Nul n’ignore, sinon peut-être les plus jeunes d’entre nous, le nom d’Oradour-sur-Glane, ce village du Limousin détruit le 10 juin 1944 par la division SS Das Reich. Moins nombreux sont ceux qui ont connaissance du drame de Tulle, la veille, le 9 juin. Rares enfin sont ceux qui savent le nom de ce village, « entre Quercy et Périgord » : Rouffillac-de-Carlux.
C’est pourtant là que se déchaîna le 8 juin comme en introduction à un crescendo funèbre, la fureur des SS. Juste là, au carrefour de la route de Souillac à Sarlat, de celle qui monte à gauche vers Carlux et qui, à droite, conduit au-delà du pont sur la Dordogne, vers Saint-Julien.
Là se dresse la stèle commémorant le crime dont Jacques Laporte, dans son dernier livre, porte témoignage comme l’indique la quatrième de couverture :
« El crimen fue en Granada » (Le crime eut lieu à Grenade). Tel est le titre de l’un des plus célèbres poèmes d’Antonio Machado évoquant l’assassinat de Federico Garcia Lorca part le fascisme d’Espagne
Le crime eut lieu au bord de la Dordogne !, nous dit ici Jacques Laporte.
Et il nous raconte : les témoignages sont là, rudes et pathétiques qui nous jettent dans la fournaise du hameau incendié, qui nous criblent l’esprit comme fut criblé de balles nazies le corps de sa maman alors que lui, Jacques, résistant à pas dix-huit ans, était à son poste non loin de là entre Carsac et Montfort…
Nul, désormais, après avoir refermé ce livre, ne passera indifférent devant la modeste stèle qui à l’entrée du Pont de Saint-Julien signale que « Le crime eut lieu au bord de la Dordogne ».
Jacques Laporte aura bientôt quatre-vingt-dix ans et quelle vie ! : résistant, cheminot et syndicaliste, communiste en rupture de parti quand, en 1956, il ne peut plus accepter l’inacceptable, mais aussi artiste, ferronnier d’art, poète et écrivain…
On salive dans l’attente de son prochain livre qui nous racontera ce qui se mangeait (et se mange encore parfois si l’on cherche bien) sur les rives de la Dordogne et sur le causse quercynois.