).

Le but ? :

– avoir un accès privilégié à la loge présidentielle (les deux)

–  éparpiller la camarilla « socialiste » façon puzzle ( Manu II) ;

– asseoir durablement un groupe à leur main, si possible à l’écart de la zone sol y sombra (7) de l’enceinte des combats (Manu I dans l’immédiat, Manu II à plus ou moyen terme sur les décombres d’une certaine « gauche », pas mal à droite il faut bien le dire) ;

–  déboussoler définitivement le public des arènes, le contraindre à penser que la lidia  (8) est à un seul tercio avec la complicité « démédiasmainstremetdessondeurs », minimisant l’hypothèse que celui-ci soit plus avisado (9) qu’on croit .

Où l’on voit que le Manu a Manu nouvelle formule est plus ambitieux et pervers que son presque homophone même si pour l’heure il ne convainc pas, les gradins à quelques jours des clarines (10) restant assez diversement garnis.

Qui aura, en définitive, le plus d’aguante (11) ?

Ah ….ça.

Pour l’heure, Manu I  répète le tour de l’arène sous les regards énamourés d’afficionados de la marche, tandis que Manu II, qui n’a montré jusqu’ici qu’une certaine appétence pour la pose de banderilles sournoises, essaie, dans son sillage, de faire revenir un peu d’éclairage sur sa sombre mine.

Manu I a-t-il raison de s’accommoder d’un ralliement qui déclasse l’inventive (sic) et délicieusement floue (resic) macronellita  au rang d’une vulgaire chicuelina hollandesa qui ne leurre plus personne ? Quant à Benito I, qui sait s’il ne se réjouit pas des pitoyables défections de banderilleros défraîchis pour renouveler son équipe ?

On en saura peut-être plus après la lidia présidentielle du 7 mai, en attendant la féria des législatives.

Et le Chicuelo élyséen ?  La bronca qui accompagne sa fin de prestation ne lui laisse guère de solution de repli. Reconstituer autour de lui une nouvelle génération miuras (12) libéro (très)-sociaux(pour la touche de couleur) ? Pas sûr que ça lui dise ou qu’il en soit capable.

(1)  pseudonyme ou surnom d’un matador

(2) prendre sa retraite

(3) coiffe en astrakan du matador. La montera est ainsi nommée en hommage à Francisco Montes, dit « Paquiro», matador qui en a imposé l’usage

(4) policier de l’arène, chargé de faire appliquer le règlement taurin, sous l’autorité du président

(5) Mouvement de muleta sans définition précise.

(6) passe « al alimón », passe faite par deux matadors tenant le même capote, chacun à une extrémité

(7) Places qui sont au soleil au début de la corrida et qui, très rapidement, se trouvent à l’ombre.

(8) combat, ensemble de rencontres entre un taureau et les toreros. Elle se compose de trois tercios, c’est-à-dire trois actes.

(9) Avisado : Taureau qui cherche l’homme derrière le leurre. Apanage du taureau de caste, à qui rien n’échappe dans l’arène et qui cherche à déjouer tous les pièges. Toute faute ou erreur du matador éveille inévitablement son instinct défensif. Face à un tel taureau, le matador doit savoir terminer sa « faena » au moment opportun.

(10) Sonneries de clairons permettant de transmettre les ordres de la Présidence et de communiquer avec les toreros. Leurs interventions ponctuent le déroulement de la corrida (ouverture des portes du toril, changements de tercio, avis donnés par la Présidence à un matador qui a dépassé le temps qui lui est imparti).

(11) faculté de certains toreros d’attendre et de recevoir impassiblement la charge du taureau

(12) prestigieux taureaux de combat

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