Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

316 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 février 2024

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Au Tolerme Sandaya plie bagage

Dans le Lot, entre Sousceyrac et Latronquière s'étale, indolent, le lac du Tolerme, superbe site qui ne pouvait que faire saliver Sandaya, monstre du camping de luxe dit "Hôtellerie de plein air". Mais voici que grâce à l'action déterminée de quelques "activistes" de "Tolerme Nature" le monstre ramasse ses billes et plie bagage, sans doute pour mieux aller voir ailleurs...

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'abandon du projet Sandaya au Tolerme a été annoncé par La Dépêche le 22 1 24 . Nous sommes soulagés et fiers : même si , contrairement à ce qui est dit officiellement , nous ne sommes pas les seuls responsables de l'abandon du projet (le coût des travaux, de l’assainissement, la rentabilité de l'affaire sont sûrement en cause) , nous avons contribué à éviter un véritable « gâchis » , un gâchis d'abord pour les usagers , un gâchis pour le site.

Le lac du Tolerme

Le lac du Tolerme se situe entre Sousceyrac et Latronquière, dans le nord-est du département du Lot. Ce lac artificiel créé en 1990 s'étend sur 38 ha, il est parfaitement intégré au paysage, fréquenté par les pêcheurs et les promeneurs en toute saison et très prisé l'été pour la baignade et le farniente en raison de la fraîcheur due à son altitude (550M). Un aménagement « léger » sur la rive nord : plage, jeux pour enfants, toboggan, barbecues... en fait un lieu de tourisme familial et populaire. La fréquentation de l'année 2021 avoisinait les 30000 personnes.

Illustration 1

Le projet Sandaya

Sandaya a été amené au Tolerme en 2019 par Mr Lallemand, alors président de Cauvaldor expansion, celui-là même qui voulait créer un pôle de la mode à Souillac.

Les dirigeants de Sandaya ont tout de suite été séduits par le site, voyant l'intérêt qu'il représentait pour leur société. Au dire de responsables politiques, ils arrivaient « en terrain conquis ». Dans un premier projet, ils ont proposé leur modèle standardisé de « Resort Nature », en y ajoutant des bungalows « les pieds dans l'eau » voire flottants …., occupant sans vergogne tout l'espace public de la rive nord, côté plage, sans tenir aucun compte de la législation en vigueur.

Le projet a ensuite été réduit : suppression des bungalows en rive de lac, mais installation sur 3,5 ha d'espace public au-dessus de la plage actuelle, d' aménagements aqualudiques ( piscines, espace spectacle, commerces...) et création d'un camping sur 16, 5 ha de terrains privés pour implanter 220 bungalows et 130 emplacements nus.

Le projet était plébiscité par les élus qui y voyaient un moyen de redynamiser le territoire par l'afflux de touristes et les retombées économiques espérées.

Malgré l'accord des élus et le vote favorable de la population consultée ( uniquement les électeurs inscrits dans les 12 communes du SYMLAT), le projet n'a jamais été déposé auprès du grand Figeac qui devait réglementairement le soumettre au vote du Conseil communautaire.

Après des mois de rumeurs, le 8 novembre 2023 le Président du Grand Figeac, a informé le Conseil Communautaire que Sandaya se repliait sur les seuls terrains privés et enfin le 22 1 24, nous avons été avertis de l'abandon du projet par La Dépêche qui sollicitait notre réaction, et publiait l'information dans la soirée.

Sandaya

L'entreprise a été créée en 2010, par 2 anciens collaborateurs de Pierre et Vacances et Center Parcs.

En 2021, Sandaya est l'un des leaders de l'Hôtellerie de Plein Air en France avec 33 terrains de campings, tous classés 4 et 5 étoiles, soit 13 400 emplacements en France, en Espagne et en Belgique.

Cette année-là, la valeur de l'entreprise Sandaya était estimée à 420 / 450 millions d'euros, au moment où la société d'investissement InfraVia Capital Partners (5 milliards d'euros d'actifs en gestion au total), était sur le point d'acquérir environ 55 % de son capital.

Illustration 2
Sandaya

L'action de Tolerme Nature

Au printemps 2020, nous avons eu connaissance des plans du premier projet déjà revu avec les élus. Nous avons d'abord effectué des démarches individuelles ( articles de presse, courriers aux élus, interventions sur le blog du Tolerme...) puis nous nous sommes constitués en collectif en juin 2021 et avons publié une lettre ouverte pour demander notamment la présentation publique du projet.

Pendant tout l'été 2021 nous avons informé les usagers du lac, et fait signer une pétition contre la privatisation des espaces publics qui avait déjà recueilli 1700 signatures à la fin de l'été. (2300 au total)

L'association Tolerme Nature créée en octobre 2021 a poursuivi son action (tracts, articles, courriers aux élus, rencontres avec les élus et l'administration, avec les multiples relances nécessaires pour avoir parfois quelques réponses, contre-campagne d'info en vue de la consultation publique de mars 2022 et participation aux réunions qui l'ont précédée, fêtes au Tolerme...) jusqu' à aujourd'hui.

Les motifs de notre opposition au projet 

Ce projet surdimensionné ( 330 emplacements = au minimum 1200 personnes ) dénaturait

le site, évinçait les usagers habituels de l'espace public, entraînait de multiples nuisances ( sonores, visuelles) mais en particulier des problèmes d’assainissement, de rejets vers l'aval.

La loi sur l'inconstructibilité des rives de lac de montagne n'était pas respectée. Son coût pour la collectivité (raccordements eau, électricité...) n'était jamais abordé, les prétendues retombées économiques étaient démenties par les élus de communes où était déjà implanté ce type d'aménagement,

La problématique de l'eau s'est ensuite rajoutée avec les canicules et sécheresses de 2022 et 2023.

En résumé, nous avons recherché et diffusé des d'informations, analysé les conséquences d'un tel projet, veillé à sa légalité, essayé de susciter des échanges et un débat citoyen.

Notre association a fait ce qu'auraient dû faire des élus et responsables soucieux de l'intérêt général.

TOLERME NATURE

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.