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Il s'était engagé dans le "maquis" de "l'Armée Secrète" encore adolescent pour ainsi dire, parcourant le Sarladais, participant aux embuscades du côté du Cingle de Montfort, ce qu'il paya au prix fort puisque, à la suite de l'une de ces actions contre la division SS Das Reich, celle-ci, en représailles, incendia son village de Rouffillac, massacre dans lequel périt sa mère et qui annonçait ce que serait quelques jours plus tard le drame d'Oradour-sur-Glane.
Là, dans le Maquis il connut des républicains espagnols qui, me contait-il, furent les premiers à prendre les armes et qui nous instruisirent des techniques de la guérilla dont ils avaient l'expérience acquise au long des presque trois ans de leur guerre, "nuestra guerra", disaient-ils. Ils étaient persuadés que les vainqueurs franchiraient les Pyrénées et libéreraient l'Espagne du fascisme franquiste... Les salauds ! s'indignait-il.
Et puis il se fit cheminot et syndicaliste à la CGT mais il quitta le Parti en 1956 comme bien d'autres sans pour autant cesser d'espérer voir venir un monde meilleur, et il s'adonna passionnément, comme tout ce qu'il faisait, à l'art : bien des boutiques de Souillac étaient ornées de ses sculptures et il composa ainsi un petit musée à côté de sa forge.
Il ne cessa jamais d'écrire. De la poésie et des histoires du temps passé, pour mes petits-enfants disait-ils, jusqu'à ce que des copains lisant ces manucrits lui conseillèrent de les publier. Mais non, mais non, protestait-il, c'est pour mes petis-enfants, pour qu'ils sachent. Il se laissa convaincre enfin et publia un premier livre "Ma Dordogne passionnément" car il était amoureux de "sa" Dordogne dans les "cuves" de laquelle il plongeait pour ramener des "brassées" de poissons, il y en avait à l'époque, pas comme maintenant regrettait-il, et il allait les faire griller à la Foire de Caminel.
Son livre, à sa grande joie, fut couronné du prix de l'Académie des arts et des lettres du Languedoc. Ses vieux jours en furent illuminés à tel point qu'il publia plusieurs autres livres jusqu'à un recueil de recettes de cuisine car il était aussi expert en ce domaine, oh, pas de la cuisisne sophistiquée, qu'on ne sait pas ce qu'on mange, mais des mets simples et rustiques qui nous tenaient longtemps à table. A ce propos il racontait ceci: un repas chez "La Marcelle" à Mareuil. On en était à la vieille prune après le café et soudain l'un des convives regardant sa montre s'exclamait : Oh con va (comme on dit par "Chez nous entre Quercy et Périgord", titre de l'un de ses livres) , oh con va, c'est l'heure de l'apéro...
Salut Jacques !
Hasta siempre ! Comme disaient tes camarades du Maquis.