Mais l’École porte-elle dans son fonctionnement, dans sa structure, un cadre propice à l’émancipation ? Illich n’y croit pas. Il propose sans détours, une utopie, une substitution de l’École par d’autres réseaux d’éducation notamment par les pairs, à égalité. Au delà même, il trouve que l’École entretien une fracture qui ne va pas de le sens de l’émancipation. La classe se constitue d’un sachant ou d’une sachante et d’apprenant.e.s. C’est dans son essence. On peut réfléchir à la place, à la posture des sachant.e.s, interroger et déconstruire leur rapport avec les apprenant.e.s. L’Éducation Nouvelle et ses nombreus.e.s pédagogues propose des pistes. Mais la structure est là et elle demeurera.
Où trouve-t-on, alors, d’autres cadres éducatifs qui ne serait pas reproducteurs de rapports inégalitaires entre les individus ? Pourquoi ne serait-ce pas dans l’Éducation Populaire ? Pourquoi refuse-t-on de voir en l’Éducation Populaire une piste, complémentaire de l’École, jouant un rôle dans l’émancipation des individus ? L’Éducation Populaire dans son histoire et dans sa démarche n’est-elle pas plus propice à une éducation émancipatrice ? N’est-ce pas aussi un terreau fertile pour l’Éducation Nouvelle où l’éducation par les pairs a déjà émergé ? N’est ce pas le berceau des syndicats et du renversement, de l’insurrection, de la révolution ?
Comment l’Éducation Nouvelle peut-elle se prétendre politique se borne à la classe ? Si elle néglige les nouveaux acteurs et actrices de la démocratie et de la citoyenneté ? Comment prétendre lutter pour l’avenir, contre l’entre soi et la marchandisation si elle ne s’adresse qu’aux « Jeunes » de l’École mais délaisse les autres « Jeunes » ? On parle à tors et à travers de jeunesse. Mais la jeunesse n’est pas une catégorie facile à définir et qui se cantonne uniquement à un publique qui va à l’École. De la même manière l’Éducation ne se cantonne pas à la jeunesse. Tout la pousse à s’extraire d’un cadre restreint et des carcans institutionnels.
Pourtant nombreux et nombreuses sont les membres des corps enseignants qui continuent de scrupuleusement réduire l’Éducation Nouvelle à cette seule réalité. Bien sûr, c’est la leur, mais l’Éducation Nouvelle ne nous pousse-t-elle pas à réinterroger nos pratiques et ouvrir nos horizons ? Peut être serait-il temps que les enseignant.e.s ouvrent leurs horizons, acceptent ce qui découle de l’institution scolaire et prennent soin d’être attentifs à ne pas empêcher l’émancipation plutôt qu’à prétendre en être le moteur.