Il convient aujourd'hui plus que jamais de peser les mots, d'éviter tout euphémisme et, ainsi, dire que le milliardaire Stérin n'est pas simplement « le nouveau parrain de l'école privée réactionnaire » mais très exactement un militant fasciste et catholique intégriste.
De la même façon, il convient de qualifier le réseau « Saint-Joseph éducation » d'entreprise (dans tous les sens du terme) de production de l'idéologie catho-fasciste en matière d'éducation ou, plus exactement, d'inculcation (étymologiquement « tasser avec le talon »), d'endoctrinement d'enfants par des adultes au demeurant pilleurs sans vergogne de concepts incompatibles absolument avec leurs pratiques de catéchumènes.
Au voleur, donc, comme le proclamait Catherine Malabou en titre de son passionnant essai sur Anarchisme et Philosophie. Le chef de bande en l'occurrence est un olibrius du nom de François-Xavier Clément qui sans la moindre vergogne publie un livre intitulé « La voie de l'éducation intégrale » sans évoquer un seul instant celui qui fut, non seulement le créateur du concept d'éducation intégrale mais son théoricien et surtout son praticien : Paul Robin militant libertaire de la « Première Internationale » (AIT), libertaire parce que opposé aux côtés de Bakounine à la tendance autoritaire de Marx et Engels.
Paul Robin, grâce au soutien constant de Ferdinand Buisson, prend en charge, de 1880 à 1894, l'orphelinat Prévost de Cempuis où il mettra en pratique ses conceptions pédagogiques d'éducation intégrale qui saisissent l'enfant comme personne, comme être humain dans son intégralité ce qui se concrétise par un mode de vie dans l'école qui abolit les dichotomie « intellectuel/manuel » et « femme/homme » par la pratique de la « coéducation des sexes » et réalise la vie effective d'une mixité sociale libérée de tout dogme, en un mot libertaire. Cette attitude révolutionnaire ne pouvait qu'être combattue par tout ce que le pays comptait de réactionnaires depuis les « politiciens républicains corrompu » jusqu'à « l'église catholique rétrograde » comme les dénonça Octave Mirbeau. Paul Robin fut donc chassé de Cempuis en 1894.
Ce concept d'éducation intégrale influença d'une manière ou d'une autre tout le mouvement d'éducation nouvelle, de Ferrière (président de la Ligue internationale de l'Education nouvelle) à Freinet, de Piaget à Decroly qui conceptualisera, lui, le concept de globalité, d'appréhension globale de l'enfant. L'éducation nouvelle, on le sait, définissait l'école comme un lieu de vie dans lequel la pratique quotidienne d'une pédagogie active chassait le sempiternel et dévastateur« je parle, tu écoutes » au profit d'une vie foisonnante, organisée de manière à solliciter et révéler les capacités, les aptitudes, les dispositions enfouies de chacun(e), en un mot (trop galvaudé) les talents qui sommeillent en chaque enfant.
C'est dans tout cela que l'olibrius cité ci-dessus picore clandestinement au gré de ses besoins afin de promouvoir une instruction (et non une éducation) dogmatique, celle de l'agenouillement devant l'éternel pour atteindre à l'éternité avec la bénédiction de Saint-Joseph, (papa adoptif du Christ, comme l'on sait) et à rudes coups d' évangiles en guise de férule. Et il ose, le malandrin, prétendre préparer l'enfant à l'exercice de la liberté, il ose même parler de libre-arbitre et invoquer d'un même mouvement absurde le « Seigneur tout puissant » négation absolue de l'idée même de liberté.
Au voleur !