Ceci pour commencer :
Dans son ouvrage « Sapiens », Yuval Noah Harari, attribue la domination du monde par l’homo sapiens à la « révolution cognitive ». On peut parler du langage des animaux, et les diverses espèces d’hominidés avaient aussi des langages, mais ce qui fit la différence ce fut la possibilité de nommer des choses « qui n’existent » pas, et de créer ainsi des concepts tels que la religion, la nation, l’argent, etc… On peut donc dire que cette révolution cognitive est l’apparition du langage spécifiquement humain, tel qu’on le conçoit aujourd’hui.
Avec ce langage à quelle connaissance peut-on prétendre ? Kant nous dit que « Nous ne connaissons que notre mode de les (les objets) percevoir, mode qui nous est particulier, mais qui peut fort bien n’être pas nécessaire pour tous les êtres, bien qu’ils le soient pour tous les hommes ».
Aller au-delà de cette connaissance, j’ai supposé que c’était précisément ce qui constitue l’interdiction du Dieu de la Bible. Mais c’est peut-être aussi l’ambition des scientifiques, du moins de certains d’entre eux. C’est ce qui m’a inspiré le petit texte que voici :
Et puis :
La véritable histoire de l’humanité.
Le sixième jour Dieu créa l’Homme.
C’est ainsi que débute l’histoire de l’humanité.
Dieu créa l’homme à son image ; Il le créa donc cruel, sadique et pervers.
Car enfin il faut être bien pervers pour mettre Adam dans un jardin merveilleux, lui présenter une pomme bien rouge et lui dire « Elle est bien appétissante cette pomme, hein ! Eh bien tu n’as pas le droit de la manger ». Et pour faire bonne mesure l’arbre dont cette pomme est le fruit devient l’arbre de la connaissance. Et Dieu dit à l’homme « Je te donne la conscience, cinq sens, la pensée, l’entendement, la parole, mais attention tu n’as pas le droit de te servir de tout ça pour accéder à la connaissance. La connaissance c’est mon domaine privé. » C’est comme si un père offrait à son fils un jouet merveilleux et lui disait « Il est beau, hein, ce jouet ; et bien tu n’as pas le droit de t’en servir. »
Mais Dieu oublia de faire l’homme obéissant. Adam mangea la pomme, et les hommes prétendirent accéder à la connaissance interdite. Ils firent marcher leur imagination et inventèrent un peu n’importe quoi pour ce faire. Un des plus célèbres fut un certain Platon ; il prétendit que quelques hommes pouvaient échapper à l’obscurité de l’ignorance et accéder à la lumière de la vraie connaissance ; et même de la révéler aux autres humains.
Evidemment tout cela fit bien rigoler Dieu. De toute façon quand les hommes pensent cela fait rigoler Dieu, c’est bien connu. Cependant tous les hommes n’étaient pas désobéissants. Certains se réunissaient en des sortes de sectes pour adorer Dieu, et lui obéir à la lettre. Bien sûr d’une secte à l’autre ils n’étaient pas d’accord sur la manière dont il fallait procéder et cela leur donnait parfois l’occasion de s’étriper ; mais cela ne gênait absolument pas Dieu, et on peut même croire que ça ne lui déplaisait pas du tout. Sans doute que ça le distrayait un peu.
Un autre obéissant, un certain Kant, avertit les hommes qu’ils ne pouvaient pas tout connaitre. Leurs sens, leur entendement et leur langage ne pouvaient leur faire connaitre que la réalité qu’ils avaient eux-mêmes créé. La « chose en soi » comme il disait leur était inconnaissable. Mais qui se soucie de Kant ?
Accéder à la connaissance c’est en quelque sorte s’égaler à Dieu. Et de tout temps c’est ce que les hommes ont désiré. Ainsi les babyloniens eurent un l'idée voilà bien longtemps de construire une tour si haute qu’elle leur permettrait d’atteindre les cieux. Mais Dieu, les trouvant trop orgueilleux, les punit en leur faisant parler des langues différentes, si bien que les hommes ne se comprenaient plus et furent contraint d’abandonner leur entreprise.
Du moins pour un temps. Car un certain Galilée trouva le moyen d’échapper à la punition. Il se dit que puisque le problème était la multitude des langues des humains, alors il fallait utiliser la langue de Dieu lui-même .Par prudence, parce qu’à son époque les gardiens de la foi ne rigolaient pas quand on parlait de Dieu, il préféra dire la langue de la nature. Et puisque « la nature est un livre écrit en langage mathématique », comme il le dit, le langage qui s’imposait était le langage mathématique. Ainsi est née la science, qui utilise ce langage commun à tous les hommes pour appréhender notre réalité.
Et il faut bien dire que cette science a obtenu des résultats extraordinaires. Des résultats tels que les hommes, du moins une bonne partie d’entre eux, ont considéré que l’interdiction divine de la connaissance était caduque. Et qu’ils avaient enfin égalé Dieu.
Voilà une chose que Dieu ne pouvait admettre. Non pas que les hommes soient parvenu à cette connaissance tant désirée, ils en étaient encore bien loin ! Mais qu’ils puissent s’imaginer l’avoir atteinte. Alors il décida d’en finir avec eux. Il avait déjà ressenti une telle colère et Il avait décidé de les engloutir sous un déluge. Mais au dernier moment Il s’était ravisé et il avait demandé à un ivrogne du nom de Noé de construire un vaisseau pour sauver l’humanité. Comme Il manquait un peu d’imagination Il voulut une nouvelle fois les engloutir dans un nouveau déluge, mais les hommes avaient tellement détraqué le climat qu’on se trouvait en période de sècheresse. Qu’à cela ne tienne se dit-Il cette fois ils auront droit à « une pluie de fer de feu d'acier de sang » comme dit le poète. Et ce lui fut facile parce que les hommes, dans leur immense stupidité, avait déjà construit suffisamment d’armes pour inonder plusieurs fois leur terre.
Il se trouve qu’un certain Elon Musk , voulant copier Noé, avait entrepris de construire des vaisseaux pour quitter la terre et ainsi échapper à ce déluge. Mais évidemment ça ne pouvait pas marcher ; qu’un buveur d’alcool puisse échapper aux dangers de l’eau, soit. Mais on ne peut imaginer qu’un buveur de Coca puisse échapper à un déluge de feu.
Et Dieu déclencha cette pluie de fer de feu d’acier de sang et de radiations. Bien sûr Il avait l’habitude de voir des engins mortifères se déversant sur le monde; mais cette fois ce fut un embrasement général, la terre entière s’illumina ; ce fut comme le bouquet final d’un grand feu d’artifice. Il trouva cela fort distrayant ; c’est si long l’éternité !
C’est ainsi que se termine l’histoire de l’humanité.