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Billet de blog 1 juillet 2024

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Ecole et fascisme

Ancien enseignant je ne pouvais faire autrement que scruter le programme du RN concernant l'école : Consternant ! Dangereusement consternant !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En introduction du chapitre intitulé l'École on se heurte d'emblée à une constellation de lieux communs et souvent mensongers. Ainsi assistons nous, paraît-il, à une « entreprise de déconstruction » de l'école. Derrida doit se retourner dans sa tombe, Confusion évidente entre déconstruction et destruction comme l'indique la suite des litanies communes : le niveau baisse : évidemment ! J'entendais cette niaiserie quand j'étais élève, je l'ai entendue pendant quarante ans comme enseignant. Sans compter que Platon, par la bouche de Socrate le disait déjà en quatre cent et quelques avant JC et Hésiode en sept cent et quelques avant JC.

Et donc le « niveau » continue de baisser. De sorte que nous sommes conduits à nous demander comment il peut se faire, depuis le temps, qu'il existe encore dans ce pays des femmes et des hommes compétents, chaudronniers et avocats, maçons et chirurgiens, plombiers et physiciens... Comment se fait-il après plus de 2000 ans de baisse continue du niveau ?

Mais qu'est-ce donc cela que le niveau ? Ce n'est évidemment pas dans ce rachitique « programme » intitulé l'école que nous trouverons la réponse. Et la litanie de se dérouler inexorablement : transmission (quoi ? comment ?), performances, mérite (évidemment), ascenseur social, examens, discipline, sanctions pour tous, élèves perturbateurs et enseignants récalcitrants, uniforme... Et puis, au détour d'une phrase, le mensonge absolu, la référence au programme du Conseil National de la Résistance donc, en matière éducative, au Plan Langevin-Wallon qui n'est évidemment pas cité puisqu'en opposition totale avec le contenu de ce qui n'est même pas un programme mais l'expression d'une intention de mise au pas des enfants, des enseignants et des parents, de la société.

Mais il suffit. J'ai commencé la rédaction de ce billet avant le premier tour et ce matin la catastrophe est là, sur toutes les ondes, sur tous les sites et le cœur se serre car ce qui est là ce matin c'est le fascisme.

Le fascisme en effet. Trêve d'euphémismes. L'idéologie fasciste repose sur trois piliers essentiels : L'Autorité avec un grand A, absolue, définitive, comme valeur universelle, comme mode de vie et instrument de résolution de toute question sociale, autorité incarnée en la personne d'un chef suprême, incontestable, déifié .

Deuxième pilier : le national-patriotisme c'est-à-dire l'enfermement dans un espace limité par des frontières imperméables à l'intérieur desquelles se vit et s'exprime la fierté d'être ce que l'on est, en l'occurrence français, ce qui constitue l'absurdité ontologique constitutive du fascisme puisque nul n'a choisi de naître là plutôt qu'ailleurs, fait inaliénable qui condamne irréductiblement tout « orgueil patriotique ».

Enfin, troisième pilier : la désignation d'un bouc-émissaire, juif, communiste, anarchiste, gitan, homosexuel... Immigrés.

Peut-être alors convient-il ce matin de se remémorer le mot de Martin Niemöller (1892- 1984) :

«Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »

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