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« La morale en politique interdit que stratégie et convictions divergent, fût-ce pour des motifs d’opportunité transitoire. C’est ce que j’appelle la vérité. Pierre Mendès France”, a “twitté” Carole Delga selon la Dépêche du Midi.
Si son sens de la morale en politique lui coûta de ne pas faire long feu à la tête du gouvernement en 1954 (il ne tiendra que sept mois et demi) il convient tout de même de rappeler à madame Delga que Mendès quitta le Parti radical non pour rallier le PS (la SFIO à l’époque) mais le PSA qui deviendra très vite le PSU (pour ainsi dire un parti de gauchistes, un peu timorés il est vrai).
Puis de rappeler également que sa morale ne lui interdit pas d’être présent à Charléty le 27 mai 1968 au cœur d’une forêt de drapeaux rouge et noir jouant des coudes avec son ex-ministre de l’Intérieur François Mitterrand, celui justement qui est toujours adulé par le chef (je dis chef car c’est une évidence, hélas) de la FI que madame Delga abhorre. La morale en politique est agitée parfois de curieuses contorsions.
Mais qu’en est-il de la morale selon madame Delga? Il est toujours prudent de se mettre d’accord sur les mots avant d’en user. S'agissant de morale il vient immédiatement à l’esprit de convoquer ce fameux “Impératif catégorique” de Kant qui a beaucoup servi et qui, à mon avis, servira encore beaucoup. Il s’énonce ainsi :
“Agis de façon à traiter l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.”
La question alors est celle-ci : madame Delga traite-t-elle l’humanité, c’est-à-dire en l’occurrence les citoyens et citoyennes d’Occitanie comme fin ou comme moyen ?
Pour pouvoir répondre à cette question il convient de rappeler que madame la Présidente est fort préoccupée d’écologie et de... tourisme ! Ce qui ne peut qu’apparaître, pour le moins, antinomique.
Pourtant, elle n’hésitait pas à lancer, voici peu, la profession de foi suivante :
« L’objectif pour la région Occitanie est de faire partie du Top 10 des destinations touristiques européennes » qui suscita la réponse fort pertinente que l’on trouvera ici.
Sachant que le tourisme de masse est responsable de 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est énorme, qu’il est responsable du saccage des mers, des montagnes et des campagnes, qu’il est une nouvelle fois dénoncé dans le dernier rapport du GIEC en tant qu’il contribue grandement au changement climatique, sachant en outre que le taux de pauvreté (17,2% en 2018, chiffre INSEE) en Occitanie est l’un des plus élevés du pays, que le taux de chômage est de 9,5% au troisième trimestre 2021 (INSEE), on ne peut que réitérer la question kantienne :
Madame la Présidente traite-t-elle ses concitoyens comme fin ou comme moyen ? Concrètement, par exemple, quand elle laisse faire l'horrible projet Sandaya au Tolerme et quand elle défend l’autoroute dans le Tarn sous le fallacieux prétexte de “désenclavement”, ne semble-t-il pas qu’elle traite “'l’humanité” comme moyen et non comme fin ? Qu'en est-il alors de la morale ?
Madame la Présidente d’Occitanie rêverait-elle d’un “destin national” ?

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