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Billet de blog 21 mars 2024

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Le bistrot de Pablo Iglesias

Comme on ne le sait peut-être pas encore, Pablo Iglesias, "chef" de Podemos et ancien vice-président du gouvernement "progressiste", vient d'ouvrir un bistrot dans le quartier populaire de Lavapies à Madrid sous l'égide de Karl Kautsky qui aurait dit parait-il que "Les bars sont le dernier bastion de la classe ouvrière" : La taberna Garibaldi.

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Puesto de largo de la TABERNA GARIBALDI | WILLY VELETA © Canal Red Noticias

Après avoir été l'un des créateurs de Podemos et son chef (chef, en effet,) pendant des années, ce parti qui se donnait comme objectif de « asaltar  a los cielos » en construisant un débouché politique au 15-M (15 mai 2011) des « indignados » et après avoir investi un prestigieux quoique éphémère poste de vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias contraint (évidemment contraint) à la démission s'est recyclé dans le journalisme... pour commencer.

Il a d'abord créé « La Base » dans le cadre du site « Público » puis un canal de télévision « Canal Red » qui s'est donné  pour objectif de dénoncer sans relâche les grands médias « au service » des puissants et leur corruption endémique et qui, ma foi, semble bénéficier d'un succès assez considérable aussi bien en Espagne qu'en Amérique Latine.

Et voici que Iglesias vient d'ouvrir un bistrot, une « tasca » comme on dit à Madrid, dans le quartier populaire de Lavapies : La Taberna Garibaldi où l'on peut se gaver de tapas fort appétissantes telles que les enchiladas Viva Zapata ou le salmorejo partisano accompagnées par exemple d'un mojito Fidel, d'un Che daiquiri, d'un Gramsci negroni ou, œcuménisme oblige, d'un Durruti dry Martini lequel a provoqué l'ire et l'intervention de quelques militants anarchistes adorateurs semble-t-il du « militante destacado » que fut Buenaventura Durruti dont la fameuse  "Columna Durruti", qu'il organisa dès le 20 mai 1936, combattit sur le front d'Aragon et participa aux durs combats de la Cité Universitaire de Madrid où lui-même tomba le 20 novembre.

Illustration 2

Je dois avouer, à cet égard, que je ne pouvais imaginer qu'il existât encore des anarchistes adorateurs d'icônes, mais bon, passons et revenons à la Taberna, à Pablo Iglesias et à Podemos qui avaient suscité quelques naïves espérances en tant que possible débouché politique du 15-M. Las il s'avéra assez vite que le « verticalisme » organisationnel, le vedettariat, la personnalisation et le spectaculaire corrompirent l'assaut au ciel qui s'affaissa en une pâle social-démocratie comme le pronostiqua l'excellent Carlos Taibo professeur de sciences politiques à l'Université complutense de Madrid, affaissement auquel je consacrai de nombreux billets dans ce blog.

Quelque réserve que l'on puisse émettre sur l'activisme effréné de Iglesias il n'en demeure pas moins que les dénonciations quotidiennes de la corruption médiatique du monde par des médias eux-mêmes corrompus dans tous les sens du terme constituent un acte politique dont la portée s'avère quelque peu plus efficace que la pratique d'une vice-présidence nécessairement contrainte et compassée. Et puis elles et ils qui participent à l'aventure ont l'air de bien s'amuser ce qui n'est pas négligeable.

En tout cas peut-être y a-t-il dans cette aventure matière à réflexion pour tous les postulants (ceux de la dernière averse comme ceux des neiges d'antan) au pouvoir suprême depuis la hauteur duquel ils se font forts, eux, de « changer la vie », comme disait l'autre.

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