Souillac : Lettre ouverte aux investisseurs.

Mesdames, Messieurs,

Nous avons été informés par la presse (La Dépêche du 02/09/20) de la tenue d'une réunion consacrée au projet dit de la « Cité de la mode et des arts créatifs » (précédemment «  de la mode et du luxe »). A cette occasion, apprend-on, les « porteurs de projet » ont manifesté leur inquiétude liée « à la crise du covid et à la situation politique en général ».

Nous pouvons, nous, « Association de défense des habitants du quartier Viaduc, Aubugues, Timbergues », confirmer que cette inquiétude est parfaitement fondée, non seulement pour les raisons invoquées mais aussi parce que nous affirmons ici, une fois de plus, notre détermination à combattre ce projet que nous jugeons aberrant à tout point de vue.

Il ne s'agit pas ici du projet de « revitalisation » du « centre-bourg », dont les modalités demeurent cependant extrêmement floues, mais du projet commercial prévu pour être réalisé sur la terre que nous habitons.

De sorte que nous considérons de notre devoir de citoyens(nes) de réaffirmer à votre intention que nous refusons d'être expropriés, c'est-à-dire chassés de nos maisons pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le Bien Public mais tout à voir avec la rentabilité d'investissements privés.

Cependant notre opposition, loin d'être purement « égoïste », manifeste notre hostilité à un projet qui ne fait aucun cas de l'empreinte carbone qu'il produirait, de l'atteinte portée à la biodiversité et plus généralement de la qualité de l'environnement de notre lieu de vie.

Par ailleurs, alors que nous entrons dans une crise économique inédite, que le Président de la République et encore récemment le Premier ministre désapprouvent toute nouvelle artificialisation des sols et tout nouveau bétonnage, nous sommes fondés à penser qu'il y a mieux à faire que d'investir dans le futile, dans la mode et le luxe.

En outre il nous apparaît que l'argument de la création d'emplois volontiers mis en avant par les « porteurs de projet » est purement et simplement un gros mensonge et une tentative d'intoxication de la population. En effet, n'importe quel étudiant de première année en économie sait que le mode de développement actuel fondé sur l'offre et la concurrence débridées, implique, nécessite et produit un chômage structurel qu'aucun projet commercial n'est en mesure de limiter. Car, comme vous le savez, les emplois créés épisodiquement ici correspondent toujours à des emplois supprimés ailleurs d'où la stabilité des chiffres du chômage (autour de 9% en moyenne) depuis trente ans.

Telles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles nous nous opposons et nous opposerons à la réalisation de ce projet par tous les moyens mis à notre disposition par la Loi. De sorte que, vous pouvez en être certains, ce projet que vous nommez « shopping » (anglicisme extrêmement significatif en termes de futilité), ne se réalisera pas.

En revanche, et comme nous en avons assuré Monsieur le Président de CAUVALDOR, nous sommes prêts à participer à toute étude de projet alternatif, cohérent et durable et à formuler dans ce contexte des propositions constructives et respectueuses de notre environnement.

Meilleures salutations.

Pour L'Association :

N.R.